Au Bénin, Benoît XVI s’adressera à toute l’Afrique

Plusieurs considérations ont conduit Benoît XVI à choisir le Bénin pour remettre aux Églises d’Afrique, du 18 au 20 novembre, l’exhortation apostolique post-synodale de la deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des évêques, qui s’est tenue en octobre 2009 au Vatican. Le thème général de ce texte, intitulé « Africae Munus » (« L’engagement de l’Afrique »), portera sur la justice, la paix et la réconciliation.

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L’ex-Dahomey fut l’ancienne « Côte des esclaves ». De ses plages des millions d’Africains partirent pour satisfaire la soif de main-d’œuvre du Nouveau monde américain. Ces souffrances restent aujourd’hui symboliques des cicatrices portées par le continent noir, auxquelles l’Église tente de remédier.

Culture vaudou

Le pays est profondément marqué par la culture vaudou, qui anime un gros tiers de la population (8,7 millions d’habitants). Cette relation singulière à la nature et aux forces occultes reste un défi important pour la théologie catholique africaine. Un représentant du vaudou nigérian était présent, le 27 octobre dernier à Assise, et a pris la parole devant Benoît XVI.

Le Dahomey, puis le Bénin, a été qualifié de « Quartier latin de l’Afrique ». Dès l’arrivée des premiers missionnaires de la Société des Missions Africaines, il y a 150 ans, l’accent a été mis sur l’alphabétisation, la scolarisation et l’éducation. De là est née une classe intellectuelle, politiquement féconde pour le pays, et pour toute l’Afrique occidentale.

Une Église riche en vocations

L’Église catholique du Bénin a toujours été riche de vocations locales : plus de 1 000 prêtres béninois ont été ordonnés, le premier dès 1928. Les figures du cardinal Bernardin Gantin et de Mgr Isidore de Sousa ont durablement marqué l’histoire du pays. Le premier, ordonné évêque dès 1957, fut archevêque de Cotonou en 1960. Premier cardinal africain à la tête de dicastères de la Curie romaine (« Justice et Paix », puis la Congrégation pour les évêques de 1984 à 1998), il fut proche du cardinal Ratzinger. Le second, proche en France de l’Abbé Pierre, fut la cheville ouvrière de la Conférence nationale qui, en 1990, ouvrit la voie vers la démocratie, après les années de la dictature marxiste conduite par Matthieu Kérékou. Globalement, la contribution de l’Église du Bénin à l’élaboration du processus démocratique, qualifiée de « neutralité active » par Mgr Bertello, ancien nonce à Cotonou, mais aussi dans d’autres pays africains, a été décisive.

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Les démissions récentes, souhaitées par Rome pour raison disciplinaire, des archevêques de Cotonou et de Parakou ont été autant de blessures pour ce petit épiscopat (dix diocèses). Benoît XVI adressera probablement aux évêques béninois des paroles qui dépasseront largement le cadre local.

Ce seront donc trente-cinq présidents de conférences épiscopales nationales africaines et sept autres de conférences épiscopales continentales qui recevront dimanche 20 novembre des mains du pape à Cotonou l’exhortation apostolique « Africae Munus ». Environ 200 évêques de toute l’Afrique devraient être présents à cette messe. « Benoît XVI vient apporter un message d’encouragement et d’espérance, bien conscient des problèmes qui existent », a précisé le 14 novembre, le P. Federico Lombardi, directeur de la salle de presse du Saint-Siège.

Polémiques autour des moyens de lutte contre le sida

Un autre point fort de la visite pontificale aura lieu samedi matin 19 novembre, au palais présidentiel, où tous les pouvoirs constitués, les représentants des religions, y compris traditionnelles, rencontreront le pape. Benoît XVI devrait y prononcer un « discours très important », a précisé le P. Lombardi. Par ailleurs, le pape a tenu à s’adresser spécialement aux enfants, avenir de l’Église africaine. À la paroisse Sainte-Rita de Cotonou, il tiendra samedi un discours à leur intention, initiative peu courante dans ses voyages à l’étranger. Selon l’agence IMedia, plusieurs de ces enfants, assistés par les religieuses Missionnaires de la charité, sont essentiellement des jeunes abandonnés ou infectés par le virus du sida. Benoît XVI devrait mettre ainsi en avant le rôle de l’Église dans l’assistance aux malades après la polémique sur les moyens de lutter contre le sida qui avait marqué son voyage au Cameroun, en 2009.

Enfin, trois musiciens africains, le Congolais Papa Wemba, l’Angolais Bonga et le Guinéen Fifito, qui ont publié un CD pour illustrer en musique le message du synode africain, donneront un concert gratuit vendredi soir à Cotonou, au premier jour de la visite.

Ce deuxième voyage en Afrique de Benoît XVI, son 22e hors d’Italie, représentera enfin, à n’en pas douter, une épreuve physique pour cet homme de 84 ans. Plus d’un million de personnes sont attendues, dans une chaleur et une humidité extrêmes.

Une centaine de pèlerins venus de France, avec cinq évêques (Mgrs Aillet, Dufour, Jordan, Orchampt, Riocreux) et des prêtres béninois travaillant en France feront le voyage de Cotonou. Parmi eux, un groupe important de fidèles du diocèse d’Aix en Provence participera à la consécration de la cathédrale de Nattitingou, au nord du pays, le vendredi 11 Novembre.

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