Samedi dernier au club de lecture à l’Institut français du Bénin, il était question de la distorsion du français en Afrique. L’entretien du jour est focalisé sur l’œuvre «Les voleurs de la langue française : traversée de la francophonie littéraire» de Jean-Louis Joubert. Il a été animé par Jérôme Tossavi.
‘’Les langues françaises dans l’espace francophone à partir de l’œuvre de Jean-Louis Joubert intitulée «les voleurs de la langue française : traversée de la francophonie littéraire»’’. C’est autour de ce thème que les amis du club de lecture se sont réunis samedi dernier à l’institut français du Bénin de Cotonou. Il était question avec Mr Jérôme Tossavi, invité du jour, de débattre de l’influence des langues africaines sur le français.
Il en ressort des explications de l’invité, que de la cohabitation des langues africaines et du français naissent des néologismes que celle-ci enregistre et du coup s’enrichit. A titre illustratif il cite «raphia» employé dans le milieu malinké, «vaudou» employé dans le milieu fon et «awalé» un jeu africain. Cette transformation du français a donné lieu à une littérature que Joubert dans son œuvre appelle «la littérature voyou» dont Ahmadou Kourouma et son disciple Florent Couao-Zotti abreuvent leurs lecteurs. Mais rectifie Tossavi, c’est Paul Hazounmè avec son ouvrage historique «Doguicimi» qui est le précurseur de ce genre de littérature contrairement à certaines allégations qui font de Kourouma le précurseur. Dans ce livre on rencontre des formules comme ‘’Fils de la lune’’ pour désigner les étoiles ; ‘’le soleil a tourné le coup’’ pour désigner l’après midi… Cette littérature est selon lui celle qui relate exactement la quintessence les réalités culturelles africaines. Pour la circonstance des extraits de « les soleils des indépendances », « En attendant la vote des bêtes sauvages» d’Ahmadou Kourouma et de «Doguicimi» de Paul Hazounmè ont été lus pour faire vivre à l’assistance cette littérature.
Revenant sur le titre voleur de langue de l’œuvre de Joubert, il affirme que bien qu’étant péjoratif, il exprime une réalité linguistique patente dans l’espace francophone.
Pour l’invité cette distorsion du français n’est pas sans conséquence. Elle engendre des problèmes d’ordre sémantique et de compréhension entre les locuteurs du français de différents pays. « Qu’un Béninois appelle ‘’carré’’ une parcelle, le Français vivant en France ne le comprendrait pas» a-t-il expliqué. Aussi continue t-il des verbes dont ‘‘grèver, droiter, romper’’ que des intellectuels emploient allègrement sont absents dans le dictionnaire français.
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