(Une levée d’immunité diplomatique accordée aux Nippons) En fin de semaine dernière (29 et 30 septembre), la vie a été des moins ordinaires pour avoir été très mouvementée à Tokyo. Notamment, à la représentation diplomatique du Bénin au Japon. La police de ce pays y serait allée faire des fouilles pour prélever des indices supplémentaires à la manifestation de la vérité relative à l’affaire dénoncée, il y a peu, du trafic d’immigrants philippins clandestins.
De sources bien introduites, on apprend que les autorités japonaises gardent une dent pourrie contre des agents, au plus haut niveau de la hiérarchie de l’ambassade du Bénin à Tokyo. La raison évoquée serait que de sérieux soupçons de trafics frauduleux d’immigrants, notamment d’origine philippine, pèseraient sur des diplomates, dont le 1er Secrétaire de l’ambassade et, collaborateur immédiat de son excellence, le chef de la mission.
Qu’il vous souvienne que «La Nouvelle Tribune», votre quotidien, dans sa parution No 2120 du vendredi 3 juin 2011 révélait que: «… l’agent de liaison (ordinairement appelé chauffeur) de l’ambassadeur du Bénin au Japon est en détention. Pour les besoins de la suite des enquêtes diligentées à son encontre, le sieur Issa Aboubakar… est mis à l’ombre dans les geôles de Tokyo, la capitale du «Pays du soleil levant», parce que convaincu de trafic illégal de documents de séjour accordés à des Philippins». Nous précisions, par ailleurs, que les autorités japonaises saisies de l’affaire soutenaient «sans démordre que le chauffeur officiel de son excellence, l’ambassadeur du Bénin à Tokyo…, n’est que le pion d’un réseau de délinquants mis en place pour la cause malsaine…».
Depuis lors, et tenant pour irréfutables les premières conclusions de l’enquête sur les faits de l’espèce, la police japonaise a continué à mettre le rouleau compresseur sur les auteurs, présumés membres dudit réseau, et principalement sur le gouvernement du Bénin. Nos sources indiquent que «fort de l’excellente qualité des relations qui lient les peuples du Bénin à ceux du Japon, les autorités nipponnes ont exigé et réussi à obtenir, il y a environ trois semaines, la levée de l’immunité diplomatique dont était jusque-là couvert le 1er conseiller de l’ambassade», le sieur répondant aux initiales A.N.
L’information, largement vérifiée en son temps –et que La Nouvelle Tribune n’avait pas voulue publier- est confirmée à mots couverts, par des responsables à divers niveaux du ministère béninois des Affaires étrangères, à Cotonou. Un officiel autorisé est allé plus loin en estimant que les griefs portés contre son collègue sont «suffisamment graves pour être camouflés». Un autre cadre du ministère met le bémol: «les mis en cause sont des auteurs présumés et le gouvernement de notre pays est obligé de leur accorder le droit de se défendre pour se laver de tout soupçon». Il poursuit en faisant remarquer que «les autorités béninoises sont tout autant préoccupées de la préservation des relations qui existent entre les deux pays».
L’immunité diplomatique de A.N ainsi levée, le boulevard était désormais ouvert pour la partie japonaise de poursuivre la procédure engagée dès les premières heures de l’éclatement de l’affaire. Et la police a fini par passer à la vitesse supérieure: la perquisition des locaux de l’ambassade à Tokyo. Dans la foulée, un des ordinateurs du1er Secrétaire est emporté et l’homme lui-même reste désormais soumis à des interrogatoires presque au quotidien. A ce propos, le secrétaire général adjoint du ministère des Affaires étrangères, M. Euloge Hinvi, joint au téléphone hier, en fin d’après-midi, reconnait l’existence du dossier, en lui-même, mais précise n’avoir pas officiellement reçu, de la part du chef de la mission diplomatique béninoise au Japon, notification des derniers développements de l’affaire, notamment la fouille de fond en comble des locaux de l’ambassade.
Pour les Japonais, le vert serait toujours dans le fruit, bien que le chauffeur -par qui le scandale est arrivé- ait été relaxé, le 13 juillet 2011 et refoulé illico de leur sol vers le Bénin, son pays d’origine.
D’autres révélations, sur place là-bas à Tokyo, font état de la saisie par la police japonaise du permis de conduire de l’un des deux chauffeurs Philippins, entretemps recrutés, après le refoulement vers Cotonou de «l’indélicat chauffeur» béninois. L’ambassadeur du Bénin au Japon, quant à lui, actuellement à Tokyo, aurait été entretemps rappelé puis prié de faire ses valises afin de rejoindre le bercail.
Une des dernières mesures du conseil des ministres du gouvernement béninois a récemment décidé d’envoyer à la retraite effective des cadres du ministère des affaires étrangères qui ont atteint la limite d’âge, au regard des statuts des agents permanents de l’Etat. Au nombre de ceux-ci figure un certain ambassadeur du Bénin au… Japon. A Cotonou, on se réjouit de constater que le chef de l’Etat et son ministre des affaires étrangères n’ont pas voulu transiger qu’on ose les féliciter d’être allés, dans cette affaire de souillure, jusqu’au bout de leur refus de l’impunité
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