Elle ne sait pas faire du tam-tam. L’Eglise catholique du Bénin, sans tambour ni trompette, vient de se signaler à l’attention des Béninois par une entreprise d’envergure: les Assises catholiques sur l’engagement du chrétien dans la cité. Une entreprise pharaonique par l’ampleur des tâches à engager, le niveau des investissements à consentir.
Les Assises catholiques sur l’engagement du chrétien dan la cité, c’est quoi? C’est pourquoi? Pour quels résultats? Tout part de l’examen de l’existant. Ceci en termes d’un état des lieux à dresser, d’un diagnostic à poser. Il s’agit de nous regarder dans notre miroir et de nous saisir tels qu’en nous-mêmes. Sans mensonge. Sans complaisance.
A certains tournants cruciaux de son évolution, le Bénin a pu négocier, sans coup férir, les zones de turbulence qu’il a traversées, pas loin de se laisser prendre dans la spirale d’une crise majeure. Cela suffisait-il pour faire accréditer l’idée selon laquelle nous sommes un pays béni de Dieu ? Des esprits plutôt superstitieux, ont fini par faire croire à tous ceux qu’ils prenaient dans leur nasse, que nous sommes et que nous restons le pays où tout est et sera pour le mieux dans le meilleur des mondes. Quoi qu’il advienne.
La Bible, dans Romains 8 : 28, nous enseigne ce qui suit : «Tout converge vers le bien pour ceux qui aiment Dieu, respectent et appliquent ses commandements». Ce à quoi le Coran, XII, II ajoute : «Dieu ne modifie pas l’état d’un peuple, tant que les individus qui le composent ne modifient pas ce qui est en eux». Le bien à promouvoir d’une part, la nécessité de s’aider pour espérer bénéficier de l’assistance divine d’autre part, ont poussé l’Eglise catholique à faire une option capitale : la prise en charge de soi par soi et pour soi, sans aliéner sa liberté, sans rien retrancher de sa responsabilité.
Personne, en effet, ne viendra, de l’extérieur, construire le Bénin en lieu et place des Béninois. Et le pays ne s’éclairera, ne s’illuminera que des couleurs, que de l’incandescence de l’espérance que les Béninois sauront entretenir en eux. Autrement dit, nous récolterons, selon l’infaillible comptabilité de Dieu, ce que nous aurons semé.
Mais alors, sur quelle terre allons-nous semer? En rapport avec le concept des Assises, quel est l’état factuel et actuel du pays sur le terreau duquel nous rêvons de faire pousser l’engagement du chrétien? Le diagnostic établi met le doigt sur nos insuffisances et manquements bien connus: nos mentalités toujours rétives à la culture démocratique, la politique comme un raccourci commode pour se servir, mais non pour servir, l’inculture et l’incompétence de nombre de «professionnels de la politique», la carence de base éthique et morale, ce qui tend à faire de l’homme un loup pour l’homme. Ce diagnostic n’oublie pas nos péchés mignons de toujours comme la mauvaise gouvernance, la corruption, le régionalisme…etc.
C’est à partir de ce sol que sept ateliers, organisés en sept groupes thématiques, élèveront leurs recherches et leurs réflexions à la hauteur de ce que doit être, aujourd’hui, «l’engagement du chrétien dans la Cité». Avec ce que cela connote de valeurs à restaurer ou à promouvoir. Avec ce que cela suppose de sens de l’humain à investir dans toutes nos approches et démarches. Avec ce que cela impose comme exigence pour que le chrétien engagé soit effectivement «le sel de la terre et la lumière du monde».
C’est au bout de cette longue migration intellectuelle et spirituelle que les Assises catholiques sur l’engagement du chrétien dans la Cité aborderont, à l’horizon de juin 2012, l’heureux temps des moissons. A cette échéance, un Plan d’Action, sorte de feuille de route, consignant des tâches précise aura été élaboré ; la Charte du chrétien catholique engagé, un condensé des balises pour ordonner la marche de ce dernier, aura été rédigée. Enfin, l’Eglise se dotera d’un instrument de veille citoyenne, sous la forme d’un Observatoire permanent sur la gestion globale du pays, le comportement des citoyens, et la pratique des chrétiens engagés dans la Cité. Que dire de plus ? Nous jugerons l’arbre à ses fruits.