Dorénavant, ce sont les communes qui auront la lourde charge de gérer le secteur de l’enseignement et de la santé au Bénin. L’idée a été agitée lundi à Gogounou par le Président Yayi. Seulement à voir de près, on voit qu’à la place du transfert des compétences revendiqué depuis des années par les communes, c’est plutôt des problèmes que Yayi veut leur transférer.
Voilà encore une idée jetée dans la précipitation, sans aucune étude préalable. Comme toutes les autres, sa seule génitrice est la colère du Chef de l‘Etat. Et comme elles, elle ne semble pas être promise à un bel avenir. Dans le dépit et l’incapacité du Chef de l’Etat à résoudre la crise dans le secteur éducatif, il a fini par lâcher une grande responsabilité. Si aucune victoire ne semble poindre à l’horizon pour les enseignants grévistes, les responsables de nos collectivités locales peuvent eux frotter les mains. Comme le dit un proverbe français, « le malheur des uns fait le bonheur des autres. Seulement ici, ce bonheur n’en est pas si évident. Et pour cause, elles-les communes- viennent d’être rétablies dans une de leurs prérogatives consacrées par l’arsenal juridique qui régit la décentralisation au Bénin. Mais à des nuances près. Selon les textes, seules les communes à statut particulier, au nombre de trois au Bénin qui ont la capacité de gérer l’éducation secondaire. Les autres, de droit commun, ne peuvent exercer leur compétence au niveau de l’enseignement primaire. Et ce n’est pas tout. Les textes de loi ne font pas la distribution des rôles à ce sujet. Comme l’éducation primaire est une exigence constitutionnelle, le gouvernement transfert la compétence plus les moyens pour construire les infrastructures, payer les enseignants, gérer les écoles. Mais l’organisation des examens et la délivrance des diplômes devraient toujours restées dans le giron de l’Etat. La question est de savoir si tout ceci a été bien mûri. Quels moyens l’Etat va-t-il accorder aux communes pour faire face aux revendications récurrentes des enseignants ? Si avec le gouvernement lui même, il y a déjà tous ces problèmes, comment ces petites communes souvent aux gestions approximatives peuvent-elles arriver à gérer ça ? Si rien n’est fait pour mettre un peu d’ordre dans les choses avant le transfert des compétences aux communes, c’est plutôt un transfert de problèmes qui serait ainsi fait.
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