Après quelques mois d’attente, l’université d’Abomey-Calavi a une nouvelle équipe rectorale. Et ce, depuis le scrutin de ce mercredi 14 décembre 2011 dont l’issue a été marquée par la victoire écrasante de la liste « Alafia » du professeur Brice Sinsin. Entre l’exploit de la liste « Alafia » et l’euphorie qu’a provoquée son élection, les chantiers qui attendent le recteur élu et ses deux vice-recteurs que sont Maxime Da Cruz et Souaïbou Farougou sont énormes.
Aussi bien sur les plans académique, de la recherche et de l’insertion professionnelle qu’au niveau de la gouvernance, les attentes de la communauté estudiantine et universitaires de l’Université d’Abomey-Calavi vis-à-vis de la nouvelle équipe rectorale sont nombreuses. Le premier gros chantier est le passage au système Licence-Master-Doctorat (Lmd).Après plusieurs année de balbutiements, l’Uac entre, ses autorités, de plain pied dans le Lmd à partir de la prochaine rentrée universitaire. Et cela nécessite la création d’un espace universitaire nouveau. Il s’agit d’une nouvelle manière de former et d’encadrer l’apprenant, la création de nouvelles offres de formation en adéquation avec le marché de l’emploi, la dotation de l’université d’infrastructures d’enseignement et de recherche adaptés aux réalités du 21ème siècle à fin de mettre l’Uac parmi les meilleurs universités africaines aussi bien sur le plan de la recherche que de la qualité des ressources formées. Cette question du passage du classique au Lmd est liée à celle de la gestion des flux d’étudiants. Construite pour accueillir 20 000 étudiants, l’Uac en regorge aujourd’hui autour de 80 000, selon des sources rectorales. Et pour la prochaine année universitaire, ce chiffre devrait avoisiner sinon dépasser les 100. 000. Il faudra donc prendre les mesures idoines pour gérer aussi bien les besoins académiques que les besoins sociaux de cette pléthore. Cela permettra à l’Uac de mettre sur le marché de l’emploi des ressources humaines compétitives. Au plan de la recherche, il faudra ériger des laboratoires modernes et équiper ceux qui existent déjà. Dans son programme de campagne, la liste « Alafia » entend faire de l’Uac « une boutique scientifique » au service du développement du Bénin. Cela devra passer par deux exigences. Primo, il faudra donner le gout de la recherche aux jeunes étudiants qui entrent en cycle doctoral. Secundo, revoir le portefeuille alloué à la recherche et mieux promouvoir les résultats desdites recherches, et créer des conditions favorables à la cohabitation entre la nouvelle et l’ancienne génération d’universitaires pour une transmission véritable des acquis et des expériences.
Sur le plan de la gouvernance, la communauté universitaire veut un recteur qui puisse assurer une gestion transparente et démocratique de la maison des érudits. Un recteur moins enclin à la politique et plus préoccupé par la résolution des problèmes de l’université. Un recteur à l’écoute de ses administrés et qui prône le consensus, respecte et fait respecter les franchises universitaires. Un recteur qui associe toutes les composantes de l’université à la conception, l’introduction et la gestion des reformes(…)
Ne pas décevoir les attentes…
Le score réalisé par l’équipe du professeur Brice Sinsin, s’il traduit la grande adhésion de la communauté universitaire au programme de la liste « Alafia », représente aussi une grande marque de confiance qui ne devrait pas être trahie. Cela l’attente de la communauté universitaire vis-à-vis du trio entrant. Et il faudra les combler. Le scénario rappelle l’élection de Barack Obama à la tête des Etats-Unis d’Amérique au soir du 04 novembre 2008 ou encore, celle de Boni Yayi comme président de la république béninoise au soir du 19 mars 2006. Cependant le cas échéant, le professeur Brice Sinsin n’aura ni d’état de grâce ni d’excuses pour non maitrise du terrain. Simplement parce qu’il est issue de l’équipe sortante. Il connaît bien et mieux le terrain et la nature des problèmes existants. Mieux, il dispose d’un atout. Contrairement à au cas du professeur Awanou, recteur sortant, où l’élection était uninominale, celle-ci est une élection de liste. On suppose donc qu’il aura un véritable travail d’équipe, une synergie des énergies d’autant plus qu’en cas d’échec, toute l’équipe est comptable. Mais ce que doit savoir Brice Sinsin, Maxime Da Cruz et Souaïbou Farougou est que parmi les 73, 41 % de voix qu’ils ont obtenu se trouvent plusieurs catégories d’électeurs. La première est constituée des personnes qui les ont soutenus avec conviction et prêtes à travailler avec eux pour relever les défis qui les attendent. La deuxième catégorie est celle des gens qui les ont soutenus pour espérer en retour une faveur particulière. Et la troisième et dernière catégorie est celle des gens qui les ont soutenues pour les empêcher ensuite de bien diriger et les voir souffrir.
Entre les ambitions de ces différents types d’électeurs, les réalités du terrain et les projets de l’équipe de Sinsin, les attentes de la communauté universitaire sont bien là. Et il faudra gérer le tout, avec succès, dans une durée de trois ans pour épargner à la communauté universitaire la désillusion qu’elle a connu avec la première expérience de la démocratisation.