Crise au Mali : la faute à trop de complaisances

Le Mali est dans un éternel recommencement. Avec ses rébellions armées. Avec les bandes de trafiquants et de passeurs qui écument ses déserts. Avec les groupes terroristes qui y ont trouvé le gite et le couvert. Mais comment un Etat dirigé par un ancien Général des commandos parachutistes, a-t-il pu en arriver à ce niveau d’impotence ? La question se pose. Autant que se pose celle de savoir quel miracle l’Union africaine et les autres facilitateurs éventuels sont en mesure de réaliser. A un moment où la situation dans le Nord du pays fait penser à une pathétique démission de l’Etat et des pouvoirs publics, il y a lieu de rechercher et de trouver des solutions radicales et décisives.

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Lorsqu’en février 2008, le rallye automobile Paris-Dakar a été délocalisé de l’Afrique vers la pampa sud-américaine, beaucoup d’Africains, et j’en suis, ont dénoncé un lâchage voire de la lâcheté. Les organisateurs de la plus célèbre course automobile du continent, à cette époque, avaient évoqué des questions de sécurité : l’implantation de groupes islamistes dans certaines régions où les coureurs seraient inexorablement exposés à des attaques ou à des rapts. Le chiffon rouge agité depuis plusieurs années avait donc fini par prendre feu. Quatre touristes européens venaient d’être assassinés par des membres présumés du groupe terroriste Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Le Sahel et plus particulièrement le désert malien était devenu inhospitalier. A telle enseigne que non content de délocaliser le Dakar, les pays occidentaux avaient commencé à instiller à leurs ressortissants la peur des attentats en cas de visites dans ces régions. Le soulèvement des indépendantistes Touaregs de Kidal en 2006 n’avait pu faire que rajouter au climat d’incertitude et de méfiance.

Ces situations, ponctuées par l’expansion du terrorisme international au nez et à la barbe de plusieurs des Etats de la bande sahélo-saharienne (Mauritanie, Algérie, Maroc, Niger, Tchad, et bien sûr Mali) n’auraient-elles pas dû faire réagir plus énergiquement le gouvernement du Président Amadou Toumani Touré ? Il se peut bien que les accusations de mollesse qui fusent depuis quelques années tant de Nouakchott que d’Alger ne soient pas complètement infondées. Sinon, comment comprendre que c’est précisément sur le territoire du Mali que le mouvement AQMI, groupe terroriste algérien à l’origine, a fini par établir ses quartiers d’où il peut mener ses actions et prospérer presque impunément ? Quelle politique de la « main tendue » autorise autant de laisser-aller ? Et d’ailleurs, fallait-il tendre la main à des groupes terroristes quand on risque de se la voir couper par ces individus sans foi ni loi ?

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Une chose est certaine, c’est ce laisser-faire qui est à l’origine du déclenchement depuis quelques semaines de la nouvelle rébellion touarègue. Plus violente et plus déterminée que toutes celles qui l’ont précédée. Ses revendications à ce propos ne font d’ailleurs l’ombre d’aucun mystère : l’autodétermination de la région de l’Azawad. Ni plus ni moins que tout le Nord du Mali, avec les villes de Kidal, Gao et Tombouctou. Si le dramatique de la situation des morts, des déplacés et des réfugiés n’incitait à la retenue, il y aurait de quoi sourire. Le Mali est tout de même un Etat souverain. Fort du principe de l’intangibilité des frontières issues de la colonisation et de l’intégrité irrévocable de son territoire. C’est cette conviction qui a peut-être induit en erreur le Gouvernement malien au moment où rentraient par centaines dans le pays les ex-mercenaires du Guide de la révolution libyenne, défaits et chassés, avec armes et bagages de la grande Jamahiriya. A moins que ce ne soit la peur de la confrontation armée directe qui ait poussé l’armée nationale malienne à tolérer ces retours et ce flux de combattants surarmés, dont on aurait dû savoir qu’ils allaient à nouveau et rapidement faire parler d’eux.

Dans cette situation, on aura vu le Mali se comporter comme un Etat faible. C’est sans doute ce qu’il est, mais qui trop facilement pardonne, incite à l’offenser. Si les négociations entamées avec les « enfants prodigues » l’avaient été comme au Niger ou en Mauritanie dans le cadre d’une fermeté sans faille, un refus de l’Etat de laisser rentrer les combattants armés, les choses auraient été différentes. Mais il faut croire que l’immensité du territoire malien et la porosité des frontières, n’ont pas permis à l’armée de prendre des mesures d’une réelle efficacité. D’autant que le peu de développement de la région de l’Azawad depuis les indépendances, peut sommairement justifier le sentiment d’abandon ont se prévalent le MNLA (Mouvement national de Libération de l’Azawad) pour justifier son offensive.

Le plus important, maintenant que la guerre a commencé, c’est de ramener la paix. Avant l’échéance fatidique des élections d’avril 2012, et ce, de façon définitive. C’est ce à quoi pense pouvoir s’essayer le nouveau Président en exercice de l’Union africaine. Peut-être le président béninois saura-t-il, quant à lui, trouver la solution miracle. Mais sinon, personne ne pourra accuser Thomas Boni Yayi de n’avoir pas tout mis en œuvre pour assumer ses nouvelles fonctions dont il se montre si fier et si concerné à la tête de l’institution panafricaine.

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