Majorité présidentielle : les implications pour l’avenir politique de Léhady

Le départ, désormais officiel, de la Renaissance du Bénin de l’Union fait la Nation et son intégration à la majorité présidentielle a des implications politiques compromettantes pour  le rêve présidentiel de Léhady Soglo et risque de coûter au parti la direction de la mairie de Cotonou.

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Après plusieurs mois passés entre deux chaises (opposition et majorité présidentielle), le parti de la Renaissance du Bénin (Rb) vient de mettre fin, de manière officielle, à la confusion et aux supputations. Dans une correspondance adressée au ministre de l’intérieur, les « Houézèhouè » ont affirmé leur divorce de l’Union fait la nation (Un).  Cette notification officielle vient quelques jours après que Léhady Soglo ait affirmé, lors de la cérémonie officielle de lancement du séminaire de réflexion de son parti organisé en fin janvier, que la Rb est « membre à part entière de la majorité présidentielle». Un événement au cours duquel, le président de l’Assemblée nationale avait reconnu et salué l’appartenance de la Rb à la majorité présidentielle. Et déjà l’ambiguïté levée, on s’interroge déjà sur les implications de cette décision sur le future politique de Léhady Soglo qui devrait être, selon ce qui se disait, le porte flambeau de l’Un à la présidentielle de 2016.

Bienvenu dans la jungle…

La majorité présidentielle, qui donne l’impression d’un monde où tout va bien, n’est pas loin d’une jungle politique. Dans laquelle il sera difficile, voire quasi-impossible, pour Léhady Soglo de voir son ambition présidentielle se concrétiser. On apprend, déjà, qu’au sein de la famille politique de Boni Yayi, les clans se forment déjà autour des potentiels dauphins de ce dernier. A ce niveau, le combat s’annonce âpre. A coté des potentiels dauphins, d’autres membres des Fcbe voudraient bien tenter le coup, le chef ayant pris l’engagement de respecter la loi fondamentale pour se retirer en 2016. Déjà que selon certaines langues la cohabitation Rb-mouvance n’est pas sans accrochages,  on doute fort de voir les pro-Yayistes sacrifier leurs ambitions au profit de celle de Léhady Soglo. Et avec la nature actuelle des relations entre la Rb et les autres forces de l’Union fait la Nation, surtout le Parti du renouveau démocratique (Prd), une autre alliance entre la Rb et ces derniers pour affronter le candidat de la mouvance ne devrait pas être envisageable, même si dans le contexte politique béninois, rien n’est prévisible. Quant on observe la récente histoire politique du pays, on peut déduire que la Rb ne pourrait conquérir le pouvoir si elle fait bataille solo. En effet, les différents présidents qu’a connus le Bénin de l’ère du renouveau démocratique ont été portés à la Marina par des alliances de partis politiques, et non par la seule action de l’organisation politique dont ils sont membres.

Se contenter de la mairie de Cotonou?

Certains observateurs de la vie politique nationale ont, à la lecture de l’actualité, déduit que la Rb s’est alliée avec la mouvance présidentielle pour conserver la mairie de Cotonou. Simplement parce qu’au regard des statistiques de la dernière présidentielle, on constate que les Fcbe ont les moyens de défier les Renaissants dans leur fief cotonois. Un fief dans lequel les « Houézèhouè » semblent perdre du terrain au profit des Fcbe et du Prd. Les résultats des législatives d’Avril 2011 en témoignent. Encore que dans les coulisses, on susurre un probable alliance entre les Verts et les Tchoco-Tchoco pour mettre fin à l’hégémonie des Soglo à la tête de Cotonou. Conséquence, la Rb pourrait se voir ravir la mairie de Cotonou à l’issue des municipales et communales de 2013. Dans ce cas, elle aura tout perdu. La Marina et l’hôtel de ville. Et comme pour éviter un scénario pareil, il faut s’allier au pouvoir et être sûr de ne pas avoir un candidat pro-Yayi parmi ses concurrents de 2013. Comme pour rester fidèle à cet adage qui dit « un tien vaut mieux que deux tu l’auras ».

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Attention danger !

Certaines langues avancent que Boni Yayi ne tiendrait jamais ses promesses politiques. La Rb en serait même témoin. On redoute donc que  le camps Yayi tourne dos aux « Houézèhouè » après qu’il ait fait passé au parlement, avec le soutien et les voix des députés Rb, ses réformes majeures, notamment le projet de révision constitutionnelle. Ainsi, les Fcbe pourraient présenter un candidat sérieux à même de concurrencer la Rb au niveau de la mairie de Cotonou avec pour objectif soit de la leur arracher, soit d’y réduire leur hégémonie. Et eu égard aux querelles Rb-Prd, la Rb ne saurait compter sur le soutien du parti de Houngbedji. Du reste, entre le destin présidentiel de Léhady Soglo et le maintien de la mairie de Cotonou, les implications politiques du ralliement avec la majorité sont patentes. Seul le temps permettra de mieux les apprécier. 

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