Bientôt deux mois que le secteur éducatif est paralysé par une grève persistante, qui met aux prises le corps syndical et le gouvernement béninois. Le front toujours déterminé à porter le flambeau de héro de la lutte, galvanise sa troupe. Bien que légitimes selon les syndicats des trois ordres de l’enseignement, les débrayages intensifs qui bloquent depuis peu l’école béninoise, ne favorisent guère les enseignants vacataires qui sont quant à eux payés en fonction de la masse horaire qu’ils effectuent. Que sont-ils alors devenus ? Adolphe H. est enseignant vacataire dans un collège d’enseignement général de la place. Depuis le début de la crise en janvier dernier, il vit un chômage temporaire et se plaint de la situation:
«Je passe toutes mes journées à chercher un job, de quoi rallier le vide qui se crée dans le milieu scolaire. Les syndicalistes nous interdisent de travailler alors qu’on est payé à la tâche», a-t-il déploré. Et pour nourrir sa petite famille, il se saisit quelquefois de sa vieille moto ‘’mate’’, d’une chemise jaune, essaie de dissimuler son visage sous son casque et se lance à la recherche du premier client pour joindre les deux bouts. Les enseignants vacataires sont très peu nombreux à tenir le coup. Ainsi, certains organisent des séances de travaux dirigés pour, disent-ils, rehausser le niveau des candidats aux divers examens. Cette stratégie hélas, ne profite qu’aux professeurs qui encadrent dans les disciplines comme: les mathématiques, les sciences physiques et dans une moindre mesure, les sciences de la vie et de la terre(Svt). Mais les élèves peinent à prendre l’élan, n’ayant pas connaissance des notions de cours qui puissent leur permettre d’affronter les exercices pratiques. Pour pallier cette insuffisance, certains enseignants utilisent une technique qui emprunte à la méthode universitaire. Ils organisent en effet des cours de renforcement préalables aux séances d’exercices. «Je mets à la disposition des élèves des supports de cours que j’explique ensuite. Après les séances d’explication, j’entame la phase pratique à travers des exercices» a-t-il confié. Cette stratégie lui permet de subvenir un tant soit peu à ses besoins primaires, en attendant le dénouement de la crise. Il ajoute par ailleurs que ce sont les explications de cours qui incitent les élèves à manifester leur adhésion à ces séances informelles. Mais les élèves préfèrent souvent suivre les séances initiées par les agents permanents et contractuels de l’Etat qui à leurs yeux ont plus d’expérience.
Au collège d’enseignement général de Houéyiho, la situation est plus ou moins différente. Le corps enseignant fait un effectif de 215 dont 70 vacataires et 145 agents permanents et contractuels. Selon un enseignant vacataire dudit collège qui a requis l’anonymat, les professeurs qui font des cours de vacation n’ont pas suivi au départ le mot d’ordre de grève. Ayant reçu à plusieurs reprises des menaces du front, ils ont été obligés de se mettre sur le champ de bataille. Mais cette semaine, ils ont repris les cours sur ordre de la directrice. Et les intimidations ont repris de plus belle. «Les émissaires du front sillonnent les salles de classe et relèvent les noms de tous ceux qui sont au cours», a-t-il conclu.
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