Zoom sur Sidi Adjahou : danseur, conservateur et enseignant du «Zolari»

L’identité des peuples se trouvent aussi cachée dans les danses. Une branche des arts et culture privilégiée dans le Nord-Bénin grâce à des gardiens des valeurs culturelles, parmi lesquels Sidi Adjahou. Il est lui un maître de la danse «Zolari» à Djougou dans le département de la Donga. ASayan au village Sérau dans la commune de Djougou vit Sidi Adjahou. Le jeune béninois né le 30 juin 1974 s’est mis depuis sa tendre enfance au service de la sauvegarde et de la promotion des richesses du patrimoine immatériel de son ethnie. Parallèlement à ses travaux dans le domaine de l’agriculture, il est spécialiste du «Zolari». 

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Une danse traditionnelle typique à la communauté «Yom» dans la commune de Djougou au Nord-Bénin. Cette rythmique n’est pas à confondre avec d’autres de la région telles le «Sinsinhoun» et le «Tèkè», autres cadences du septentrion.

«Zolari», la fête des nouvelles récoltes

Le «Zolari» est à l’origine, la danse de la fête des nouvelles récoltes à Djougou. «Chaque année, nous nous retrouvons entre «Yoms» pour manifester notre joie et notre gratitude envers Dieu qui nous a permis d’avoir une nouvelle récolte» confie l’artiste. Seule cette occasion ne lui permet pas de satisfaire ses ambitions de promouvoir cette danse qu’il a héritée de ses parents. D’où il crée et dirige depuis cinq ans déjà, le groupe «Anoara» -je veux de toi en langue Yom-. C’est au sein de ce groupe que l’artiste expose son talent qu’apprécient ses concitoyens. «Sidi Adjahou fait un travail excellent pour le «Zolari». Nous avons la certitude que tel qu’il fonctionne, cette danse ne pourra jamais disparaître au Bénin. Car, il rassemble dans son groupe, de jeunes filles et jeunes hommes à qui il transmet ses talents en la matière» témoigne le chauffeur du groupe.

 

Sidi Adjahou, un «Kopara» rigoureux  

Pour cette transmission de savoir, le grand maître s’est forgé une pédagogie axée sur une rigueur qui lui permet de maîtriser toute une chaîne de danseurs et deux joueurs de tam-tams à double face. Dans l’équipe, c’est lui qui organise tout. Ses gestes guident les autres. Sidi Adjahou est le maître du moment. Sur scène, il ne regarde pas ses danseurs prester seuls. Adjahou se tient devant sa troupe à l’image du maître d’un chœur polyphonique, seulement qu’en matière de «Zolari», le chant n’existe pas. Il est nommé le «Kopara». C’est l’organisateur des entrées sur scène des danseurs et de tous les plateaux de danse retenus pour chaque spectacle. «On sent dans son travail, une harmonie et une passion qu’il transmet à ses danseurs » certifie Alamou Y. Aboubakary, instituteur à Djougou.
Toute la créativité et la personnalité de Adjahou réside dans cette rigueur qui attire tout spectateur. Même l’étranger, aussi novice soit-il, s’invite sur sa scène pour quelques pas. «Pour nous étrangers, ce  n’est pas facile de comprendre le spectacle parce qu’il y a une tradition, un message et une initiation derrière. Il faut beaucoup de temps pour comprendre» confie l’expert suisse en critique d’art Jean-Marc Desponds. Il s’est prononcé lors d’un spectacle du groupe «Anoara» à l’occasion d’un vernissage de photos au siège du Collectif des artisans de Djougou le vendredi 24 février 2012. Déjà connu dans la Donga, l’artiste est actuellement à la conquête d’autres villes du Bénin comme Cotonou où il a déjà donné quelques spectacles.

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Le maître qui ignore l’origine de sa danse

Tout conservateur qu’il est, Sidi Adjahou ne s’intéresse pas, ou du moins pas trop, à l’origine de cette danse qu’il enseigne. «Je sais seulement que je l’ai hérité de mes parents. Mais je n’ai aucune idée de qui ils l’ont hérité» affirme le «Kopara». Par contre, le père spirituel du groupe, Biao Dodji explique que le «Zolari» est une danse du colon. «C’est une danse que nos ancêtres exécutaient pour les colons» rectifie Sani Moumouni, Président des photographes de Copargo. Pour Alamou Y. Aboubakary, il est difficile aujourd’hui de nommer avec précision, les premiers hommes du Zolari au Bénin. «Tout ce que je sais, c’est une danse propre aux Yoms, la communauté à laquelle j’appartiens» rebondit le maître. «C’est une identité culturelle de chez moi. Je m’accroche juste à cela pour la promouvoir.» a-t-il ajouté. C’est là l’engagement de Sidi Adjahou.

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