Filière des véhicules d’occasion : le Bénin sous surveillance américaine pour trafic de drogue avéré

Des membres de la non moins dynamique communauté libanaise du Bénin seraient ceux parmi qui le Bénin a acquis la sulfureuse réputation de plaque tournante du trafic de la drogue. La cinglante conclusion est celle d’un rapport d’enquête menée, pendant des années, par la Drug Enforcement Administration (DEA) et dont copie aurait été récemment tendue au chef de l’Etat Boni Yayi.

Selon nos sources -dont La Lettre du Continent N*626 du 05 janvier 2012- confirmées par des officiels de la présidence de la République à Cotonou, «l’ambiance n’était pas franchement festive, le 12 décembre, au palais de la Marina lors d’un entretien avec l’ambassadeur des États-Unis au Bénin, James Knight, auquel assistaient les ministres Marie-Elise Gbèdo (Justice) et Nassirou Bako-Arifari (affaires étrangères)… ». Et le confrère de révéler qu’à cette occasion, le président Boni Yayi s’est vu remettre une note du département d’Etat concernant un certain Ali Mohamed Kharroubi. Cette note comporterait des détails d’une série d’investigations effectuées par des structures de la DEA américaine sur les circuits du commerce international illicite de la «poudre et de l’herbe interdites». On apprend que suite à ces enquêtes, «une plainte civile déposée le 15 décembre aux États-Unis par le procureur de New York pourrait révéler la face sombre du marché de la voiture d’occasion en Afrique.

Des noms et entités nommément cités

Dans un document écrit par ses soins et posté sur Internet, il y a déjà un an, Jim Kouri qui s’est penché sur la question pendant longtemps en est arrivé à la même conclusion: le commerce des «belles américaines» en interface nourrirait le blanchiment de l’argent de la drogue qui finance des organisations telles que le Herzbollah libanais. D’après l’article de Jim Kouri citant les services du département américain du Trésor, Ayman Joumaa et son organisation ainsi que 9 individus et 19 entités opérant au Liban, en Afrique occidentale, le Panama et la Colombie, seraient impliqués dans des activités de blanchiment de la drogue. Le produit de leurs activités illicites –200 millions de dollar par mois, soit environ 9 milliards de FCFA- passerait par divers canaux, y compris celui de la contrebande d’espèces sonnantes et trébuchantes, les opérations des structures de change libanaises.

Reconnues comme telles, des personnes et organisations ont été interdites d’effectuer aux États-Unis des transactions financières ou commerciales et leurs avoirs sous juridiction américaine sont gelés. « Ayman Joumaa et son organisation ne peuvent plus se cacher derrière des sociétés-écrans avec leurs profits issus du trafic de la drogue », avait déclaré le patron DEA Michele M. Leonhart. Ce dernier ajoute que « Ce ne sont pas des entreprises légitimes mais plutôt des structures illégales qui alimentent le trafic de drogue ainsi que sa violence et sa corruption. Comme nous continuons à pister cet type d’argent, nous priverons à terme ces trafiquants de leurs avoirs et éventuellement réussirons à mettre hors d’état de nuire leurs réseaux foncièrement criminels. »

Jim Kouri qui s’appuie dans ses écrits sur les accusations de la Drug Enforcement Administration le démontre aussi et s’illustre en homme averti du milieu de la répression du grand banditisme et du crime organisé. Actuellement membre du conseil d’administration de l’Association nationale américaine des patrons de police et chroniqueur de plusieurs organes de presse s’intéressant au sujet, il cite nommément le Bénin comme faisant partie de ces «États voyous, plaques tournantes du trafic de la drogue en Afrique», où le crime international organisé passerait par le circuit officiel du trafic des voitures d’occasion. Cet ancien chef d’un projet de la New York City Housing couvrant la guerre de drogue dans les années 1980 a, en outre, servi comme directeur de la sécurité publique dans une université du New Jersey et directeur de la sécurité de plusieurs grandes organisations. Lui qui a également siégé au Groupe de travail national sur les drogues et formés des agents de police et de sécurité dans tout le pays, sait de quoi il parle quand il écrit qu’«un réseau libanais de trafic de drogue opère dans les nations sans lois» dont la nôtre.

Des millions de dollars transportés vers le Liban par des sociétés-écrans

Pour lui, la chute au Liban du gouvernement de coalition composé des ministres du groupe terroriste Hezbollah et de ses alliés et l’absence d’un État qui fonctionne convenablement a permis à un narco trafiquant dangereux d’opérer dans une totale impunité.

Ainsi, Ayman Joumaa a coordonné le transport, la distribution et la vente de plusieurs tonnes de cocaïne de l’Amérique du Sud et a blanchi le produit issu de la vente de ce produit en Europe et au Moyen-Orient, selon les enquêtes menées par la DEA.

Trois bourses des valeurs basées au Liban et utilisées par Ayman Joumaa et son organisation pour blanchir les produits illicites ont, en outre, été désignées et mises à l’index. Il s’agit de Hassan Ayash Exchange Company, de la société Ellissa Exchange et de New Line Echange Trust Co.

L’agence de lutte anti-drogue américaine a ciblé plusieurs autres personnes dans la communauté libanaise pour leur rôle dans ces transferts et échanges d’argent. Ali Mohammed Kharroubi propriétaire de Ellissa Holding, est lui aussi dans le collimateur des Américains. Ellissa Holding contrôle neuf entreprises au Liban, au Bénin et en République démocratique du Congo, y compris Ellissa Group SA. La filiale du holding Ellissa du Bénin exerçant dans la vente de voitures d’occasion en Afrique figure parmi les organisations dont les responsables sont recherchés pour leur activisme dans le trafic de drogue et les activités de blanchiment de l’argent recueilli par l’organisation Joumaa.

Empire de la filière de véhicule d’occasion en Afrique, précise La Lettre du Continent, le Bénin est d’ailleurs particulièrement épinglé. «Plusieurs centaines de millions de dollars sont chaque année transportées de ce pays vers le Liban via des passeurs et des agents de change, note la DEA».

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