En attendant la prospérité nationale partagée

La crise du monde syndical des trois ordres d’enseignement du Bénin, on peut l’affirmer d’autorité, n’épargne personne. A moins de ne pas être un national du pays. Car, si pour certains, leurs mômes sont au frais et à l’abri des remous sociaux que vit l’école publique -pour les avoir inscrits dans des académies internationales sur place ou à l’étranger- il est évident que pour tous, il y a de la famille, à côté, qui se plaint du blocage de la situation des enfants.

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Bientôt deux mois qu’ils sont là, à faire le va-et-vient entre leur domicile et l’école, à revenir à la maison sans plus recevoir le moindre enseignement de leurs encadreurs, instituteurs du primaire et «professeurs» pour ceux du secondaire. Le représentant des parents d’élèves à la dernière rencontre multipartite initiée sur la question par le chef de l’État a bien fait de stigmatiser la délinquance relative à laquelle élèves et écoliers sont désormais soumis et déploré les vingt-neuf cas de grossesse (un record!) d’élèves filles déjà enregistrées sur la période des débrayages. Cette situation regrettable, et en rien inédite, est plutôt le lot quotidien devenu cyclique au Bénin, depuis la première année scolaire blanche (1988-1989) du renouveau démocratique.

Malgré les efforts de sensibilisation et de conscientisation des syndicats à l’égard de leurs militants, tout comme les énormes moyens financiers déployés par les gouvernements successifs au profit du secteur, il apparait tangible que de lourds sacrifices sont encore à consentir pour parvenir à un apaisement définitif du climat social de l’école béninoise et faire se normaliser son calendrier scolaire. Surtout dans l’enseignement supérieur qui s’est engagé d’aligner son fonctionnement sur le système européen du LMD (Licence-Master-Doctorat).

«En finir avec les grèves à répétition!», tel est le souhait de beaucoup et le cri de cœur formulé de l’éditorialiste, directeur de la publication de votre quotidien, dans sa livraison d’hier. Pour parvenir à faire se réaliser ce vœu, il ne s’agit pas de montrer des muscles et voir celui qui peut frapper le plus fort et le plus vite mais de chercher la conciliation qui permet d’aplanir les divergences nées du fait que les syndicats s’accrochent à ce qu’ils croient être des droits acquis que le pouvoir balaie du revers de la main.

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En vérité, au-delà de la mobilisation des leurs quant à la nécessité de défendre, par principe, leurs intérêts, les syndicats d’enseignants et leurs militants sont confrontés, plus que d’autres citoyens à la réalité têtue des prix sur le marché. C’était déjà des gagne-petit. Et malgré toute leur bonne volonté, leur engagement à poursuivre la lutte faiblirait difficilement face aux menaces proférées à tort et à travers et par actions de communication groupées conduites de mains de maitre par… le chef de l’État, lui-même. Ne pas disposer de ressources pour faire face à la grogne des enseignants-éducateurs des écoles, lycées et collèges, comme le prétend Boni Yayi, devrait au contraire l’inciter, en premier, à prendre des initiatives, les responsabilités du gouvernement et de l’Etat dont il est le garant étant, par ailleurs, entièrement engagée.

A propos d’initiatives, il s’agit, entre autres, de s’engager à faire prendre une loi qui fasse jouer la solidarité nationale, en attendant que la «prospérité nationale partagée», comme aime à le proclamer le président de la République, ne soit chose possible. Un exemple parmi tant d’autres serait d’imposer à quiconque met en location une maison lui appartenant d’exiger le paiement de 3 mois de loyer sans plus, en guise de caution de préavis et non plus les 6 à 12 mois écrasants pour les maigres salaires mensuels jamais indexés au coût réel de la vie, ni à l’évolution économique du pays.

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