Le domicile officiel de l’ambassadeur du Bénin à Bruxelles offre une image peu enviable de son pays à l’extérieur, notamment par rapport à sa diaspora vivant en Belgique. Ceux qui s’y sont rendus ces derniers temps en conviennent. Tous. Y compris l’ambassadeur Charles Borromée Todjinou qui, face à l’évidence, a fini par l’admettre.
Au 2, Avenue des Chasseurs à Waterloo (Bruxelles), la résidence de son Excellence, l’ambassadeur du Bénin dans la juridiction du Benelux, est réputée n’avoir pas été entièrement livrée dans l’état humainement habitable qui sied à la dignité du représentant légal et souverain de l’Etat béninois. Et, devant les insuffisances notées dans les travaux de rénovation de ladite résidence, Charles Borromée Todjinou, son actuel locataire, n’est pas loin de solliciter du gouvernement de sa République -s’il ne l’a déjà fait- un nouveau financement qui lui permette de mener à bien le projet d’investissement public (PIP) initial qui le porte.
«Comment arrive-t-on à aménager, pour y vivre, dans un bâtiment dont le système de climatisation nouvellement installé n’a jamais fonctionné pendant que celui du chauffage central est défaillant bien qu’il aurait été également changé?», s’interroge-t-on, une fois dans les lieux.
D’un coût global dépassant les 600 millions de F CFA, la réalisation de ce projet de rénovation du domicile officiel de son Excellence avait pourtant tout prévu. Et ne méritait pas de s’achever sur une note mitigée pas très encourageante, ni rassurante quant à la manière de gérer les fonds publics mis à disposition. Et l’avis des experts d’une mission dépêchée à Bruxelles par le gouvernement béninois en vue de recevoir livraison de ladite résidence est formel là-dessus et dit en gros: «reçu, mais beaucoup reste à faire».
La mission avait en son sein l’ambassadeur sortant, M. Euloge Hinvi. Elle a eu des séances de travail les 07 et 08 août 2008 avec le cabinet d’architectes Orts/Deltombe avant de conclure: «après avoir visité et inspecté toute la résidence avec ses équipements, la commission atteste que les travaux de rénovation ont été exécutés conformément au cahier de charge et aux règles de l’art à la grande satisfaction du maître d’ouvrage».
Cependant, seize (16) observations et sept (7) recommandations de taille ont été formulées par la commission, lesquelles exigent du maître d’œuvre (le cabinet d’architectes Orts/Deltombe) d’inviter toutes les entreprises concernées à lever toutes les observations au plus tard à la fin du mois de septembre 2007 avant le paiement du dernier acompte au maître d’ouvrage.
Nos sources précisent que c’est grâce à la vigilance du chargé d’affaires par intérim de l’époque et, actuel ministre conseiller, Auguste Adjahi, que ces défauts ont pu être consignés dans le procès verbal de réception.
En conséquence, dans ce document, il est notifié noir sur blanc qu’«eu égard à tout ce qui précède et sous réserve de la prise en compte de la recommandation ci-dessus d’une part, et des vices cachés d’autre part, la commission a prononcé ce jour vendredi 08 août 2008 la réception provisoire des travaux de rénovation de la résidence de l’ambassadeur du Bénin à Bruxelles».
La réalité est que les vices dits cachés étaient de nature à recaler normalement ladite réception au regard de la longue liste des observations et recommandations ainsi que de la nature de ces dernières. En effet, certains cadres membres de la commission venus de Cotonou ont manifesté leur étonnement quant à la consommation du crédit à hauteur de 630.000 euro (413.280.000 F CFA) sur les 900.000 euro (590.400.000 F CFA), la toiture et l’extérieur du bâtiment n’ayant pas été rénovés et n’ayant reçu que de la peinture pour toute rénovation.
Comme il ne fallait pas s’y attendre, aucune des observations et recommandations de la commission n’aura été levée et sans que le dossier ne soit vidé, le nouveau locataire de la résidence de Waterloo serait en train d’entreprendre des démarches pour se faire attribuer de nouveaux crédits aux fins d’engager les mêmes dépenses au titre du même bâtiment. En matière de gestion, cela s’appelle «faire du double emploi». A cause d’une résidence livrée en piteux état!