Reculade du gouvernement sur la mise en œuvre du Pvi-ng : tout ce marathon pour aboutir à une marche à reculons

Après avoir défendu mordicus le Programme de vérification des importations de nouvelle génération (Pvi-ng), le gouvernement semble faire marche arrière seulement quelques mois après le début effectif de la réforme. Surprise. On a connu un président bouillonnant, colérique, menaçant. On a aussi connu un président ouvert au dialogue, conciliant, compréhensif. On a connu un gouvernement déchaîné, déterminé à livrer Juda au peuple…Tout cela pour le Pvi-ng à propos duquel le gouvernement fait marche arrière après l’avoir défendu corps et âme.

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En effet, le programme de vérification des importations de nouvelle génération (Pvi-ng), est une réforme introduite par le régime de la Refondation, en vue d’un meilleur recouvrement des recettes douanières au port autonome de Cotonou et de le rendre plus compétitif. Et la Société Bénin Control a été sélectionné à la suite d’un appel d’offre international pour la conduire. Mais la très récente actualité sur la mise en oeuvre de la réforme, notamment le contrat qui lie l’Etat béninois à Bénin Control,  crée la surprise chez plus d’un. On a en premier les informations relayées faisant état de ce que des sources proches du pouvoir ont annoncé l’ambition du président Boni Yayi de réviser le contrat qui lie l’Etat à Bénin Control. Cela a suscité un tolet au sein de l’opinion. Les différentes réactions sur la question- des personnalités politiques, d’opérateurs économiques, d’acteurs de la société civile- ont milité pour le respect dudit contrat. La semaine dernière, on a appris la transmission de deux correspondances par le ministre en charge de l’économie maritime au Président du conseil d’administration de Bénin Control. Le contenu des deux courriers faisait état de la remise en cause du fonctionnement de Bénin Control. L’opinion avait à ce niveau décrié l’ingérence de la France et des Etats-Unis dans les affaires internes du Bénin. L’auteur des deux lettres a évoqué un audit des contrats entre l’Etat béninois et les privés par ces deux puissances occidentales. Plus récemment encore, On apprend que la douane a repris le control des opérations d’escorte des véhicules d’occasion. Point besoin de faire des spéculations pour déduire que le gouvernement fait marche arrière sur le Pvi-ng. Une réforme qu’il a pourtant dépensé assez d’énergie à faire accepter aux acteurs portuaires et au peuple.

L’histoire en témoigne

On se rappelle toute la bataille menée par le gouvernement pour introduire le Pvi-ng. A l’analyse de la situation actuelle, on se demande à quoi auront servi toutes les ressources intellectuelles, financières, matérielles investies si seulement environ six mois après le début effectif de la réforme, les difficultés rencontrées emmènent l’Etat à faire marche arrière. A quoi auront servi les nombreuses descentes, à grands renforts médiatiques, des membres du gouvernement sur le terrain pour expliquer aux populations à la base les biens fondés du Pvi-ng ? A quoi aura servi cette vaste « campagne de dénigrement »  contre les douaniers, qui a abouti à un bras de fer entre la corporation et le gouvernement? La conséquence a été le vote la loi interdisant le droit de grève aux paramilitaires. A quoi aura servie la prise de cette loi? A quoi auront servi les nombreuses rencontres entre le chef de l’Etat, les membres du gouvernement et tous les acteurs portuaires pour concilier les différentes positions sur la réforme? A quoi aura servi ce spectacle désolant qu’a offert le président de la République en allant lui-même conduire en Janvier dernier l’opération de désengorgement du port ? A quoi auront enfin servi les nombreuses mises en garde de Boni Yayi, pour montrer l’irréversibilité des réformes portuaires, notamment le Pvi-ng. Autant de questions qui se posent aujourd’hui dans l’opinion pour manifester l’étonnement face aux actes posés par le gouvernement sur le Pvi-ng ces dernières semaines.  Le gouvernement a fait un marathon. Mais pour aboutir à une marche à reculons. Pour une réforme reconnue par la grande majorité des acteurs politiques et économiques comme salutaire. C’est surprenant.

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