Nommé, il y a quelques semaines dans des conditions rocambolesques, le nouveau Dg adjoint de Bénin Télécoms, l’opérateur historique des télécommunications au Bénin, est désormais boudé par les directeurs centraux de la maison et va devoir seul faire face à son sort
Après un premier acte, sans suite, en la forme d’une lettre de protestation adressée à leur ministre de tutelle, pour fustiger la décision de nommer Patrick Yayi au poste de Dg adjoint, le personnel d’encadrement composé des directeurs techniques et centraux de Bénin Télécoms est passé à l’offensive. Ils viennent de rencontrer leur Directeur général à qui ils ont, à nouveau, notifié leur désapprobation, cette fois légèrement plus corsée, de ne pas reconnaitre l’autorité du Dg adjoint, si l’acte de nomination de ce dernier n’est pas rapporté.
Sans réussir à les en dissuader, vu leur détermination d’aller jusqu’au bout, le Dg Bénin Télécoms, selon nos sources généralement bien informées et proches du dossier, leur aurait tout bonnement demandé de consigner par un écrit revêtu de la signature des parties prenantes, les exigences qui lui avaient été préalablement et verbalement exposées. En rebondissant, les cadres de l’operateur national des télécoms au Bénin dressent leurs récriminations qu’ils font parvenir à leur première autorité de tutelle à charge pour elle de les transmettre au ministre Max Ahouèkè de l’Information et des Télécommunications.
Ainsi, passé le temps des griefs clairement énoncés, mais restés sans effet, les cadres de la société décident de réduire à sa plus simple expression celui qui, aujourd’hui Dg adjoint, n’était hier que le sous-directeur multimédia de Bénin Télécoms. Comment entendent-ils s’y prendre pour y parvenir? La lettre de protestation au Dg mentionne notamment la décision de boycotter toutes les réunions convoquées et présidées par Patrick Yayi et la mise pure et simple à la poubelle des notes de service édictées par ce dernier dans ses nouvelles fonctions de Dg adjoint.
On en conclut que par cette menace déjà mise à exécution, selon nos informations, le personnel technique et de management de Bénin Télécoms S.a indique sa détermination à mettre le nouveau Dg adjoint à l’écart de tous les actes de gestion, y compris ceux de son ressort, histoire de mettre la pression sur qui de droit pour le voir rapporter l’acte de nomination de Patrick Yayi.
Consacré 2è personnage de Bénin Télécoms S.a, par un arrêté ministériel en date du 17 Février 2012, Patrick Yayi, neveu du président de la République, est parachuté, en cinq ans d’embauche, au sommet de la hiérarchie de l’entreprise. C’est en 2007 que l’homme entre dans la société par le truchement d’un CDD qui fait grand bruit du fait du traitement salarial hors convention collective que le contrat prévoit: 700 000 F Cfa par mois. Entretemps, une tentative de convertir son CDD en contrat à durée indéterminée échoue, à cause de la vigilance des travailleurs de la société. Mais déterminé, le ministre Max Ahouèkè, sans consulter le Dg Bénin Télécoms revient à la charge et prend l’acte de nomination qui «promeut» le jeune inexpérimenté au poste de Dg adjoint. Au mépris des statuts, du décret 2011-758 du 30 novembre 2011 et de la loi 88-005 du 26 avril 1988 qui indiquent les procédures de nomination et les conditions d’éligibilité à ce poste stratégique. Sa nomination n’aura pas ainsi été préalablement proposée par le Dg et le Conseil d’administration n’aura pas non plus donné l’avis motivé que requiert la procédure légale préétablie. On comprend dès lors que son acte de nomination soit gardé secret jusqu’au début du mois courant où, lui-même juge utile, avant sa prise de service, de propager la «bonne nouvelle». Pendant ce temps, la situation de l’entreprise, elle, n’est pas des plus roses avec des résultats d’exploitations négatifs sur la période 2007 à 2010. Et pour sortir de l’ornière, un Groupe dit de Réflexion pour le Développement du Secteur des Télécommunications (GRDST) formé des cadres et experts de la maison se met en place, pour dit-il, sauver Bénin Télécoms du naufrage. Ces membres jurent de «ne plus se taire en n’étant plus prêts à collaborer avec des dirigeants parachutés et inexpérimentés». L’action en cours au sein de l’entreprise s’inscrit dans ce combat qui vient d’être engagé. A suivre
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