Vols, arnaques, viols, brimades de paisibles citoyens, bagarres et scènes de rue, les frasques répétées des jeunes recrues dans l’armée commencent à inquiéter maints Béninois. Au lieu de garantir la sécurité des populations, les forces de l’ordre deviennent simplement des vecteurs d’insécurité. Depuis une dizaine d’années, l’armée fait partie des rares secteurs sinon le seul où les recrutements se passent tous les ans. La gendarmerie, l’armée et aussi certains corps paramilitaires comme la police et la douane sont aujourd’hui l’attraction de jeunes dont la majorité est à la quête d’un emploi plutôt que la défense de la patrie. Les jeunes recrues dans ces corps ces derniers mois ont fait montre de comportements déviants, inacceptables de gens qui prétendent défendre la patrie, sécuriser les biens et les personnes. Le dernier exemple nous est venu de Porto-Novo. Dimanche dernier au quartier Tokpota1 de la capitale, un jeune grièvement blessé est admis d’urgence au centre de santé de ce quartier. Mais alors que l’infirmière de garde s’attèle à lui donner de soins, deux jeunes militaires font irruption dans la salle, s’en prennent au patient qu’ils tentent de faire sortir du centre de santé. C’est alors que le chef du quartier venu sur les lieux donne l’ordre de fermer la porte, contraignant les deux militaires à laisser le jeune suivre des soins. Selon les investigations, l’un des deux jeunes militaires serait en conflit « de femmes » avec le jeune blessé. Son frère, témoin de l’agression raconte, que ses deux militaires l’ont proprement roué de coups, menacé au pistolet, blessé avant de l’abandonner. Il y a quelques jours, c’est encore deux autres jeunes militaires qui intimident un confrère qui naviguait au Palais des congrès avec son ordinateur portatif. Pour l’arnaquer, ils lui font croire qu’il est interdit de naviguer sur les lieux et tentent de lui prendre son Pc. Ils ont finalement réussi à lui prendre de l’argent afin de lui laisser son ordinateur. Se sentant escroqué, il a dénoncé le fait dans la presse, et selon les dernières informations, la hiérarchie militaire s’est servie de ce dossier pour punir les jeunes militaires fautifs. Il y a environ deux mois, derrière la place du bicentenaire à Sikècodji, une dizaine de militaires ont semé la terreur, chassant les riverains dans tous les sens. Ils sont venus en soutien à un des leurs qui a eu quelques minutes plus tôt une petite altercation avec un jeune du quartier. Pour le venger, ils sont venus dans le quartier, ont arrêté le jeune «fautif» et l’ont jeté dans un véhicule privé qu’ils ont amené pour la circonstance. Pour dissuader les autres jeunes du quartier à venir en soutien au leur qui est ainsi mis aux arrêts, ils ont intimidé tous les riverains et les passants. Mais alors que le temps passait, la mobilisation des jeunes devenait de plus en plus importante. Plus nombreux, les jeunes ont réussi à s’en prendre à ces militaires indélicats et ont pu libérer leur camarade enfermé dans le véhicule privé.
Abus sexuels…
La plus grave des dérives est venue des policiers il y a plusieurs mois déjà. Au cours d’une de leur rafle nocturne, ils ont arrêté une jeune fille togolaise, servante dans un bar, qui revenait de son lieu de travail. Celle-ci n’avait aucune pièce sur elle. Mais au lieu de la conduire dans un commissariat, ils ont choisi d’en faire leur esclave sexuel pour satisfaire leur libido. A tour de rôle près de 17 policiers l’ont violée avant de la laisser partir. Le lendemain au boulot, la fille marchait à peine. Informé, son patron décide de porter plainte. Selon les recoupements, les policiers auteurs de ce viol seraient sur le point d’être radiés. Tout récemment, d’autres soldats béninois ont été épinglés pour des viols qu’ils ont commis sur des mineurs alors qu’ils étaient en mission de paix en Côte d’Ivoire. L’affaire dénoncée par la presse internationale n’a jamais été élucidée. Ces quelques cas de déviance parmi tant d’autres cachés sous le boisseau, montrent bien qu’il y a un malaise profond dans les forces de l’ordre et qu’il faille revoir le processus de recrutement ou carrément la formation psychologique des nouvelles recrues. L’armée a besoin de redorer son blason terni par ces frasques de ces jeunes soldats. Qu’attend donc le Général Boni, le numéro un des forces armées béninoises pour nettoyer les écuries d’Augias? Attend-t-il le pire?
Qui recrute-t-on sous les drapeaux?
La réponse à cette question est simple à donner. Il suffit d’être un jeune béninois, âgé d’au moins 18 ans, de jouir d’une bonne santé physique et mentale. Pour entrer sous les drapeaux, il faut passer et réussir à un concours ou un test organisé par les divers corps de l’armée. Rien dans le processus de recrutement ne prend en compte la moralité des jeunes recrus. On y tient grand compte de la plastique des candidats, jamais on ne les analyse de l’intérieur. Aucun test psychologique n’est fait. Les aptitudes recherchées sont la capacité physique et peut être -dans certains cas- la capacité intellectuelle. Ainsi, sans trop y faire attention, l’armée enrôle dans ses rangs de jeunes de mauvaise éducation, de toxicomanes ou même d’anciens membres de gangs. L’armée semble devenir un refuge pour des jeunes qui veulent se mettre à l’abri du chômage ambiant en court dans le pays. Certains parmi eux ne s’en cachent même plus. On les entend souvent dire que c’est la seule possibilité qui s’offre à eux pour ne pas mourir de chômage.
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