Les secrétaires généraux des confédérations syndicales ont adressé au gouvernement un sévère réquisitoire au sujet de son projet visant la suppression du droit de grève. C’était le mercredi dernier à Cotonou à l’issue de la cérémonie d’ouverture de la Fésyntra-finances. «C’est avec les manifestations de protestation que le travailleur peut faire reculer l’envie de Boni Yayi de supprimer les manifestations syndicales», a martelé Paul Essè Iko, le mercredi dernier lors de la cérémonie d’ouverture du deuxième congrès ordinaire de la fédération des syndicats des travailleurs du ministère en charge des finances (Fésyntra-Finances). «C’est par la grève que nous allons repousser la rage du gouvernement à supprimer le droit de l’exercice de la grève. C’est par les sit-in que nous pourrons maintenir le droit de faire les sit-in», a poursuivi Paul Essè Iko. Il ajoute que les libertés syndicales sont des acquis démocratiquement conquis et qui font le pouvoir du travailleur à défendre son peuple face à l’autocratie. Abondant dans le même sens, le secrétaire général de la confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb) Pascal Todjinou estime que Yayi étant à son dernier mandat de cinq ans, devrait mener des actions de développement du pays qui tiennent dans la durée. Pourquoi, Yayi veut supprimer l’exercice du droit de grève? S’interroge Todjinou. Le droit de la grève est une donnée de la constitution. Mieux, poursuit-il la conférence des forces vives de la nation a accordé aux douaniers l’exercice du droit de grève. «Et Yayi sous prétexte qu’ils constituent un corps de paramilitaires leur en interdit », a indiqué Todjinou. La refondation, selon le premier responsable de la Cgtb vise à lutter contre les clauses issues de la conférence nationale. Tous les syndicalistes intervenant à l’ouverture du congrès de la syntra-finances mercredi dernier, ont invariablement dénoncé la volonté du Chef de l’Etat à déclencher une lutte contre les travailleurs. Pour les uns, on déduit que personne n’a vu Yayi dans ce pays lutter pour l’avènement de la démocratie. Il n’a jamais été un leader d’opinion et un combattant de la liberté non plus. A ce jour, il se retourne contre les lutteurs et ceux qui maintiennent le pays debout depuis les indépendances. Pour les autres, le Bénin n’est du nescafé et pour bien sucrer il faut bâillonner les douaniers et faire taire les syndicats des travailleurs. En effet, parlant de nescafé, les syndicalistes rappellent l’expression tenue par le Chef de l’Etat face aux douaniers retraités en leur faisant comprendre que la démocratie béninoise est si précieuse pour lui et qu’il ne faut pas que les douaniers, à travers leur grève qui ampute plusieurs milliards à la caisse nationale, cause une crise économique et sociale. Mais, les syndicalistes en font un autre entendement. Rappelons que le gouvernement après avoir demandé une trêve aux centrales syndicales en vain, a initié un projet de loi qui vise la suppression des mouvements syndicaux. Ce que les uns et les autres prennent pour des manœuvres politiques visant à déstabiliser l’option de république démocratique mise en place depuis la conférence nationale de 1990.