A la sortie de la rencontre des négociations entre le Chef de l’Etat et les responsables du Front d’action des trois ordres de l’enseignement au Bénin, tenue dans la nuit du mardi 6 mars et celle avec le premier ministre hier, une confusion est créée. Les enseignants qui réclamaient l’application des dispositions contenues dans le décret 2011-505 du 5 août 2011 en leur faveur semblent pris à contre pied par l’article 2 du décret 2010-101 du 26 mars 2010 portant revalorisation de l’indice de traitements des enseignants de la maternelle, du primaire et du secondaire de 1,25 et modifiant leur plate-forme revendicative. L’allocation d’incitation à la fonction d’enseignant est alors brandie. De sources concordantes, les enseignants auraient déjà bénéficié de la revalorisation de leur point indiciaire de 1,25 depuis 2010. Mais, le mal ici, est que la prime d’incitation à la fonction enseignante, avec le décret 2010-101 du 26 mars 2010, a disparu comme l’a confirmé Paulin Gbénou, porte-parole du Front, à la sortie des pourparlers avec le Chef de l’Etat. C’est bien cela qui a fait l’objet des négociations, d’hier entre les enseignants et le gouvernement; négociations qui ont duré plus de quatre heures d’horloge à l’Infosec à Cotonou.
La position du gouvernement
Le gouvernement semble campé sur sa position, les enseignants n’étant pas concernés par le décret 2011-505 du 5 août 2011. C’est d’ailleurs ce qu’a expliqué le conseiller technique aux affaires sociales du gouvernement, Zakari Ibrahima, lors du point fait des négociations entre le gouvernement et le Front des trois ordres de l’enseignement sur la chaîne nationale. «Le gouvernement ne peut pas payer la même chose deux fois», a martelé le conseiller technique de la Marina, ajoutant que «Les enseignants sont en train de faire une nouvelle doléance». Avec ce revirement constaté dans la résolution de la crise et les différentes positions, notamment celle des enseignants qui n’entendent reprendre les cours qu’à la signature d’un document officiel au sujet de leur prime disparue, la guéguerre est loin d’être terminée.
Les subtilités juridiques ont-elles eu raison des enseignants?
L’intrépidité et la grande détermination affichées depuis quelques jours par les enseignants ont pris un coup depuis mardi soir à la sortie de leur audience avec le Chef de l’Etat. Dans la journée d’hier, les rares syndicalistes –ceux du Front à l’instar des centrales syndicales- que nous avons eus au téléphone se sont montrés très habiles pour détourner subtilement notre attention sur une revendication autre que celle qui a engendré la grève et qui est bien la revalorisation indiciaire de 1,25 accordée à tous les autres travailleurs de l’Etat. Le mardi matin, lors de leur marche sur la primature, on les a entendus dire: «Les syndicats de l’éducation réunis au sein du Haut conseil syndical de l’éducation protestent vigoureusement contre la discrimination dont les enseignants sont victimes dans l’application du décret N°2011-505 du 05 Août 2011». Au sortir de leur rencontre d’hier soir avec le Premier ministre, ils en ont brandi une autre: la revalorisation de la fonction enseignante ou incitation à la fonction enseignante. Une curieuse volte face puisque cette dernière revendication a été consacrée depuis 2010 par un autre décret et dont les enseignants ont commencé à en bénéficier. Que s’est-il alors passé en deux jours? Si les enseignants semblent dissimuler cela, le gouvernement lui ne s’y cache pas. Les enseignants se sont trompés sur l’applicabilité des décrets. Ibrahima Zakari, conseiller aux affaires sociales de Boni Yayi a bien expliqué cette confusion des enseignants au sujet des textes. Selon ses dires, les enseignants eux-mêmes ont fini par le comprendre. Pas question de leur octroyer la même chose deux fois. Ils ont été hélas floués par les subtilités juridiques autour des décrets. Au point où un des leurs a fini par dire: «on a volé un article de notre décret».