Le vent de débrayage à rebondissements qui s’emparé de l’école béninoise depuis plus de 06 semaines change la direction des élèves. Désormais le Nord de leurs boussoles indique les chantiers de constructions pour certains et les points de vente pour d’autres.
Quand le rythme de la musique change, la cadence change dit un proverbe fon. Les écoliers et élèves l’ont compris et les impacts sont déjà patents. Absents des salles de cours depuis plus de 6 semaines en raison de grève prolongée, ils s’adonnent à d’autres activités pour s’occuper. Les scolaires ont troqué leurs uniformes kaki contre blue-jeans et tee-shirt pour prendre d’assaut les chantiers en construction. A Calavi où ces chantiers foisonnent, la situation est édifiante. Ignace et Claude, deux élèves, pelles entre les mains et remuant sable et ciment sur un des chantiers à Agori affirment qu’ils sont depuis deux semaines des «aide maçon» pour capitaliser le temps libre qu’ils ont. «On a tellement espéré que la situation revienne à la normale mais en vain » se désolent-ils, avant de conclure : «chaque jours on gagne chacun 1500F Cfa. Si enseignants et gouvernement veulent, s’entendre, tant mieux ! Pour notre part on ne se plaint pas». Un détour sur un autre chantier de construction situé au quartier Sèmè et le scénario est identique voire déconcertant. Guillaume, un écolier de 12 ans en classe de CM2 vivant à Porto-Novo raconte : « j’ai accompagné mon père sur son chantier pour l’aider dans ses travaux de maçonnerie à cause des grèves». Allégation que Dansou, le père en question confirme. « Si je le laisse à la maison, il ne fera que s’amuser tout le temps, or il est un garçon » justifie- t-il. Sur les lieux, en plus d’élèves «aide maçon» se trouve un autre, Frédy marteau en main travaillant avec son frère aîné en tant que «aide électricien bâtiment». Comme eux ils sont nombreux à se lancer dans des activités similaires. Et c’est le cas de Paulin, élève en classe de terminale convertis en vendeur ambulant de produits chinois qui avoue qu’en dehors du fait qu’il ne voudrait pas laisser les études, il trouve du goût à son nouveau job. «En moyenne je gagne entre 2000 et 3500 F Cfa par jour depuis environ 08 jours que j’ai commencé» atteste-t-il.
Sans distinction de sexe
La situation s’est étendue aux filles. La particularité chez celles rencontrées est qu’elles ne sont pas rémunérées mais elles ne manquent pas d’en tirer profits. Irène est dans une boutique de divers à quelques mètres du carrefour Iita. « Ma maman m’a demandée de la relayer jusqu’à ce que la situation se normalise. Ceci me permet de ne pas m’ennuyer à la maison» a-t-elle confié. Contrairement à elle Agnès élève en classe de 5ème au Ceg1 de Calavi et vendeuse ambulante de condiments affirme : « En attendant que les cours reprennent j’aide ma maman dans son commerce et j’en profite pour faire quelques économies». Idem pour Aubierge, vendeuse de pâte rouge communément appelé « djè wo » en langue fon, qui laisse entendre : «c’est malgré moi que je vends la pâte. Mais c’est la faute aux protagonistes qui ne se soucient pas de notre avenir».
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