A propos du salaire du Chef de l’Etat

Rangeons- nous à l’avis officiel et autorisé de la ministre de l’Economie et des Finances. Dans un communiqué de presse, Mme Adidjatou Mathis renseigne sur les faits ci-après touchant au salaire et aux rémunérations du Chef de l’Etat. Nous apprenons notamment :

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  • que le Chef de l’Etat a volontairement renoncé à sa rémunération (salaire) et ne bénéficie d’aucune prime et indemnité depuis sa prise de fonction en avril 2006;
  • que le Chef de l’Etat, depuis cette date, ne bénéficie d’une quelconque rémunération provenant de la BCEAO où il a servi comme cadre supérieur ni de la BOAD où il a été président ;
  • que le Chef de l’Etat a renoncé à la résidence présidentielle à laquelle il a droit et qu’il ne bénéficie d’aucune indemnité compensatrice de loyer, d’électricité, de téléphone et d’eau ;
  • que le Chef de l’Etat a renoncé à sa prise en charge médicale et à celle des membres de sa famille ;
  • que le Chef de l’Etat a renoncé qu’il lui soit alloué des fonds de souveraineté à l’occasion de ses voyages officiels ;
  • que le Chef de l’Etat utilise dans le cadre de ses fonctions son véhicule personnel ;
  • que le Chef de l’Etat, enfin, bénéficie des fonds de sécurité d’un montant égal à celui payé à son prédécesseur et qui ne représente qu’à peine 1% de la moyenne sous-régionale.

Ces informations, dont la source est clairement identifiée, tendent à mettre un terme à une campagne de presse. En effet, On se perdait en discussions, ces jours derniers, par médias interposés, sur le salaire et diverses rémunérations qui seraient payés au Chef de l’Etat.

Le communiqué de Mme la ministre a valeur d’une mise au point qui condense des informations inédites, inconnues, jusque là, du grand public, des informations sur le régime spécial de salaire et rémunérations auquel le Chef de l’Etat a volontairement souscrit. Sans, toutefois, qu’on en connaisse les motivations, les raisons. Autorisons-nous quelques observations.

Premièrement. Il faut souligner le caractère plutôt rare d’un tel régime. Il exhale un fort parfum de désintéressement, d’altruisme, de détachement. Dans un contexte religieux, on parlerait de « sacrifice », dans le sens d’un renoncement, d’une privation volontaire au nom d’une cause ou d’une intention supérieure. Ils ne doivent pas être nombreux les chefs d’Etat, africains notamment, qui choisissent de s’illustrer ainsi. De quoi vit-il, dirait l’autre. Nous avons été nourris, en Afrique, au lait d’une vérité ordinaire, à savoir : l’on va à la politique, non pour servir, mais pour se servir. De ce point de vue, Boni Yayi rame à contre courant. Boni yayi passe pour une exception.

Deuxièmement. Un acte exceptionnel ainsi posé engage la liberté de son auteur. Et c’est parce que cet acte est exceptionnel que cette liberté devrait porter son auteur à le justifier. Il lui importe de rendre claire et explicite pour tous la philosophie sous-jacente. Parce que, d’une part, nous sommes dans l’espace public. Ici, tout effort de clarification participe d’un souci de transparence. A retenir comme un facteur par excellence de bonne gouvernance. Parce que, d’autre part, l’enseignement que porte un tel acte doit être partagé. La sagesse des nations nous apprend (Citation) : « Vous n’enseignez pas ce que vous savez. Vous enseignez ce que vous êtes ». (Fin de citation). Pour dire qu’il sera toujours plus louable de prêcher d’exemple. Et l’exemple est comme un feu. On ne le cache pas. On ne le met pas sous le boisseau.

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Troisièmement. Il serait intéressant de chiffrer le coût du renoncement volontaire du Chef de l’Etat. Peut-être nous serions-nous rendu compte que ce qui est actuellement laissé dans les caisses de l’Etat aurait été mieux orienté, par l’intéressé lui-même, vers diverses œuvres caritatives et de bienfaisance. Du point de vue de la comptabilité des hommes, on aurait visé l’utilité. Du point de vue de la comptabilité de Dieu, on aurait ciblé l’exemplarité.

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