Crise dans la filière coton : le gouvernement pêche en eau trouble

En militarisant, comme nous l’avions écrit dans nos précédentes éditions, l’usine Mci de Nikki le gouvernement joue un mauvais jeu dans une bataille entre deux opérateurs économiques. Il prend position pour un camp et met entre parenthèses ainsi, l’un des principes clés de l’économie libérale. Longtemps attendue, la confrontation qui devrait permettre à l’opinion publique béninoise de découvrir l’injustice que dénoncent les populations de Nikki dans l’affaire Mci a finalement eu lieu ce dimanche. Et ce face à face entre Gilles Laleyè Directeur général de Marlan’s cotton industries (Mci) et Moudjaïdou Soumanou, directeur général de la Société de développement de coton (Sodeco) a révélé au grand jour la position, tant déplorée par nombre d’observateurs de l’Etat dans cette crise.

La filière coton est libéralisée par l’Etat avec l’éclatement de la société nationale de promotion de l’agriculture (Sonapra) pour la naissance d’une société mixte (sémi-privée). Cela dit le secteur est ouvert aux privés instituant de facto la loi de la concurrence entre les différents opérateurs économiques qui investissent dans le secteur. Mais, à voir de près, tout se passe comme si le gouvernement a cédé à une seule structure privée le monopole qu’il détenait entre-temps. Sinon, comment comprendre. Qu’après sa libéralisation, la filière coton compte aujourd’hui 18 usines d’égrenage. Seize d’elles appartiennent à un seul opérateur, et les deux dernières à deux autres opérateurs bien connus de la place. L’une de ces deux dernières est non fonctionnele et la seconde installée à Nikki, est une propriété de la Malan’s Cotton Idustries(Mci) .

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On reproche à Mci de ne pas contribuer à la production du coton. Pourtant, c’est une usine d’égrenage à qui les textes ne donnent aucune injonction de participer à la production du coton. D’autant plus que l’interprofession de la filière, l’Aic se compose de la famille des producteurs, celle des importateurs d’intrants et celle des égreneurs. Et le rôle de chaque acteur transparaît déjà dans la dénomination de la famille. L’autre pan du problème, qu’il est nécessaire de souligner, comme tous les égreneurs, Mci contribue, à travers les fonctions, critiques au financement des semences. Pis, l’importation des intrants est assurée par le même opérateur qui détient la quasi-totalité des usines d’égrenage. Et comme si l’on voulait à la fois une chose et son contraire, en même temps qu’on reproche à Mci de ne pas soutenir en amont la production, on l’empêche d’implanter sa propre usine d’intrants. Cela devrait pourtant, apprend-on, contribuer à diminuer le coût de ces intrants soustraits du jeu de la mafia qui profite de la subvention de l’Etat pour maximiser ses bénéfices. Le gouvernement qui prône à cors et à cri le libéralisme devrait se cantonner dans son rôle d’arbitre et de facilitateur. N’est-ce pas ce rôle de facilitateur que le gouvernement Yayi a joué dans le règlement du contentieux entre l’Etat béninois et Mci en décembre dernier, ainsi que l’a annoncé le Dg Mci au cours du fameux débat de dimanche dernier ? La question qui vient à l’esprit est de savoir pourquoi alors avoir accepté de jouer ce rôle si c’est pour empêcher la société ainsi « re-née » de mener ses activités en toute liberté ?

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