Le Septentrion n’a jamais été absent aux joutes électorales présidentielles. Aussi voyons-nous émerger deux jeunes loups de la mouvance présidentielle, tous deux des universitaires doués : Soumanou TOLEBA et Nassirou ARIFARI BAKO. Et après ceux-là ? Décidément, c’est le temps des professeurs d’université : le second personnage de l’Etat ne dirait pas non apparemment s’il est encouragé à se lancer dans cette aventure. Quant à l’Ouémé-Plateau, ce sera Antoine Kolawolé IDJI, s’il a moins de 70 ans en 2016. Le Zou a ses deux frères ennemis : Léhady Vinagnon SOGLO et Lazare Maurice SEHOUETO. Marcel de SOUZA dont le nom est fréquemment cité à cause de son charisme personnel sera certainement au rendez-vous.
Le gagnant dans tout ce beau monde sera celui qui outre le charisme personnel et l’expérience dans la gouvernance des affaires publiques, aura en même temps derrière lui un puissant appareil partisan. Malgré la générosité toute afro-brésilienne de cette brave fille de Ouidah, ancien Ministre de Boni YAYI et maintenant député à l’Assemblée nationale, IPK ne semble pas apprécier à sa juste valeur la dot politique qu’elle lui a amenée en le propulsant à la tête de l’UDBN ! D’ailleurs, il n’est pas sûr qu’il soit tenté par une aventure présidentielle ; au grand dam de son mentor, l’incontournable Albert TEVOEDJRE dont les dons de voyance et de prophétie semblent ici pris en défaut. Le jeu est plus qu’ouvert actuellement et comme pour le Général KEREKOU, n’attendez pas que le Président de la République se prononce ouvertement et clairement pour un dauphin. Il ne le pourra d’ailleurs pas, car tous les prétendants à sa succession au Palais de la Marina guignent vers son soutien. Plus que jamais, notre démocratie a la maturité de celles qui ne peuvent plus évoluer sans sondage d’opinion ; il ne sert à rien de les commanditer si c’est pour en mettre les résultats sous le boisseau. Nous savons qu’aussi bien l’Un que la Mouvance présidentielle avaient commandité des sondages d’opinion avant la présidentielle de 2011 qui à tous les coups donnaient Boni YAYI vainqueur au premier tour ! Pourquoi avoir dissimulé ces résultats au peuple béninois ? Nous ne pouvons plus nous passer de sondages réguliers. Nous avons désormais de bons cabinets et des experts chevronnés qui ne coûtent pas cher. Cependant, la vieille analyse prospective faite de pronostics et d’analyses stratégiques peut constituer encore des études exploratoires, comme celle que je tente de faire dans cette chronique. Six critères cumulatifs vont me servir de paramètres :
- L’expérience dans la gouvernance publique (l’occupation d’un haut poste politico-administratif) ;
- L’expérience dans la gouvernance politique partisane ;
- Pouvoir compter sur une machinerie politico-partisane organisée et puissante ;
- Pouvoir disposer d’un « trésor de guerre », c’est-à dire de la logistique idoine (ressources humaines et financières) ;
- Bénéficier d’un charisme certain ;
- Pouvoir compter sur un électorat fidèle.
La combinaison de ces six variables m’amène à établir le classement suivant :
Premier : Mathurin Coffi NAGO
Deuxième : Léhady Vinagnon SOGLO
Troisième : Nassirou ARIFARI BAKO
Quatrième : Marcel de SOUZA
Cinquième : Pascal Irénée KOUPAKI
Sixième : Soumanou TOLEBA
Pour ne pas compliquer l’analyse, je me suis tenu aux probables candidats de la Mouvance présidentielle. En effet, il est difficile d’extrapoler sur ce que fera l’UN qui veut se transformer en un seul parti politique et dont le candidat sera alors unique ; sans oublier qu’Abdoulaye BIO-TCHANE n’a pas encore dit son dernier mot. Mais ces deux outsiders pourront difficilement venir à bout des candidats de la Mouvance présidentielle, même si les candidatures seront probablement plurielles au premier tour à ce niveau. Néanmoins, le candidat de l’Un a toutes les chances de venir affronter au second tour le candidat de la Mouvance le mieux placé, et celui-ci le battra. L’erreur stratégique monumentale de la Mouvance serait d’être aveuglée par les mirages d’une prétendue dynamique unitaire, et de penser battre au premier tour tous les candidats ; mirages qui avaient aveuglé l’UN et l’avaient conduite à la débâcle. Le départ de la RB de l’UN a eu cet effet paradoxal de contribuer à rendre possible la transformation de cette alliance en un parti politique; perspective impossible auparavant à cause de ces deux frères ennemis, la RB et Force-clé, qui rivalisent pour s’imposer dans le même fief : le Plateau d’Abomey et d’Agonlin. Surtout que Messieurs Léhady Vinagnon SOGLO et Lazare Maurice SEHOUETO nourrissent tous deux des ambitions présidentielles ! Qui aurait cédé la place et la prééminence à l’autre?
Olivier-Lucien GUEKPON
(Consultant en stratégies politiques et électorales)