Silence! On tue le sport scolaire

 

Le 08 mars 2012, une nouvelle édition de la journée de la femme a été saluée. Beaucoup de joie, de chants, de couleurs pour agrémenter cette journée, que dis-je ce mois réservé à la femme ou tous les problèmes liés à sa vie sont appréhendés, débattus et font l’objet d’attentions particulières. Mes chères sœurs, cette année 2012, je nous demande de réfléchir sur l’activité sportive comme vecteur de développement pour les femmes. N’a-t-on pas coutume de dire : « Un esprit sain dans un corps sain ». Et pour qu’un corps soit sain, il est important de lui accorder toute l’attention nécessaire afin qu’il grandisse se développe harmonieusement.

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Seule une politique volontaire du développement du sport scolaire pourrait apporter à nos filles une pratique régulière du sport dans les établissements scolaires et universitaires. En effet, le rôle majeur des activités sportives dans nos écoles n’est plus à démontrer. A l’époque où j’étais au collège, le sport était une discipline pratiquée de la 6ème en terminale, et les établissements scolaires constituaient un vivier où venaient puiser les responsables des divers clubs sportifs de nos villes. Grâce à l’effort de ces jeunes de nos lycées et collèges, des trophées nationaux et internationaux étaient décrochés, ce qui faisait la fierté de toute la nation.

Ainsi, chaque établissement avait un sport roi, dans lequel il excellait. Si le lycée Béhanzin accueillait au moins six membres de l’équipe nationale de football, j’ai nommé Patrice GBEGBELEGBE, Nourou BELLO, Eloi DOSSA, Alex CHODATON… Pour le hand ball, Expédit CODO et Jean Marie EHUZU (très bon gardien de but, m’a confié leur promotionnaire) étaient des spécimens rares. Théophile MONTCHO, un véloce sans pareil, excellent coureur de demi-fond. Tidjani Noureini SERPOS, très bon basketeur à l’époque, sans oublier Awawou LABOUNA, actuel ambassadeur du Bénin au Niger était aussi une basketteuse de talent. « Ceux qui n’étaient pas dans l’arène allaient supporter les équipes, partout où ils devaient se rendre. De grandes compétitions inter nations étaient organisées : TOGO, NIGERIA, GHANA, BENIN. Ces grands hommes que vous voyez à des postes de responsabilité pleuraient comme des madeleines quand ils perdaient le match. Ceci a même suscité des vocations de reporters sportifs », m’a encore confié mon interlocuteur. Distractions saines, saine émulation pour une jeunesse qui, indubitablement était promise à un bel avenir. Les exemples sont là, sous nos yeux. Le sport ne constituait pas un frein pour les études, bien au contraire, il y participait, et démontrait la véracité de l’opinion d’un esprit sain dans un corps sain.

On était dans les années 60 – 70. J’étais jeune, mais je vivais à Porto-novo, juste en face de la maison de Mr Vincent FLACANDJI, l’entraîneur du club de football, « Etoiles », au firmament de sa gloire. Je voyais passer tous ces joueurs qui fréquentaient pour la plupart au lycée Béhanzin. Mon informateur m’a révélé que c’est par les établissements scolaires que le handball a fait son entrée en Afrique de l’Ouest ; le collège Père Aupiais et le lycée Béhanzin avaient fourni pendant longtemps les meilleurs joueurs. Le lycée Technique était reconnu pour ses célèbres volleyeurs. Qui ne se souvient des GAZAPA du lycée, toutes disciplines confondues ? Célestine ADJANOHOUN et moi étions au collège MEHODA plus tard et avions pris la relève, moi en hand-ball (je n’y ai pas fait long feu), tandis que Célè, ma chère camarade de promotion, amazone redoutable sur le terrain de basket, continue jusqu’à ce jour de transmettre ses connaissances aux jeunes générations.

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Le samedi 10 mars dernier, lors d’une table ronde initiée par l’Union européenne qui a regroupé un panel de femmes ayant du mérite, chacune dans son domaine d’activités, Antoinette Moreira, une monitrice de football à l’école Montaigne a expliqué son parcours à l’assistance : elle avait commencé son parcours de footballeuse au sein sa famille, unique fille d’une fratrie de cinq enfants. Puis elle a adhéré aux clubs civils « Tigresse »et « Flèche noire » dans la ville de Cotonou.

Alors, on ne comprend pas pourquoi la plupart des établissements secondaires publics de notre pays ont décidé de dispenser leurs élèves des activités sportives dans les classes intermédiaires (5ème, 4ème, 2nde et 1ère). Seuls les apprenants des classes de 6ème, 3ème et Terminales bénéficient de l’éducation physique et sportive. Ce qui est dommageable pour les élèves en général, les filles en particulier, puisqu’on veut leur faire faire des prouesses aux examens, alors que durant deux années de suite au moins leur corps est resté au repos.

Qu’un état des lieux soit fait dans nos écoles, pour que les choses reviennent à la normale ; que le sport ne soit plus considéré comme une discipline facultative ou supplémentaire, mais bien une discipline dispensée dans le cadre d’enseignements et d’horaires nationaux pratiqués dans les établissements publics et privés, sur toute l’étendue du territoire.

Car le sport scolaire revêt une double finalité éducative et sociale.

Il favorise l’apprentissage de la responsabilité et de la citoyenneté

Privilégiant l’engagement collectif, il favorise la notion d’équipe

Il permet d’éviter toute forme de violence

Il crée des espaces de socialisation et de concertation qui sont des lieux de formation du futur citoyen.

Le sport scolaire intègre les jeunes à la vie associative et de concertation qui sont des lieux de formation du futur citoyen.

Et pourquoi priver notre jeunesse de tels apprentissages de leur vie future? Surtout les filles qui ont besoin de bien solidifier leur organisme, pour affronter plus tard la maternité et tous ses corolaires. Sans une pratique régulière du sport, elles risquent de vite vieillir et ce serait dommage pour leur santé et leur carrière. C’est pour cela que je tire la sonnette d’alarme, durant cette fête du 8 mars 2012, afin que quelque chose soit fait pour changer la donne. Nos filles veulent faire du sport, du primaire en fin terminale du secondaire. C’est extrêmement indispensable pour leur hygiène de vie; important pour garder la jeunesse de leur corps. Pour être apte à participer pleinement et durablement au développement de notre pays, aux côtés des hommes.

«Un esprit sain dans un corps sain».

Adélaïde FASSINOU – ALLAGBADA
Professeur de lettres – Ecrivain

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