Menace sur l’essence de contrebande au Bénin

Au Nigeria, après la diminution des subventions sur l’essence le 1er janvier 2012 et leurs réévaluations deux semaines plus tard suite aux pressions syndicales, le président Goodluck Jonathan a décidé de nettoyer les écuries d’Augias dans le rang des bénéficiaires desdites subventions. Ce qui laisse planer des menaces sur la filière de l’essence frelatée, ou «Kpayo», au Bénin. 

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Après quelques jours d’accalmie, l’actualité concernant la commercialisation de l’essence de contrebande revient au galop. Et cette fois, le débat concerne la survie d’une filière qui handicape à la fois les économies nigériane et béninoise.  Selon Africa Energy Intelligency n°668 du 01 février 2011, le président nigérian Goodluck Jonathan a pris la résolution de s’attaquer aux traders, qui les bénéficiaires des subventions allouées par le gouvernement fédéral au secteur. Lesquelles subventions ont un impact sur le prix de l’essence de contrebande exportée du Nigeria vers les marchés des pays frontaliers au géant ouest-africain. Selon les informations recueillies, c’est le sénateur de Kano, Farouk Lawan qui a été choisi pour présider  le comité parlementaire  ad’ hoc installé pour enquêter sur ce dossier des subventions. La mission dudit comité est de comprendre, apprend-t-on, pourquoi de 255 milliards de nairas initialement budgétés pour 2011, les décaissements pour les  subventions ont finalement atteint 1,5 trillion de nairas, soit 10 milliards de dollars. Ce qui est estimé à  5000 milliards de Fcfa. Selon l’article publié par le Africa Energy Intelligency, cette explosion s’explique en grande partie par le fait que les pays frontaliers au Nigéria que sont le Bénin, le Niger, le Cameroun, le Tchad et d’autres pays de la région sont approvisionnés en essence par l’intermédiaire du Nigéria. A titre illustratif, le président du comité parlementaire mis sur pied considère que sur les 371 000 b/J importés par les traders ayant bénéficié des subventions du gouvernement,  150 000 b/j étaient destinés à la sous-région. « En d’autres termes, le Nigéria a financé sur  son budget la quasi-totalité de contrebande pétrolière de la région (Togo, Bénin, Mali, Burkina, Niger, Cameroun, Tchad, Centrafrique) » a conclut l’article du Africa Energy Intelligence.

Rappel…

On se rappelle que la décision de suppression des subventions pétrolières  à compter du 1er Janvier 2012 avait créé une flambée du prix de l’essence frelatée au Bénin. Ce qui témoignait donc de la dépendance du secteur de l’essence du Bénin vis-à-vis de la filière de la contrebande alimentée depuis le Nigeria. Seulement, face à la paralysie du pays par les syndicats qui étaient opposés à la décision, le président Goodluck Jonathan a dû revoir sa copie. Néanmoins, le prix de l’essence à la pompe a connu une augmentation. Au Bénin, le rétablissement de la subvention au Nigeria n’a pas manqué de causer une hausse du prix de l’essence frelatée. Toutefois, le « Kpayo » est resté relativement moins coûteux l’essence vendue à la pompe. En dépit de cela, les populations béninoises se sont, pour diverses raisons, rabattues sur le « Kpayo » qu’elles avaient abandonné au fort de la crise de l’essence de fin 2011 et première quinzaine de janvier 2012. On croyait donc à une victoire de l’essence frelatée. Mais avec cette démarche du gouvernement fédéral nigérian qui pourrait aboutir à des mesures pour fermer les vannes au financement de la contrebande pétrolière, une grosse menace plane le « Kpayo » au Bénin.

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