La matinée d’hier a viré au vinaigre pour les pensionnaires du Collège d’enseignement général de l’Entente sis à Agla (Cotonou). Les forces de l’ordre ont bastonné des enseignants en concertation avec des membres du Front des trois ordres d’enseignement.
9 heures environ au Ceg de l’Entente d’Agla. Course effrénée des élèves dans tous les sens à la recherche d’une sortie. Car, une chasse à l’homme est hautement menée par des forces de l’ordre, matraque en mains bastonnant tous ceux qu’ils rencontrent sur leurs chemins. S’en est suivi une débandade générale dans la cour du Ceg. Des enseignants ont été embarqués après avoir subi la fouge des hommes en uniforme qui étaient comme endiablés. Crâne ensanglanté, bras gonflé, certains élèves ont été emmenés dans une clinique non loin de cette école. A la devanture dudit établissement secondaire, une fumée noire se dégage d’un pneu de camion enflammée, des attroupements d’élèves, des curieux et des policiers venus en nombre impressionnant pour, a-t-on dit, constater l’effectivité de la reprise des cours. Ainsi se résume la matinée d’hier au Collège d’enseignement général de l’Entente. Selon Sosthène do Régo surveillant dudit collège, tous les enseignants étaient présents quand les syndicalistes sont venus s’entretenir avec eux. «Ils étaient là quand un véhicule de police a fait irruption et a foncé tout droit dans le tas. Et c’était des coups de matraque et le censeur qui discutait avec eux, ils lui ont dit qu’il n’y a pas d’explication à donner. Tout le monde devait embarquer», a expliqué cette autorité dont l’avant bras droit est enflé. «Ils ont embarqué tous les collègues après les avoir proprement molestés», ajoute-t-il. Des recoupements, les syndicalistes étaient venus demander aux enseignants d’observer la grève sur le tas, d’aller en salles sans faire les cours. «Entre nous est-ce qu’un professeur peut aller dans une classe et ne pas travailler?», s’indigne Sosthène do Régo. Même le censeur de l’établissement a failli être embarqué par les forces de l’ordre. Et pourtant, «le censeur est allé les voir pour leur dire d’aller en classe et que la discussion a déjà duré 20 minutes», a confié le surveillant.
La réaction des élèves
Devant cette violation des franchises scolaires et la bastonnade des professeurs, les élèves ont réagi. Demandant qu’on libère les professeurs et jettent des pierres. Face à cette situation, les policiers ont tiré en l’air et sont partis avec des enseignants. La suite, un tohu-bohu et on pouvait entendre des élèves scander «libérez nos professeurs, libérez nos professeurs… ». Le surveillant déclare «Nous même administration, dans un premier temps les élèves nous ont séquestré parce que pour eux, c’est nous qui avons fait venir les policiers ». Ils s’apprêtaient à bloquer la voie pavée quand ce dernier a pris sa moto et est allé les dissuader. Il n’a pas échappé à des coups des élèves révoltés et résolus à en finir avec tout le monde.
Revenu dans l’enceinte de l’établissement, tout le monde est surpris par la venue d’un groupe de Compagnie républicaine de sécurité (Crs). Ils jettent des gaz lacrymogène aux alentours du Ceg. De l’intérieur, certains élèves lancent des pierres. «J’essayais de les canaliser quand les Crs sont venus et nous même ils nous ont tapé correctement », a lâché l’autorité. «J’en porte des séquelles», poursuit-il en exhibant son avant bras enflé. Pour Olga élève du collège, «c’est inconcevable qu’on ait de telle situation dans un lieu de savoir». A Prince, un autre pensionnaire de s’insurger «nous ne pouvons pas accepter qu’on amène ainsi nos parents. Car en plus d’être nos professeurs, ils sont nos parents». Dans le rang des vendeuses de nourriture dans l’enceinte du Ceg, c’est la consternation. Mine grave et insurgée, une vendeuse demande au gouvernement «d’entendre ce que disent les enseignants». Car, la situation n’est pas reluisante chez elles aussi. «Ce que nous avons préparé aujourd’hui, qui va les acheter alors que les élèves ne sont pas au cours?», s’interroge-t-elle.
Des témoignages, il ressort que six civils ont été blessés et ont été amenés dans un hôpital privé non loin du collège. Une situation qui vient donc crisper d’avantage l’atmosphère déjà délétère entre le gouvernement et les enseignants.
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