Il aura foutu la paix à ceux qui ne lui voulaient point la paix ! Et pourtant, il aimait tant sa Patrie ! Maintenant qu’il s’en va, le cercle des chroniqueurs se rétrécit. Celui des chroniqueurs de conscience, des hommes qui n’ont pas vendu leur âme, plus encore. Et il n’y aura pour lui, pour son âme, que de petits hommages à la petite semaine… Peut-être jamais n’aurait-il voulu que quelque parole d’hypocrisie fût prononcée en hommage à lui ! Aurait-il voulu que nous lui promussions de parler et d’agir pour une meilleure gouvernance de sa seule patrie, le Bénin.
C’est sûr, ce serait la seule consolation qui le comblerait là où il repose à cette heure-ci. Si vous en disconvenez, allez demander au Bon Dieu ! Il était clair, clair et vif. Son esprit aussi. Sa jactance, sa rage de dire le mal dire, le mal faire et le mal être qui tenaillent notre société étaient à la mesure de l’amour infini et éternel qu’il avait pour la Patrie. S’ils avaient l’œil et l’oreille pour le voir et l’entendre, certains des quidams errants n’auraient jamais eu, toute honte bue, le courage de lui usurper le vrai nom de Patriote. Et pourtant, il aimait tant sa Patrie ! Pour elle, il ne guérissait point de son incommensurable folie, Tingbo Louis Foly !
TLF. Comme Sartre, aux yeux de Bourdieu, il est à mes yeux un intellectuel total. Rien ni personne ne lui faisait peur. Le Bon Dieu peut être. Et il n’avait de cesse de l’interroger, de l’interpeller. A preuve, un de ces premiers jours de l’aventure Bonjour Citoyen à la Télévision nationale, TLF fut mon invité. Il disait ne pas comprendre le Bon Dieu à propos de la crise financière internationale. Car pour lui le Bon Dieu devrait couper la tête à tous les économistes. Et il insiste « il devait leur couper la tête sans exception ». TLF n’ignorait pas que les plus hauts dirigeants de notre Etat étaient en 2008 et le sont aujourd’hui encore des économistes. TLF ne s’est pas embarrassé que les dirigeants politiques considèrent la chaîne publique comme leur chaîne. De cela, et d’autres balivernes qui ne sont dignes que des tropiques, TLF n’en avait que cure. C’est l’intellectuel total. Or l’intellectuel total se fout du politiquement correct. Il se révolte. Il se rebelle. Il renverse les plats. Il agace. Il indispose. Il hyperbolise pour choquer. Et surtout, il n’a pas peur du pire. Il s’expose. Il vit avec le péril chaque jour. Il s’indigne, Stéphane Hessel a raté un compagnon de vie. TLF, c’était une Tête en Lutte contre le Faux.
TLF, c’était aussi un Tailleur de la Langue Française. Il avait du style. Il était le style. Il vivait le style. Le style, c’était lui-même ! De Radio Planète à Facebook, c’est l’arrêt cardio-vasculaire qui pouvait lui faire obstacle. Et c’est du pays qui l’avait mal. Et surtout de sa jeunesse. A la veille de la Présidentielle de 2011, à l’issue d’une discussion avec un jeune de son quartier, il en arrive à la conclusion du vieux Mina de Pierre Mètinhoué : « Mitchron lo, mitchron kpata, mi tchi assi, mitchron kén’ké’n ». En un mot, nous sommes foutus, le pays est à terre. Cette inconscience, ce désamour du Jeune pour la Patrie a percuté le cœur de TLF. Il n’eut la vie sauve que grâce à une évacuation sanitaire sur Paris où vit sa famille. Loin du micro, loin de la Patrie, bien que revenu à ses facultés, TLF était malade de ne pouvoir être avec et dans les Tribulations de ce pays sien. Facebook ne le satisfait pas. Il rentre, et s’est fait discret comme depuis un temps sur la toile. In propriis terminis, l’arrêt cardio vasculaire toujours. Et cette fois-ci dans le silence de sa chambre. La main du Juste n’était pas proche pour le rallier à l’hôpital… Et pourtant, il aimait tant sa Patrie !
Et qui sait s’il ne fut mort des simagrées, des simulacres, des parodies qui sont en abondance dans la Patrie ? Serait-il là qu’il prierait le Bon Dieu pour que Frédéric Béhanzin arrête les pièces de théâtre mal cousues de soutien au Chef de l’Etat et de dénigrement des douaniers. Serait-il là qu’il nous ferait voir que ces gesticulations sans style n’ont de malice que le fil blanc brandi désespérément par l’homme de cour pour exister devant le Prince. Serait-il là qu’il affirmerait que ceux qui chantent a tue tête les bienfaits du Prince le font que pour son regard généreux envers eux. Qu’ils sont pire poison que ceux que le Prince prend, à tort, pour ses opposants ou ses détracteurs. TLF nous aurait encore une fois comme le chroniqueur de nous méfier de tous actes du Prince qui versent dans le populisme. Il ne l’avait que trop dit. De Kérékou à Yayi.
Pour sa liberté de pensée et de parole, les accrochés au pouvoir temporel ne rendront, à moins de me prendre au mot et de me démentir, aucune fière chandelle à celui qui fut, comme Anatole France dirait d’Emile Zola, « un moment de la conscience humaine ». Pour lui, il n’y aura ni fanfares ni tambours ! Ni hommages dus aux hommes de vertus et de grandeur. Et pourtant, Victor Hugo s’échine à nous rappeler :
« Ceux qui sont morts pour la Patrie ont droit qu’à leur cercueil
La foule vienne et prie
Entre les plus beaux noms, leur nom est le plus beau
Toute gloire près d'eux passe et tombe éphémère ;
Et, comme ferait une mère,
La voix d'un peuple entier les berce en leur tombeau !
Gloire à notre Patrie Eternelle
Gloire à ceux qui sont morts pour elle
Aux martyrs ! aux vaillants ! aux forts !
À ceux qu'enflamme leur exemple,
Qui veulent place dans le temple,
Et qui mourront comme ils sont morts ! »
TLF est mort pour la Patrie ! Il a combattu avec ses meilleures armes : son esprit et sa plume. Ici, ça importe peu. Mais, soulagement ceux qui restent dans la mémoire des gens, ce ne sont pas toujours les politiques. Il y en a qui mourront et qui ne mériteront jamais, sauf la pensée à une disparition humaine, qu’on leur consacre une chronique de vertus et de grandeur.
TLF. Bravo ! Va. Cours. Vole et nous prépare chez les anges la place près de toi. Car, il reste ici quelques têtes prêtes à garder la flamme allumée. Sans coup férir ! Ton vrai mérite est là. Le vrai mérite d’un Grand est que son œuvre soit perpétuée après lui par les plus jeunes qui prennent le relais. Et nous ne savons que trop les malheurs et les heurs qui jonchent la marche des hommes de vertus. Mais réjouis toi, mourir pour la Patrie, c’est s’immortaliser par une belle mort !
C’est ce que je crois. Toi, déjà !
A Dieu !
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