Les membres du Conseil d’administration (Ca) de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss), les représentants des employeurs et des syndicats de travailleurs se sont retrouvés ce mercredi 18 avril 2012 pour discuter de la crise entre le Ca et le directeur général. La rencontre, qui a eu pour cadre la salle de conférence d’Azalaï hôtel de la plage, a été suivie d’une séance de médiation gouvernementale tenue au cabinet du premier ministre.
La salle de conférence du tout nouvel Azalaï hôtel de la plage a été pendant plusieurs heures dans l’après midi d’hier, 18 avril 2012, le quartier général de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss). Et pour cause, les membres du Conseil d’administration (Ca) de la structure, les représentants des employeurs et ceux des syndicats de travailleurs s’y sont retrouvés pour une concertation. Principal point abordé : des actes « incriminés » de l’actuel Directeur général (Dg) Auguste Réné Ali Yérima et la crise qu’elle a engendrée entre le Conseil d’administration et lui.
Depuis l’arrivée du Dg à la tête de la caisse l’an dernier, le torchon brûle entre le Ca et lui. La crise a pris l’allure d’un conflit inavoué de prérogatives. Le Dg « accuse le Ca d’empiéter sur ses prérogatives.» Et le Ca «dénonce », lui « l’insubordination du Dg.» Dans cette guéguerre, le Dg est surtout incriminé pour avoir pris en novembre dernier, et ce sans l’avis du Conseil d’administration, la décision de supprimer les Dépôts à terme (Dat) de la structure. Il s’agirait de trois Dat, de 2 milliards chacun et venant respectivement à échéance en 2012, 2013 et 2014. On apprend, en fait que le 18 novembre 2011, il a adressé une lettre au Dg d’Orabank pour lui demander de « mettre fin dans les 72 heures » aux dépôts à terme de la caisse et de virer les montants correspondants dans un compte courant ouvert au nom de celle-ci. Le Dg reproche à son tour au Conseil d’administration une «tendance à accomplir des actes de gestion qui relèvent du domaine de compétence de la Direction générale de la caisse». Le Dg Yérima est qualifié de membre non moins influent de la mouvance présidentielle. Dans ce bras de fer, Il aurait donc eu, pour des raisons d’appartenance à la même famille politique, le soutien de la ministre du Travail, Mêmona Kora Zaki Leadi. En mars dernier, des sources avaient d’ailleurs annoncé l’existence d’un projet de décret présidentiel pour dissoudre le Conseil d’Administration. Conséquence de la crise : plus d’un trimestre après le début de l’année, la caisse ne dispose pas encore de son budget, exercice 2012.
A propos de la rencontre d’hier
Selon des participants à la rencontre d’hier qui ont requis l’anonymat, il «était opportun que les parties concernées par l’existence de la caisse se voient pour discuter de la situation.» Dans son bref discours introductif, le président du Conseil d’administration de la Cnss, et par ailleurs président du Conseil national du patronat (Cnp-Bénin), Sébastien Ajavon explique que « la rencontre de ce jour se situe dans le cadre d’une série de rencontres périodiques.» Officiellement, rien n’a filtré de la séance. Mais selon les informations de coulisses, il a été demandé aux syndicats d’en débattre avec les travailleurs dans leurs organisations respectives en vue d’actions futures « pour barrer la route au directeur général…»
La médiation gouvernementale tard dans la nuit
Des sources, généralement bien renseignées, informent que la crise entre le Dg et le Ca de la Cnss a été à l’ordre du jour d’une autre séance ténue dans la nuit d’hier à la Primature. Cette réunion dite d’apaisement, présidée par le ministre des affaires présidentielles, Kogui N’Douro, a connu la participation des protagonistes, de la ministre du travail, de la directrice du cabinet civil du président de la république. «Après que la parole ait été donnée aux deux camps pour que chacun expose ses griefs, il leur a été demandé de ramener la balle à terre », détaillent nos sources. Elles précisent que le Conseil d’administration devra se concerter pour déterminer la conduite à tenir. De plus, les Dat ont été virés dans leur compte initial à Orabank. On apprend dans le même temps que la rencontre de l’hôtel Azalaï un peu plus tôt dans l’après midi devrait permettre au Conseil d’administration d’expliquer toute la situation à la presse. Mais le gouvernement aurait court-circuité cette intention. D’où, la convocation de cette séance de médiation qui aurait pris fin autour de 00 heures.
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