Cheick Modibo Diarra : joker ou messie ?

Cheick  Modibo Diarra. C’est le nouveau  Premier ministre du  Mali. L’Afrique entière connaissait le savant. Cheick Modibo Diarra est un astrophysicien de renom. Il est diplômé des plus prestigieuses universités occidentales. Il a participé à un programme de la NASA, l’agence spatiale américaine. Il fut le premier président de l’Université virtuelle africaine, basée au Kenya, après qu’il eut attaché son nom, comme cofondateur, à l’Université numérique francophone mondiale.

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Le politicien est de fraîche date. Il se serait révélé à l’opinion, à l’occasion de l’élection présidentielle, si un coup d’Etat militaire n’était pas venu changer le cours des choses au Mali. Les ambitions présidentielles de Cheick Modibo Diarra ont culminé avec la création de son parti politique : le Rassemblement pour le développement du Mali.
Cette dénomination est assez indicative des motivations de ce Malien de 60 ans. Le développement est son credo ; la politique, une clé stratégique. C’est la clé d’accès au développement, le moyen d’y prendre pied et de s’y installer ferme. Notons, de ce point de vue,  ses actions sur la scène associative avec la Fondation Pathfinder pour l’éducation et le développement, le micro crédit pour les femmes, la distribution de semences de maïs hybrides aux agriculteurs.

Il faut y voir l’obsession permanente d’un fils de paysans qui a réussi et qui joue désormais dans la cour des grands. Ses origines modestes ne l’ont pas empêché d’arpenter les routes du monde, de fréquenter les plus prestigieux temples du savoir, de conquérir les plus glorieux lauriers et parchemins. Son exemple porte un enseignement : personne ne peut  empêcher le sursaut victorieux d’une Afrique souvent reléguée complaisamment dans les arrière boutiques de l’échec. Pour Cheick Modibo Diarra, le développement c’est la foi. Celle dont doivent s’armer les Maliens, les Africains pour briser le cercle de la nécessité. Le développement, c’est la confiance en soi. Celle que doivent cultiver les jeunes du Mali et d’Afrique. Comme le montre son parcours personnel, rien n’est impossible dès lors qu’on veut, dès lors qu’on sait se battre. Parce que le développement n’a pas une couleur particulière. Il ne choisit jamais arbitrairement ses bénéficiaires.

Belle philosophie du développement, sans nul doute. Tout est de savoir si celle-ci suffira à couronner de succès la mission du nouveau Premier ministre de transition du Mali. Une  mission difficile qui est à conduire dans un contexte particulier. Tout bruit de ce qu’il faudra d’efforts pour que le Mali recouvre son intégrité territoriale et retourne à une vie constitutionnelle normale. A un certain niveau de sa conception, de son élaboration, de sa mise en musique, la politique est un métier. Rien de moins. Amateurs, s’abstenir !
Cheick Modibo Diarra n’a pas été à l’école de la politique, quoiqu’il ne manque pas, par ailleurs, d’atouts. Son coefficient personnel n’est pas à négliger. Son parcours prestigieux, ses multiples positions professionnelles de managers et de conducteurs d’hommes, le prédisposent, l’expérience en sus, à une bonne et sage direction  des êtres  et des choses. Et puis, Cheick Modibo Diarra est un nom au Mali et hors du Mali. Un nom qui pourrait avoir la magie de polariser un camp du succès au Mali, un camp auquel voudraient s’identifier nombre de Maliens. Personne n’aime échouer. Mêmes les cancres rêvent de succès. Le succès que symbolise, de manière vivante et éloquente, Cheick  Modibo Diarra. Un nom qui pourrait également susciter, en faveur du Mali, un puissant courant de sympathie. Le poids du carnet d’adresses de l’homme ainsi que ses réseaux de relations feront le reste.

Mais l’Afrique se doit, cependant, de se méfier du mythe de l’homme fort, de l’homme providentiel, de l’oiseau rare ou du messie dont on n’attend rien d’autre qu’un miracle.  Tous les peuples de la terre écrivent leur histoire à l’encre de leurs larmes et de leur sang. Pour le miracle, revenez demain ! Pas d’exception en la matière. Que le Mali et son nouveau Premier ministre prennent en compte les deux éléments ci-après. 

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Premier élément : ce n’est pas parce que l’on a brillé au pays des Blancs qu’on peut automatiquement réussir tout ce que l’on entreprend au pays des Nègres.
Deuxième élément : ce n’est pas parce qu’on a fréquenté les plus célèbres universités du monde qu’on est apte à servir aux échelons supérieurs d’un Etat africain. En tout cas, ce serait une chance pour le Mali si Cheick Modibo Diarra oubliait au laboratoire le savant qu’il est pour mieux affirmer, dans l’arène politique, la présence du Premier ministre qu’il est devenu. Histoire d’éviter la confusion des genres.

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