Comme conséquence de la reculade du gouvernement sur le Programme de vérification des importations de nouvelle génération (Pvi-ng), la société Bénin Control, chargé de la mise en œuvre de la réforme, a suspendu ses activités. La nouvelle est tombée hier. Constat.
«Nos bureaux sont fermés jusqu’à nouvel ordre ». C’est ce message signé, « La direction générale de Bénin Control » et affiché à l’entrée principale du bâtiment abritant ladite la direction qui a accueilli les usagers des services de la société qui s’y sont rendus hier. La nouvelle est tombée dans la matinée de ce mercredi 28 mars 2012. La société Bénin Control, chargé de la mise œuvre du Programme de vérification des importations de nouvelle génération (Pvi-ng) est en cessation d’activité jusqu’à nouvel ordre. Descendu sur le terrain dans l’après midi, on a pu donc constater au niveau du direction générale de la société sise au quartier Zongo, zone résidentielle, où se mènent les démarches administratives concernant la vérification avant embarquement, l’inspection par scanner (scanning) et le suivi électronique (tracking), des portes hermétiquement fermées. Dans le parking, quelques motos et véhicules garés. On apprend que certains agents sont aux postes. Seulement, les locaux sont inaccessibles aux clients. A l’annexe située derrière la pharmacie Camp Guezo, la situation est identique. Ici, c’est le centre de formalités de transit de véhicules d’occasion. On peut lire déjà au portail « fermé jusqu’à nouvel ordre ».
Jusqu’à la fin de la confusion…
Selon des sources proches de la direction générale de Bénin Control, cette décision de cessation d’activité provient du Conseil d’Administration de l’entreprise. A l’origine, la reculade du gouvernement dans la mise en œuvre du Pvi-ng et plus précisément la confusion observée ces derniers jours dans la conduite de certaines formalités au port autonome de Cotonou. Il s’agit notamment de la reprise en main par la douane depuis la semaine dernière des opérations d’escorte des véhicules d’occasion. Alors que selon les clauses du contrat qui lie Bénin Control à l’Etat béninois, la conduite de ces formalités est du ressort exclusif de Bénin Control. Des commentaires évoquent, à ce propos, des « altercations » entre des inspecteurs de la douane et des agents de la société en début de semaine. Des sources bien infiltrées dans le sérail présidentiel informent quant à eux « d’une malaise dans les relations » entre le président de la république, Boni Yayi et le promoteur de Bénin Control, Patrice Talon.(voir article en face-NDLR).
Désolation et inquiétude chez les clients
Interrogation, inquiétude et désolation. C’est ce qu’on peut lire sur le visage de quelques usagers des services de Bénin Control Sa rencontrés à la direction générale de l’entreprise dans l’après midi d’hier. « C’est la déception. Chaque jour qui passe, les conteneurs au port nous créent des frais supplémentaires », s’alarme Maurice K., venu pour vérifier l’évolution de son dossier. Edmond, présent, lui, pour corriger de numérotation d’un conteneur s’indigne : « Il faut maintenant faire face aux surestaries et aux dépôts de douane ». Chez Tianéhou et Crespin, c’est beaucoup plus l’étonnement et l’interrogation. Le premier était là pour retirer une autorisation de vérification avant embarquement. Le second y était «pour faire des courses pour son patron».
Léonce Gamaï
Justificatif démenti
Toujours dans le cadre de ce dossier Pvi-ng, le ministre en charge de l’économie maritime a adressé deux courriers en date du 13 mars au président du Conseil d’administration de Bénin Control. Ces courriers ont été largement diffusés et commentés dans la presse la semaine dernière. Dans la seconde correspondance référencée N°0057c/MDCEMTMIP-PR/DC/SGM/SP-C et ayant pour objet «demande de renseignements », le ministre justifie les nouvelles dispositions prises par le gouvernement en ces termes : «Ces mesures sont prises par le gouvernement dans le cadre de l’obligation de reddition de compte du gouvernement au peuple béninois et pour éviter d’être pris au dépourvu par la communauté internationale (France-Usa) qui promet de venir auditer les contrats de partenariat que l’Etat a signés avec les privés». Nous avons mentionné ce motif dans un commentaire titré « Reculade du gouvernement sur la mise en œuvre du Pvi-ng : Tout ce marathon pour aboutir à une marche à reculons » et publié dans notre production d’hier. Des sources proches de l’ambassade de France au Bénin démentent cette information selon laquelle la France aurait promis de venir auditer les contrats entre l’Etat béninois et les privés. Selon elles, il n’en a jamais été question. Cela relève de la souveraineté de l’Etat béninois.
Yayi-Talon : la rupture
Le courant ne passe plus entre le Chef de l’Etat et son mécène numéro un Patrice Talon, Pdg de Bénin Control. La cause : le non respect des termes du contrat qui lie l’Etat béninois à la société Bénin Control. Le second reproche au premier de vouloir remettre en cause le contrat qui le lie à l’Etat béninois. Selon des sources concordantes, la mésentente entre les deux hommes a atteint depuis des jours son point culminant. En effet, selon les mêmes sources, les deux hommes se sont rencontrés en fin de la semaine dernière. L’initiative aurait été prise par le Chef de l’Etat afin d’aplanir les divergences. Mais curieusement, le Chef de l’Etat a abordé la question du coton mais son interlocuteur a voulu savoir sur l’avenir du Pvi et en a fait une question préjudicielle. La rencontre a mal tourné et les deux se sont séparés dos à dos sans pouvoir s’entendre sur l’essentiel. Au contraire, ils auraient échangé des mots pas très doux. Dans l’entourage de Patrice Talon, on dénonce un non respect de l’engagement pris par le gouvernement et une facilité à amender de façon unilatérale les clauses du contrat. C’est dans cette confusion que le Conseil d’administration de la société aurait décidé de surseoir provisoirement à ses activités en attendant une réaction officielle du gouvernement.
Marcel Zoumènou
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