Miss Bénin, miss campus, miss beauté estudiantine, miss beauté intellectuelle, miss Cotonou, miss hannan, miss ganzin, etc. Pas facile aujourd’hui de dresser une liste exhaustive des concours miss au Bénin. Peu importe ! Le plus important pour l’heure, c’est le contenu de ces compétitions ; leurs apports réels à la société. La plupart des organisateurs évoquent dans les objectifs, la valorisation de la femme béninoise. Cette valorisation qu’ils prônent tant ne prend malheureusement pas en compte les valeurs sociales, culturelles et morales. C’est la beauté physique qui est primée. Même-si certains responsables de ces concours semblent se pencher aussi du côté intellectuel, dans les appréciations notamment du jury, ce volet compte très peu. Pour preuve, il est fréquent de savoir, de sources proches des comités d’organisation de certaines de ces compétitions, que les candidates ont été même préparées d’avance sur les questions. Elles ont une idée des questionnaires et des réponses. Et là, est-ce le niveau intellectuel de la postulante qui est vraiment jugée, se demande-t-on. Peut être sa capacité à répéter devant un public, ce qu’on lui aurait appris dans un cadre plus restreint et à quelques jours de la finale.
Quant à la mission de valorisation de la culture béninoise qu’annonce certaines structures organisatrices de concours miss, le constat prouve que ceci ne sert qu’à allonger la liste des objectifs ; certainement une manière pour gagner le soutien des sponsors. Il est aisé de se rendre compte à l’occasion de certaines de ces compétions, que les finalistes sont pour la plupart des jeunes filles nées à Cotonou et qui y vivent à l’européenne. La question ici, c’est comment celle-ci peuvent réellement défendre les valeurs culturelles du Bénin après les avoir longtemps rejetées au profit de la mode européenne et américaine. On se limite juste à la parade en tenue locale et aux pas de danses -parfois mal esquissés le jour de la finale- pour juger de l’amour de la candidate pour la culture de son pays. La culture du Bénin, va bien sûr au-delà. A ce niveau, il faut toutefois, reconnaître le mérite de certaines élections miss comme miss hanan qui n’est accessible qu’à des femmes qui ont réellement une connaissance antérieure de leur culture, même s’il ne s’agit que de celle de leur région. A la finale, les candidates sont ici, soumises à des épreuves orales sur l’histoire d’une reine de la cité historique d’Abomey, aux panégyriques, aux chants et danses de la cité, etc.
Du côté social, c’est aussi la désolation à la fin de mandat de plusieurs miss. «Je n’ai pas pu mobiliser les ressources nécessaires à la réalisation de tous mes projets sociaux.» C’est là leur formule préférée dans le bilan de fin de mandat. Et pourtant, une lauréate d’une des plus anciens concours de miss reconnait : «oui, il faudra beaucoup de moyens, mais il faut aussi comprendre qu’il y a des projets que je peux réaliser sans grands moyens».
Une compétition pour le développement artistique, pour la promotion de l’excellence féminine en milieu scolaire, le développement de la capacité intellectuelle et culturelle chez les jeunes filles,… Autant de buts ! Mais tout ceci se révèle aujourd’hui comme des mots de passe dans un marché de dupes que constituent ces compétitions miss au Bénin. Les investissements dans ce marché sont, en majorité, de l’argent jeté par la fenêtre. C’est désormais un business pour des initiateurs.