Dieudonné Lokossou, S.G. de la Csa-Bénin et du Synsonacop : «Le danger ici est que si on se tait, ça crée un précédent grave...»

«J’ai reçu cette décision qui élimine définitivement de l’espace médiatique votre confrère « Le Béninois Libéré ». Je l’ai reçu comme un choc et j’ai cherché à écouter votre confrère qui est un ami malheureusement je n’ai pas pu le voir mais je crois que la sanction parait un peu dure. Je ne souhaite pas une tolérance excessive par rapport à certaines questions et dans le même ordre d’idées je ne souhaite pas aussi une sanction excessive. Je crois que la Haac est certainement dans son rôle mais je ne suis pas allé dans le fond. Moi c’est l’aspect liberté d’expression qui m’intéresse. Donc lorsque nous prenons un journal satirique comme «Le Canard Enchaîné», il a son lectorat. Ces journalistes font un peu de tout. Mais je n’ai pas encore entendu qu’en France, malgré leur excès, qu’ils ont écopé des sanctions jusqu’à leur interdiction définitive. C’est ce côté-là que je regrette même si la Haac était dans son droit, les responsables auraient du regarder dans la gamme des sanctions celle qui ne doit pas écarter définitivement de l’espace médiatique béninois cet organe qui a aussi son lectorat. Tout ce qu’il dit, c’est peut-être le style qui gène, mais est-ce que tout est faux. Je ne peux pas apprécier à sa juste valeur ce qui a motivé cette décision. Je souhaiterais qu’après la colère, les conseillers de la Haac reviennent sur leur décision et revoient la sanction à la baisse. Je souhaiterais aussi que les organisations de défense des intérêts des journalistes, l’Upmb…, se rapprochent de la Haac pour solliciter son indulgence.

Le danger ici est que si on se tait comme ça, ça crée un précédant grave. Donc les gens pourraient tenter de dire qu’il y a eu un tel cas et que rien n’a été fait. C’est la première fois d’ailleurs depuis l’avènement de la démocratie qu’une presse ait été aussi sévèrement sanctionnée. Donc ça porte vraiment un coup à la liberté et je ne voudrais pas qu’on ferme simplement les yeux là-dessus pour dire que c’est terminé. Dans ce pays, nous avons vu beaucoup de titres. Les journaux qui n’ont pas de lectorat paraissent. Il y a des journaux édités à cause du bon vouloir des politiques. Ces journaux ne sont pas lus mais paraissent et ne durent que le temps d’une rose. Maintenant, je crois que « Le Béninois Libéré » ne peut pas être classé parmi les journaux que nous voyons là et qui sont-là juste pour animer la galerie. Si c’était un journal soutenu par les hommes que je vois-là, il aurait disparu. Mais s’il tient la barre c’est qu’il y a des gens qui s’intéressent à son style y compris moi même. Les préjudices qui sont liés à cette décision font beaucoup plus de tord à son lectorat»

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