Les relations commerciales entre le Bénin et le Niger ont été fréquemment brouillées ces derniers temps. Au cœur de ce récurrent désaccord, le port de Cotonou dont les prestations sont souvent l’objet de mécontentements de la part des opérateurs économiques nigériens. Dernière brouille en date, le 15 février dernier lorsque la Chambre du commerce et d’industrie du Niger a pris la décision de boycotter le Bénin.
Les relations entre le port et son client qu’est le Niger ont été ponctuées ces mois-ci par des hauts et des bas. Tantôt conviviales, tantôt tumultueuses. C’est selon l’humeur des opérateurs économiques de ce pays décidés à ne pardonner aucune faute. Et comme un serpent de mer, la menace de boycotter le port de Cotonou sort la tête de façon cyclique. Le Directeur général du port, en plus de l’ambiance délétère à l’interne, née des poches de résistance aux reformes engagées par le gouvernement, doit encore gérer ce dossier fumant. Et pour cause, depuis quelques mois, cette relation commerciale séculaire connaît quelques couacs. En vérité, ceci est lié aux nouvelles exigences du client qui est devenu plus grand et plus ambitieux. Le Niger de 1960 n’est pas celui d’aujourd’hui. Encore dans les ornières il y a quelques années, ce pays compte aujourd’hui dans le concert des nations avec une croissance économique qui évolue à un taux exponentiel. En 2012, cette croissance serait de près de 12%. Le budget du pays est passé brutalement à 1500 milliards Fcfa. En moins de cinq ans, il est devenu un des meilleurs producteurs de l’uranium au monde. Idem pour l’or sans oublier les nombreux gisements de pétrole découverts. Personne n’a semblé voir le petit client grandir et se prospérer au fil des ans. Et comme le riche est toujours plus exigeant, le Niger d’aujourd’hui a commencé à en donner la preuve. Le marché et les potentialités économiques actuelles du Niger intéressent beaucoup de pays de la sous-région et il n’est un secret pour personne que la Côte d’Ivoire et le Togo sont actuellement des concurrents sérieux pour le Bénin dans la sauvegarde du marché nigérien. Devenu ainsi la coqueluche de tous, le Niger pose plus de conditions. A être regardant envers tout. La sécurité et le temps du transit sont des aspects sur lesquels il ne transige plus désormais. C’est ce qui explique ses nombreuses bourdes envers le port de Cotonou. La dernière en date remonte au 15 février dernier. Ce jour, une Assemblée générale de la Chambre du commerce et d’industrie du Niger a pris la décision après le rapport d’une commission ad’hoc, (selon un article du site Koaci) « les opérateurs économiques du Niger sont résolus à abandonner le port de Cotonou, poumon de l’économie béninoise au profit de ceux de la sous région. C’est la Chambre du commerce, d’industrie et d’artisanat du Niger qui a pris cette décision appelant du coup les opérateurs sous sa tutelle à s’y conformer scrupuleusement », précise le confrère nigérien. Selon lui, « Les difficultés évoquées concernent les actes de violation répétée des conventions et traités internationaux relatifs au transit par le port de Cotonou, la persistance des entraves de toutes sortes », ajoute-t-il. Après la première décision de boycott du port de Cotonou intervenue en 2011, il y a eu les déclarations du président de l‘Assemblée nationale du Niger qui au cours de son voyage au Bénin du 24 au 27Octobre.
Chantage diplomatique
Au cours d’une déclaration à l’Assemblée nationale le 25 Octobre 2011, Hama Amadou a dressé un réquisitoire des relations commerciales entre les deux pays et a averti du retrait de son pays du Bénin si les persécutions contre les opérateurs économiques de son pays ne cessent pas. Mais ce «chantage » diplomatique n’a pu changer les choses puisque au jour du 15 février où ils ont décidé de boycotter à nouveau le port de Cotonou. Avant cela, c’est Yayi qui a lui-même pris l’engagement de rendre plus souples les mesures pour faciliter le transit sur le corridor. Ayant flairé la gravité d’une telle décision, le Dg du port Joseph Ahanhanzo est très tôt entré en négociation avec les autorités nigériennes. Il a bénéficié pour cela de l’appui de la diplomatie béninoise pour amener les nigériens à revenir sur leur décision. Le Dg et son équipe travaille activement pour gommer définitivement ces petites mésententes du passé avec un cadre permanent de dialogue avec les opérateurs économiques du Niger. Et sa méthode semble bien porter ses fruits au regard de l’accalmie notée « Nous avons déjà arrêté cette tempête », se réjouit un collaborateur du Dg. Mais jusqu’à quand le port de Cotonou va-t-il subir les caprices du Niger?