(Le livre paru sera lancé le 07 novembre prochain) Dans son tout nouvel ouvrage publié cette année aux éditions de l’Etincelle, le professeur Albert Gandonou revient sur l’histoire de son incarcération, huit mois durant, à la prison civile de Porto-Novo. «Lettre de prison : Chronique d’une détention politique sous le “Renouveau démocratique”». Le livre sera officiellement lancé le 07 novembre 2011. «[…] Et pourquoi avoir renoncé à ta situation en Côte d’Ivoire ? Moi je trouve cela insensé. Et tu es ici, à Kétoukpè, à risquer ta vie pour le Pcd ! L’autre jour, l’un de vous a été fusillé au marché d’Azovè…En tout cas, moi, je ne veux pas entendre que mon père a été jeté en prison ou qu’il a été abattu comme un chien. Pensez-y, … » Face à ces questions de la part de sa fille Finafa en 1991, quelques mois avant son arrestation, le professeur Albert Gandonou s’est abstenu de répondre. Mais après deux mois de détention, il décida de tout dire à sa fille. Et à travers elle, à toutes les victimes des effets de son choix au sein du Pcd. «Je me suis payé un cahier de trois cents (300) pages. Il faut que je t’écrive.»
Ce manuscrit qu’il a rédigé en prison constitue le fond de sa nouvelle publication aux éditions de l’Etincelle: «Lettre de prison : Chronique d’une détention politique sous le “Renouveau démocratique”». Sur les trois cents pages du livre, le communiste raconte en six chapitres, le récit de son arrestation jusqu’au procès. Deux autres parties de l’ouvrage sont respectivement consacrés à l’épilogue du combat et la victoire.
Au début de son ouvrage, l’auteur explique les raisons et les circonstances de son arrestation le 18 juillet 1991. Une arrestation qui est intervenue un an après un combat mené par le militant communiste au sein du Parti communiste du Dahomey (Pcd). Un an depuis qu’il a renoncé à sa situation de fonctionnaire en Côte d’Ivoire pour se consacrer à la défense d’un peuple à qui le pouvoir en place à l’époque n’a réservé que «l’oppression, l’escroquerie, les brimades». Au cœur dudit combat, la suppression de la taxe civique et l’instauration du contrôle populaire de la gestion des biens publics et rejet du programme d’ajustement structurel (Pas), entre autres.
L’auteur s’était révélé comme un messie pour ce peuple mais un ennemi pour les autorités locales. Et les menaces, même celles de mort, venant de la part de ces dernières ne l’ont point affaibli. «Je suis le pouvoir populaire face au pouvoir des escrocs….J’incarne à la fois le courage nécessaire pour les affronter et la vérité qui doit pulvériser tous les mensonges, supports de leur pouvoir abject. Ma simple présence témoigne que la cause à laquelle je me consacre si entièrement est grande et mérite qu’on lui sacrifie sa vie». (Page 29) C’est cette détermination qui lui a permis de conquérir en masse les populations de sa localité dans le département du plateau au Bénin.
Devant les échecs de leurs menaces, les autorités locales, à en croire l’auteur, ont dû formuler un complot contre sa personne. «Toute la commune de Daagbè est pratiquement tombée entre leurs mains (les communistes). Il faut faire quelque chose. … Nous sommes foutus si nous ne faisons rien». Propos du maire d’alors rapportés par l’auteur. Albert Gandonou sera finalement arrêté pour une prétendue réunion non autorisée et puis une plainte montée de toutes pièces contre sa personne. C’est ce qui l’amènera à la brigade d’Ifangni. Mais même à cette étape, le militant Pcd considère sa garde à vue comme une passion et un processus de renforcement de la base de son parti et qui, pour lui, conduira à une victoire. C’est tout en ignorant toutes les humiliations qu’il va subir d’abord dans les locaux de la brigade puis la prison de Porto-Novo. A toutes les étapes racontées dans le livre, le professeur a fait part de sa conviction à ne pas se décourager et tenir toujours la tête haute.
Une détention politique camouflée
Les autorités du pays ont réussi à le jeter en prison. Dans le chapitre consacré à sa vie carcérale, -une première fois-, le professeur a raconté comment se sont passés ses jours dans le lieu de détention avec les neufs autres militants arrêtés après lui. Ces derniers ont été atteints à l’occasion d’autres arrestations dont nocturnes qui ont semé la terreur dans tout le village. C’est avec la complicité de bandits de grand chemin connus du peuple, dénonce l’auteur. Ceci, pour empêcher les marches pacifiques des populations marginalisées. Aussi, dénonce-t-il entre autres, dans le livre, les refus à eux opposés en prison pour disposer de papiers indispensables à leur procès qui s’ouvrira le 23 août 1991. «Nous avions eu le sentiment amer, de ne plus avoir aucun droit du simple fait d’être en prison» (page 185).
La détention d’Albert Godonou et de ses amis était d’ordre politique sous un régime où cela ne devrait pas l’être. C’est justement à ce titre qu’au procès, on les a accusés de «Rébellion, complicité de violence et voies de fait, et de vol de vingt tickets de taxe civique» (selon la plainte montée contre eux). La question de la taxe civique et celle liée au contrôle populaire de la gestion des biens publics ne figuraient pas dans les chefs d‘accusation. Il s’agit en effet de causes politiques qui ne sauraient faire l’objet de détention sous le renouveau démocratique. De plus, le tribunal de Porto-Novo est une juridiction correctionnelle et ne traite que des délits de droit commun. Toutefois, Albert Godonou et ses pairs y ont été victimes d’une comparution politique. Après maints reports, ils seront finalement jugés et condamnés bien que le procès ait révélé que lles autorités locales sont fautives.
En attendant la victoire finale
Malgré ces peines, le professeur et ses pairs se sont réjouis de ce que leur combat a payé. «La lutte politique du Pcd et des conventionnels contre l’institution de la taxe civique s’est généralisée dans le pays et a débouché sur la suppression de cette taxe en janvier 1994» (page 298). «Les populations de notre pays venaient de conquérir le droit de circuler et de vaquer librement à leurs tâches de productions». Seulement, le professeur précise : «Jusqu’à ce jour, rien n’est fait pour réparer les tords et les préjudices qu’on nous a injustement causés. Mais, je l’ai dit, la lutte des classes continue et elle doit se poursuivre jusqu’à à la victoire finale»
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