«Décalez, on verra plus tard!». C’est par cet anathème que le sort d’un débat télévisé contradictoire, initialement programmé sur Golf Télévision, le jeudi 08 mars dernier est reporté au jeudi 15 mars 2012, sans plus avoir lieu.
De sources dignes de foi, la mesure porte la griffe des autorités du ministère des Travaux publics et des transports. Sur place là-bas, on y apprend, à l’appui de la mesure que c’est le défaut de qualité de Georges Anagonou, attaché de cabinet dudit ministère, lequel ne serait «pas à la hauteur de son contradicteur» et collègue, le sieur Jacques Ayadji, syndicaliste du même département ministériel, qui est la raison évoquée par les autorités pour justifier leur interférence. Ce qui s’apparente à un acte de censure.
En «promettant» de décaler la diffusion du débat, on croirait qu’elle serait remise sur l’heure d’antenne hebdomadaire suivante, le temps qu’un débatteur de taille soit trouvé. Mais hélas! Une semaine n’aura pas suffi pour dénicher le contradicteur à même de contenir le syndicaliste Ayadji qui se dit «prêt à tout moment pour mener le débat» sur le thème annoncé aux différents intervenants de l’émission. «Travaux publics au Bénin, zoom sur l’offensive chinoise», c’est le sujet à l’ordre du jour des débats qui n’auront certainement plus jamais lieu, car frappé de la mention «Décalez, on verra!».
Désormais, on comprend que c’est le sort définitif fait à ce débat très attendu par les téléspectateurs locaux. Mais alors, de quoi ont peur les autorités du Ministère des Travaux publics? Pourquoi ne veulent-elles pas du débat sur l’offensive dans le secteur des travaux publics au Bénin? «Il y a certainement des choses à cacher», fait remarquer un agent du ministère. Le refus du débat ainsi imposé peut vouloir dire que les autorités des Travaux publics sont suffisamment conscientes du déséquilibre flagrant du partenariat entre le Bénin et la Chine, en matière de construction d’ouvrages d’art.
Il y a par exemple lieu de dire si oui ou non, l’échangeur de Godomey est effectivement un don du gouvernement chinois à notre pays, ainsi que le suggère la position officielle du gouvernement béninois mais que semble réfuter une opinion contraire qui court désormais les rues. Des réponses auraient pu être aussi données à ceux qui soutiennent que la Chine n’aura apporté qu’environ trois (3) milliards F CFA à la construction de cet échangeur, lequel aurait coûté la bagatelle somme de vingt deux (22) milliards F CFA. Le Bénin a-t-il effectivement participé à hauteur de près de 19 milliards F CFA au financement de ce projet, à raison de onze (11) milliards F CFA sur le budget national et environ huit (8) milliards F CFA sur un prêt sans intérêt de la Chine? Le prêt dit sans intérêt est-il effectivement une duperie comme l’affirme certains? Les entreprises chinoises bénéficient-elles d’une exonération sans contrôle qui leur permet de déverser sur le terrain des matériels/matériaux qu’elles utilisent sur d’autres chantiers y compris des chantiers privés? Beaucoup de questions que se pose le commun des Béninois, contribuable attitré du Trésor public et payeur des projets de développement, attendaient d’être abordées.
On aurait dit que l’entreprise chinoise attributaire du chantier de Godomey-Pahou a été retenue alors qu’elle a présenté un dossier non conforme au dossier d’appel d’offres. Comment cette entreprise exécute-t-elle les travaux de bitumage de la route N’dali-Nikki-Chicandou-frontière du Nigeria? Exécute-t-elle effectivement de grands ouvrages d’art sans garantie décennale en violation des dispositions des cahiers de charges? Cette entreprise est-elle à 37% d’avancement physique pour près de 60% de consommation de délai? Si cela s’avérait, on serait loin de l’idée que les entreprises chinoises sont toujours en avance sur le délai contractuel. Les accords signés avec les Chinois et qui engagent l’État béninois violeraient la Constitution en ses articles 144, 145 et 148 pendant que les entreprises chinoises bénéficieraient de paiements anticipés sans garantie, en violation des textes de loi en vigueur. De quoi étouffer les entreprises nationales, qui risquent à terme, de succomber au dumping ainsi organisé depuis 2006.
Le débat contradictoire jusque-là interdit aurait permis d’élucider toutes ces préoccupations, en tout cas d’en amorcer, à tout le moins, un début d’éclaircissement. Jacques Ayadji que nous avons contacté n’a pas voulu pour le moment se prêter à notre jeu, plein d’espoir qu’il est de pouvoir livrer sa vérité lors de ce face-à-face qu’il considère comme le «débat de sa vie».
Laisser un commentaire