Yayi dégage le port et opère un remaniement technique de son gouvernement

Le secteur portraire béninois, actuellement en crise,  a été marqué dans la journée d’hier par deux événements majeurs. Après s’être rendu dans la matinée au port de Cotonou  pour dégager les camions gros porteurs qui refusent de quitter la plateforme portuaire manifestant ainsi leur désapprobation vis -à-vis du Pvi-ng, Boni Yayi a procédé dans la soirée à un remaniement technique de son gouvernement. 

 

Chose promise chose due. Telle que décidé lors de sa rencontre du lundi dernier avec l’ensemble des acteurs  et tous les membres du gouvernement, le président de la République,  Boni Yayi était au port autonome de Cotonou dans la matinée d’hier. Il y était comme convenu « pour dégager les 300 camions chargés et qui refusent  de sortir de l’espace portuaire parce que leur propriétaire ne serait pas satisfait  du Programme de vérification des importations de nouvelle génération (Pvi-ng). Et pendant trois heures d’horloge le chef de l’Etat s’est adonné à cet exercice en procédant aussi à des menaces et des mises au point à l’intention de certains responsables du maillon. Selon les informations reçues, c’est au total 350 camions qui ont été forcé de quitter la plateforme portuaire sous surveillance  militaire et des éléments de la gendarmerie nationale et de la garde républicaine qui devront les convoyer vers leur destination. Lors de la séance qu’il avait eue avec les acteurs portuaires, le chef de l’Etat les a, dans un ton colérique, demandé de respecter les institutions de la République. Il a aussi menacé de limoger le ministre en charge de l’économie maritime et le directeur général du port, si la situation se répétait.

Abimbola  et  Djènontin s’échangent de portefeuilles 

Les menaces faites par Boni Yayi ont été exécutés, du moins ceux proférées à l’intention du ministre en charge de l’économie portuaire. Et la nouvelle est tombée dans la soirée d’hier. Le chef de l’Etat, faute de limoger le ministre de l’économie maritime, a procédé à un remaniement technique de son gouvernement, un changement de portefeuille entre deux de ses actuels collaborateurs. Jean Michel Abimbola, ministre délégué auprès du président de la République chargé de l’économie maritime et des infrastructures portuaires devient ministre de la culture, de l’alphabétisation, de l’artisanat et du tourisme. Et Valentin Djènontin qui était jusque-là à la tête de ce ministère de la culture prend les rênes du département ministériel en charge de l’économie maritime et des infrastructures portuaires.

Comment Yayi banalise la fonction présidentielle

On a tous vu le spectacle. Le président de la république, chef  de l’Etat, et chef du gouvernement en train de conduire l’opération de dégagement des camions du port de Cotonou hier. On a aussi vu, le président de la république, chef de l’Etat et chef du gouvernement, tout en colère  et  en chaudes discussions  avec certains acteurs de la plateforme portuaire.  Cela témoigne de la colère du président face à la résistance des acteurs portuaires aux réformes dans le secteur dira-t-on. Mais Boni Yayi avait-il besoin d’en arriver là? Le dirigeant même s’il ne doit pas se mettre au dessus des hommes pour bien les gouverner n’a pas besoin de se rabaisser jusqu’à un certain niveau et de sorte à entamer sa propre autorité. Où étaient les ministres de son gouvernement. Où étaient les hauts gradés de l’armée… Boni Yayi ne pouvait-il pas, face à l’indifférence des transporteurs, donner des ordres fermes à ses ministres et au haut commandement militaire pour forcer les camions à libérer l’espace portuaire. Avait-on besoin de servir au peuple béninois ce spectacle qui n’aura d’autre conséquence que la banalisation de la fonction de président de la République et de l’autorité du chef de l’Etat. La fonction présidentielle est une fonction noble dont le titulaire sait prendre de la hauteur. On n’attend pas de notre président  qu’il soit présent sur tous les fronts ou qu’il aille sur tous les chantiers d’exécution  qui relèvent des ministres sectoriels ou même des directeurs techniques. C’est un chef qui reste au dessus de la mêlée  et qui ne descend dans l’arène que pour siffler la «fin de la récréation». Il est un homme de vision qui s’occupe des grands dossiers de la nation et qui veille à leur exécution  à travers ses collaborateurs qui lui rendent compte fidèlement.

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