Après les menaces de défalcation et de radiation du gouvernement, les enseignants grévistes étaient hier en assemblée générale dans plusieurs collèges et lycées du pays. Au collège d’enseignement général de Gbégamey dont la bibliothèque a servi de cadre, le Front a, à travers des séances d’explications, rassuré et rallié les reversés.
Le bras de fer entre gouvernement et enseignants semble s’intensifier au fur et à mesure que l’ultimatum du gouvernement tire à sa fin. La menace du chef de l’Etat de procéder à des retenues sur salaire et aux radiations des enseignants grévistes prend effet dès le lundi prochain. Et les plus menacés sont les « reversés », notamment les communautaires et les contractuels de l’Etat, qui ne savent à quel saint se vouer. C’est justement pour leur expliquer le bien-fondé de la grève et les rassurer, que les membres du Haut conseil de l’éducation étaient en assemblée générale hier, dans plusieurs établissements de notre pays. Au Ceg Gbégamey, Eustache Zinzindohoué, Eric Senou, Nestor Agbidinoukoun et les autres ont dopé le moral de leur troupe et se sont surtout adressés aux enseignants dits « reversés ». A en croire leurs propos, le gouvernement veut mettre à l’épreuve les « reversés » en agitant le décret de leur contrat comme moyen de chantage. Pour les manifestants, céder à cette pression du gouvernement, c’est renoncer à ses droits de revendication et de grève. A l’appel à la vigilance et à la solidarité des responsables syndicaux, les grévistes répondent favorablement. «On est ensemble et on mourra ensemble», disent-ils pour affirmer leur solidarité dans cette lutte qu’ils disent commune à la fois aux agents permanents mais aussi aux contractuels. «Si radiation, il y aura, qu’elle soit collective. Que le président radie les 53 000 enseignants», martèlent-ils. Selon les explications d’Eric Senou, membre du Front d’action, le gouvernement ne peut décider unilatéralement de la radiation des enseignants contractuels au vu des articles 1, 2, 3, 17, 24, 32, 41 et 43 du décret 2008-377 du 24 juin 2008 portant régime juridique des agents contractuels de l’Etat. Le syndicaliste dit également ne pas comprendre la politique de deux poids, deux mesures du gouvernement. En effet, il n’avait pas radié les agents contractuels de l’Etat des autres secteurs lorsque ces derniers étaient en grève. C’est le cas des agents du ministère de l’économie et des finances qui avaient fait huit mois de grève. Pour ce qui est de la nouveauté de la revendication des enseignants, le syndicaliste Nestor Agbidinoukoun s’inscrit en faux. « L’allocation d’incitation à la fonction enseignante est une revendication vieille de 20 ans », précise-t-il. A quand la reprise des cours, rien de précis n’a été décidé. Et la grève continue.