Entretien avec Adamou Mounirou, Président du Collectif des artisans de Djougou

«L’Etat doit contrôler le marché d’exportation de nos matières premières» 
A l’instar de leurs collègues des autres communes, les artisans de Djougou se retrouvent désormais, et ce, depuis 1996, dans un creuset d’échanges face aux problèmes de leurs métiers et pour une meilleure valorisation du secteur de l’artisanat. Il s’agit du Collectif des artisans de Djougou. Dans cet entretien, Adamou Mounirou, le nouveau Président élu le 08 février dernier, parle des objectifs majeurs de l’initiative pour les trois prochaines années de son mandat et de quelques difficultés du secteur de l’artisanat dans le Nord-Bénin.

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Depuis quand est né le Collectif des artisans de Djougou?

Notre Collectif est né depuis 1996 suite au désir des acteurs du secteur de créer un cadre de concertation. C’est un regroupement de toutes les associations d’artisans de Djougou qui est placé sous la tutelle de la Fédération. Depuis sa création, il a connu trois présidents au nombre desquels on peut retenir entre autres, Messouna Rachidou élu en 1996, Touré Issaou qui l’a suivi et ma modeste personne Adamou Mounirou élu en février dernier. Chaque bureau est élu pour un mandat de trois ans renouvelable une seule fois. Au départ, il n’y avait pas de restriction au niveau des mandats au point où la chance n’était pas donnée à tout le monde de faire preuve de son génie au service du collectif. Chaque bureau est formé de cinq membres élus par élection en assemblée générale.

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Quelle est la mission du Collectif?

Le Collectif répond directement aux besoins des associations des artisans au niveau communal. Il règle les litiges entre les patrons et les apprentis d’une part et entre patrons d’autre part. Nous essayons également au sein du Collectif de faire comprendre à d’autres corps de métier l’importance de se mettre ensemble. Car, pour ma part, on est plus fort quand on est ensemble.

 

En tant que nouveau Président du Collectif, quelle est votre vision pour les trois prochaines années de votre mandat?

Je place mon mandat sur la réussite et la reconnaissance de l’artisanat dans le nord en l’occurrence à Djougou. Au départ, beaucoup considéraient l’artisanat comme un métier de 2eme classe. Le Centre de formation professionnelle de Djougou (Cfpd) est installé pour aider les enfants à avoir une situation décente. Dès lors un contrat est signé avec les patrons d’atelier et la famille des apprenants d’une part et d’autre part avec les patrons d’atelier, la famille des apprenants et le Centre. Une fois leur diplôme obtenu, nous aidons les enfants à s’installer et jouir des bénéfices du métier qu’ils ont embrassé. Et pour sensibiliser les parents dans ce cadre, nous travaillons de concert avec la radio communautaire, Solidarité FM sur des émissions thématiques.

 

Pensez-vous que la demande est si forte à Djougou pour permettre à ces enfants de s’installer et de pouvoir vivre effectivement de leur métier?

Je puis vous rassurer que la demande existe bel et bien. La seule chose qui fait défaut est la politique du gouvernement pour fournir les matières premières de base. Quand on prend le cas de la menuiserie, les madriers sont plutôt beaucoup plus exportés à l’extérieur. Du coup, la matière première produite au Bénin sert beaucoup plus à l’extérieur qu’au Bénin. La qualité supérieure est convoyée vers l’extérieur. Nous ici, nous nous contentons beaucoup plus des restes. Pour ma part, les enfants en s’installant à Djougou ne seront confrontés à aucun problème si l’Etat met en place une vraie politique de fourniture en  matières premières. L’Etat a le devoir de revoir la politique de vente des matières premières. Djougou étant une ville carrefour, tous les artisans trouvent leur compte. Et il existe actuellement une forte demande au niveau de ces différents corps de métier, en l’occurrence avec les mécaniciens diésélistes. Nous pensons dans les années à venir, ouvrir cette filière  avec l’accord des autorités du centre technique.

 

Quelles sont vos démarches  envers les autorités pour pallier ce problème de récurrence de matières premières?

Grâce aux formations avec le Cejedrao, nous avons reçu des aptitudes pour mieux nous défendre, discuter avec les autorités de tutelle et exiger de ces dernières, les droits qui sont les nôtres. Nous avons pendant longtemps tenu des séances de réunion avec plusieurs autorités à divers niveaux, mais rien n’y fit. Les agents des eaux et forêts quant à eux n’ont pu nous convaincre. Les autorités communales par contre veulent bien nous aider mais sont bloquées par le fait qu’elles ne sont pas autonomes.

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