Une présidence pour ratisser large

Notre pays et son président viennent d’être portés à la tête de l’Union Africaine dans un climat de vive  tension entretenue autour de la succession de Jean Ping au poste de président de  la Commission de l’Union Africaine. Une grande première depuis l’indépendance du Dahomey-Bénin en 1960, qu’il convient de saluer à juste titre. La présidence de l’Union Africaine, ce n’est pas rien, loin s’en faut! C’est d’abord et avant tout une place d’honneur parmi les grands pays de l’Afrique et même du monde…

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En un an, notre président a le temps de se faire inviter aux grands sommets mondiaux des fameux G8, G20 et leurs équivalents des pays d’Asie qui recherchent désespérément des partenariats gagnant-gagnant avec le continent africain (pourvu qu’il n’oublie de se pencher sur les problèmes de politique intérieure). C’est une occasion en or pour donner de la visibilité à notre pays, le Bénin, pour vendre à l’Afrique et au monde  notre modèle démocratique qui réussit, tant bien que mal, à assurer l’alternance à la tête de l’Etat depuis plus de 20 ans. Une présence active sur tous les théâtres de conflit dans la sous-région, en Afrique et dans le monde. Le président de l’Union a la préséance sur le président élu de la Commission de l’Union Africaine, quel qu’il soit. On se souvient qu’au plus fort de la crise togolaise, à la suite du décès de Gnansigbé Eyadéma, le président de l’Union Africaine, le très charismatique Olusegun Obasanjo s’est opposé au président de la Commission qu’était le Malien Alpha Oumar Konaré. Ce dernier avait adopté une ligne plus ferme envers les putschistes togolais qui avait imposé le fils du défunt, quand Obasanjo se voulait plus conciliant. Et  c’est sa position qui avait primé, aidée en cela, il est vrai à l’époque par la présidence de la Cedeao exercée par le président Tanja Mamadou plus tolérant que jamais envers le clan Eyadéma.  C’est dire que le président de l’Union Africaine, s’il sait manœuvrer, pourra se faire entendre sur la scène africaine et même au-delà, mieux que le président de la Commission, surtout si ce dernier n’a pas été président d’un pays comme l’a été Konaré. Vaste programme!

Pour ce faire, le président de notre pays doit cesser de faire profil bas sur les problèmes agitant l’Afrique et le monde. Il doit exercer une vraie présidence et non une présidence par défaut ou une présidence de substitution. Il ne faut pas l’oublier, cette présidence de l’Union, nous l’avons obtenue, presque sans combat. Certes, avant le sommet, notre pays, paraît-il, s’était porté candidat. Mais c’est la candidature de la Gambie du président autocrate  –charlatan et guérisseur auto-proclamé du Sida- qui était le plus agitée avant son retrait in extremis. Et ce n’est pas fini! Le Bénin était encore là, indolent et indécis lorsqu’une autre candidature –surprise de la sous-région ouest-africaine, celle de Goodluck Jonathan du Nigeria est intervenue. Il a fallu la forte pression des présidents du Ghana et du Burkina qui ont coparrainé la candidature du président béninois, pour obliger Goodluck Jonathan  en guerre de leadership contre Zuma à retirer la sienne. C’est dire que le président de notre pays a été comme pris de court –comme s’il ne s’attendait pas à exercer de si hautes fonctions- de sorte que son entrée en fonction a été passée sous silence par les médias. Puisqu’il n’y a pas eu de mots forts de prononcés. C’est la rivalité Zuma-Jonathan qui a eu les honneurs des feux de la rampe. Pas bien grave! Notre président a le temps de se rattraper. D’ici à la fin du sommet. 

Mais parlons d’abord du sommet en cours. Tout en s’efforçant de  rester impartial, en tant  que président de séance, Boni Yayi doit afficher une position claire sur les différents problèmes qui agitent le sommet. La délégation béninoise doit avoir une position qui tienne compte de nos intérêts bien compris. Entre l’amitié toute récente, non dénuée d’arrière pensée hégémonique, avec le président Zuma et les liens séculaires avec le grand voisin dont le président s’est récemment vanté de qualifier notre pays de 37è Etat de sa fédération (l’actualité toute récente lui a donné raison), il n’y a pas match. Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts, dit-on. Mais nos intérêts d’Etat ne doivent pas nous transformer en Etat vassal de l’un quelconque de nos voisins immédiats ou lointains. Ce que les rois d’Abomey avait refusé à l’ancien royaume d’Oyo ne peut être accepté des descendants de Béhanzin, Bio Guéra et de Kaba, encore moins de tous les autres  peuples de la République du Bénin d’aujourd’hui. 

C’est pourquoi, notre président doit ainsi profiter de la nouvelle présidence à lui octroyée pour faire rayonner notre pays en Afrique et dans le monde. À commencer par l’Afrique de l’ouest. Le président de l’Ua qu’il est désormais doit continuer à se battre, puis à maintenant peser de tout son poids pour que la tête de la commission de la Cedeao revienne à notre pays, et pas au Burkina Faso, comme il avait été retenu par le comité des chefs d’Etat, en octobre dernier à Abuja. Le Bénin serait ainsi entré dans une ère de grâce diplomatique, comme il ne l’aura jamais vécue auparavant, avec ces deux postes l’un aussi prestigieux que l’autre.

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