Le clair-sombre du discours de Houngbédji

Le discours d’Adrien Houngbédji à l’ouverture du Congrès du Prd, ce samedi à Porto-Novo, n’a pu permettre à l’opinion publique d’avoir une position claire et tranchée des «Tchoco-tchoco» quant à la nature des relations qu’ils veulent entretenir avec la mouvance.

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Le Parti du renouveau démocratique (Prd), voir l’Union fait  la nation (Un), veut-il entrer au gouvernement? Ou désire-t-il rester dans l’opposition tout en disposant des facilités qui reviennent de droit à l’opposition en vue de contribuer à la construction et au développement de la nation? Difficile de fournir des éléments de réponses à ces interrogations. Et alors que les avertis de la vie politique nationale voyaient en ce congrès l’occasion pour les dirigeants du Prd de lever toute équivoque quant à une probable entrée du parti, voir de l’Un, au gouvernement, c’est plutôt à un discours à double tonalité, à la limite confus- bien entendu sur la question de l’entrée du parti au gouvernement- d’Adrien Houngbédji qu’on a assisté.

«Oui, nous sommes dans l’opposition. C’est une évidence.

Mais qu’on m’entende bien. Si le régime prend enfin conscience de ce mal (et nous espérons qu’il en prendra conscience), s’il prend conscience que pour guérir, le Bénin a besoin d’un sursaut national qui rassemble toutes ses forces politiques et sociales autour du chantier de la reconstruction, bref, s’il prend conscience qu’il y a une crise nationale larvée, et qu’il appelle l’opposition à prendre sa part de responsabilité dans un gouvernement d’union nationale, est-ce que nous pourrions nous dérober? Je l’ai dit par avance depuis le 19 mai: nous ne nous déroberons pas. Nous n’en sommes peut-être pas loin», a affirmé, en fait, Adrien Houngbédji dans une partie de son discours. Avant de poursuivre en ces termes : «Mais nous n’en sommes pas là. Pour le moment, nous avons entendu parler d’un appel au dialogue. Trois mois après le lancement de cet appel, aucun signe visible. Je le dis et le souligne, appel au dialogue et appel au gouvernement ne sont pas synonymes. Le Prd est prêt au dialogue, à tout moment.
Le Prd est pour l’heure dans l’opposition. Il se bat pour une autre politique».

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Et si Adrien Houngbédji s’est montré un plus haut dans son intervention (lire l’intégralité de son discours dans notre parution du lundi 12 février dernier) en réel opposant en peignant et sans ambages le Bénin en pays malade sur les plans politique, économique et social, on peut en déduire à l’analyse de cet extrait de ladite intervention que son opinion sur l’entrée ou non du Prd au gouvernement à quelque peu laisser l’opinion publique sur sa soif.

Prd-mouvance: amis ou adversaires politiques?

L’idée de l’entrée de l’Union fait la nation, voir du Prd dans le prochain gouvernement de Boni Yayi est agitée de plus en plus dans certains milieux. Les commentaires vont bon train quant à la véracité et au sérieux de cette information. Surtout après la récente lettre de la conférence des présidents de l’Un à Boni Yayi. Un courrier dans lequel ces derniers réclamaient une correspondance officielle à eux adressée par le chef de l’Etat quant à son invite à un dialogue avec toutes les forces politiques du pays. Tout porte donc à croire que les autres mouvements et partis de l’Un qui avaient fustigé la Renaissance du Bénin (Rb) pour son entrée dans la majorité présidentielle sont dans une certaine mesure intéressés par la politique de main tendue de Boni Yayi, fut-elle pour une entrée de l’opposition au gouvernement ou pour la création d’un cadre de dialogue politique à fin de donner à l’opposition la place qui est la sienne, puis prendre son avis sur les questions majeures d’intérêt national. C’est à ce niveau que l’éclaircissement des leaders de l’opposition était attendu. Le président du Prd n’a pas donné une position tranchée, telle que attendue dans l’opinion. Tout en affichant une certaine faveur du Prd à toute idée de gouvernement d’union nationale, on a vu le meneur des Tchoco-tchoco s’adonner à un exercice de nuance entre dialogue politique et entrée au gouvernement, confirmant de facto l’appartenance de son parti à l’opposition et son combat pour une alternance au sommet de l’Etat. On retiendra, tout de même, que dans l’un ou dans l’autre des cas, Houngbédji en appelle à du concret de la part de Boni Yayi concernant l’invitation de ce dernier au dialogue. Seulement, ce jeu d’opinions contribue au maintien d’une certaine confusion quant à la nature des relations que l’opposition, notamment le Prd désire entretenir avec la politique de Refondation. C’est le clair-sombre du discours du président du Parti du renouveau démocratique, Adrien Houngbédji.

Adrien Houngbédji,  l’insondable leader politique

Ondoyant, versatile pour les uns… intègre, ferme et rigoriste pour les autres. C’est selon. Me Adrien Houngbédji a encore montré une autre de ses qualités. Celle-ci semble se raffermir au fil des ans. C’est le président intègre, peu friand des prébendes politiques. Et il l’a prouvé encore. «Pour ce qui est ce ma modeste personne, «T’inquiète!», pour employer  le vocabulaire des jeunes. J’ai anticipé le mouvement. J’ai renoncé librement à briguer un nouveau mandat de député. Je peux servir mon parti et mon pays sans rechercher ni les honneurs, ni es avantages, ni les positions », a-t-il affirmé. Cette déclaration est salutaire dans un pays et un continent où l’attachement aveugle au pouvoir est devenu la seule référence et une épizootie morbide. Mais si on peut se réjouir de cette décision, on est moins séduit de l’entendre pérorer: «l’avenir appartient aux jeunes». Il suffit de jeter un coup d’œil sur le bureau sorti de ce congrès pour se rendre compte que les jeunes du parti y sont peu représentés. A peine trois trentenaires sur 46 personnes. Le reste n’est que de la vieille coterie politique dont certains ont blanchi sous le harnois. Bien formés politiquement, compétents professionnellement, ces jeunes qui sont de fidèles et loyaux militants depuis des années attendent de prendre de grande responsabilité au sein du parti. Ils sont nombreux à être déçus de ce bureau. L’autre déclaration peu mesurée concerne l’assimilation de 1996 (avec le retour de Kérékou au pouvoir) comme le retour insidieux du sectarisme et du régionalisme.  Houngbédji semble bien faire l’impasse sur sa responsabilité toujours citée dans ce retour du régionalisme et donne l’impression de jouer sur l’amnésie de ses concitoyens. A chaque fois Houngbédji donne l’impression d’un homme insondable. Hélas.

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