Relance de la filière coton : bon pour le gouvernement, mauvais pour les cotonculteurs

La filière coton du Bénin n’arrive pas à sortir la tête de l’eau. Malgré les nombreux milliards engloutis par le gouvernement, la production escomptée n’a jamais été atteinte. Selon une étude réalisée par Synergie Paysanne, une organisation des paysans et dont la publication est prévue pour Mars prochain, c’est le dédain total auprès des paysans. Et ceci explique la descente aux enfers de la filière.

La saison cotonnière 2010-2011 n’a pas tenu la promesse des fleurs. Sur une estimation de 400.000 tonnes, le gouvernement en est à peine à 250.000 tonnes. En dépit de l’engagement et de la détermination personnelle du ministre de l’agriculture, Sabaï Katé, qui a passé plus de temps dans les champs de coton et de vivriers que dans son bureau de Cotonou, depuis nomination en mai dernier.

«Mon bureau n’est pas à Cotonou mais  dans les champs», se plaît-il à répéter depuis qu’il est à la tête de ce ministère. Pour joindre l’acte à la parole, il occupe le clair de son temps à visiter les paysans dans les champs et parfois même à s’adonner à l’ensemencement. Malgré ce grand effort du ministre et les nombreuses descentes de Boni Yayi, lui-même, sur le terrain, les choses n’ont pas trop changé. Cette année, comme les autres, la production nationale n’a pas atteint le tonnage escompté. Ce n’est donc plus la volonté politique qui manque pour donner un coup de pouce à la cette filière qui a été durant des années le seul produit d’exportation de notre pays. La raison en est toute autre. L’étude qui est encore sous le boisseau est menée par Synergie paysanne afin de mesurer l’impact de la filière coton sur les conditions de vie des cotonculteurs. Elle a permis d’interroger des producteurs dans plusieurs régions du pays. De leurs déclarations, le coton ne leur profite en rien. Le paysan qui cultive son champ et qui fournit des mois d’efforts gagne entre 40.000F et 50.000F Cfa par hectare. Dans le même temps, un seul homme d’affaires opérant dans le secteur gagne plus de 700 millions pendant une saison cotonnière. En dehors de cet aspect économique, la culture du coton a d’énormes conséquences sur la santé des paysans et l’environnement. L’usage des insecticides à long terme a des conséquences sur la santé des paysans. A maintes reprises, des paysans ont été victimes d’intoxication alimentaire. Aussi, de nombreux témoignages ont-ils confirmé la stérilité des terres due à l’usage prolongé des insecticides. Alors à qui profite la filière? D’abord à l’Etat qui en tire le plus grand profit et qui rentre environ 30 milliards par an. Cette somme participe à la balance des paiements. «Le coton est maintenu juste pour des intérêts politiques», confirme le rapport. C’est ce qui explique, selon cette étude qui sera publiée en mars prochain, l’abandon du coton au profit des cultures vivrières comme le riz et le maïs dont la production prend de l’ampleur d’année en année.

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