Amorphe, complètement discréditée par les puissances occidentales, privée de moyens financiers subséquents et tiraillée par des querelles de clocher, l’organisation dont Boni Yayi a pris les rênes, dimanche dernier, est vraiment malade. Et pour redorer son blason, le Chef de l’Etat doit éteindre plusieurs feux à la fois. Une mission difficile pour un président déjà en difficulté à l’interne.
Finie l’euphorie de l’élection, les félicitations de ses paires et les louanges, le Chef de l’Etat va devoir faire face désormais à la réalité de ses nouvelles charges. Si tous les béninois se réjouissent de ce grand exploit diplomatique, dans l’entourage du Chef de l’Etat, les sentiments sont mitigés. La fierté nationale se trouve rapidement diluée dans un sentiment d’anxiété et de crainte. Dans son avion de retour au pays, les seules questions qui devaient tarauder l’esprit du Chef de l’Etat devrait être celle-ci. Comment faire pour réussir cette mission assez difficile ? Comment gérer tous ces conflits qui naissent aujourd’hui sur le continent et gommer de la tête de maints africains l’image d’une organisation lige, asséchée financièrement et clochardisée par les puissances occidentales ? A ces questions, il sera difficile pour le président d’un petit pays comme le Bénin de régler ces problèmes. Le premier handicap de ce mandat sera le manque de moyens financiers. Selon plusieurs sources, le président en exercice ne dispose pas de moyens financiers propres pour mener ces activités. Or, dans le cadre de ces nouvelles fonctions Boni Yayi doit devoir faire de nombreux voyages pour faire des missions de paix, discuter avec des belligérants et porter la voix de l‘Afrique au cours des sommets et autres rencontres internationales avec le G8, le Conseil de sécurité… Cette nouvelle responsabilité donne à Boni Yayi de nouvelles opportunités de voyages qu’on dit Yayi affectionné autant. Mais qui va payer ces nombreux voyages ? Face à la crise économique que traverse notre pays, il sera très difficile pour lui de s’adonner à ces voyages de prestige à partir des maigres ressources de l’Etat. C’est là, la première difficulté à surmonter. La deuxième concerne la gestion des conflits et la pacification du continent. Aujourd’hui, en dehors du Bénin et de certains rares pays, presque tous les autres pays de l’Afrique gèrent des conflits de diverses fortunes. Une insurrection terroriste à visée séparatiste au Nigéria, des rebellions armées au Niger, au Mali, des conflits entre les deux Soudan, des guerres civiles latentes au Congo, au Sénégal et dans maints autres pays. Le tableau est assez vaste pour un président qui n’est pas trop habitué à gérer à l’interne des problèmes du genre. Depuis 1990, il n’y a eu ici ni guerre civile, ni insurrection séparatiste, ni conflit armé de quelque nature que ce soit. Provenir d’un tel pays est un atout majeur dans un cercle où la majorité des gens passaient le clair de leur temps à faire des pourparlers et des tables rondes. Lui au moins, il pourra avoir le temps pour l’Ua. C’est ce qui pourrait expliquer, le fait que plusieurs Chefs d’Etat n’ont pas trop cherché à rivaliser avec Boni Yayi, en dehors du Nigéria pour des raisons géo-stratégiques. Il devra concilier ses lourdes charges à l’international avec les difficultés actuelles de son pays miné par des grèves récurentes. Enfin, Yayi doit faire montre d’une grande personnalité pour s’affranchir de l’hégémonie des puissances occidentales qui ont longtemps cherché à apprivoiser l’organisation. Là encore, la mission sera difficile à réussir. Yayi hérite d’une patate vraiment chaude.