Fonction Présidentielle au Bénin depuis Avril 2006: Où est le symbole?

Depuis l’avènement de Monsieur Boni Yayi à la tête de l’Etat du Bénin en Avril 2006, tout le symbole de la fonction Présidentielle s’effrite progressivement. Aujourd’hui, la symbolique de cette fonction prestigieuse tend à disparaitre. Dans cet article, mon propos est de vous faire voyager à travers les pratiques, faits et gestes d’un Président qui galvaude la fonction et fait passer notre pays de plus en plus comme une République bananière. 

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En outre, en ce moment ou le débat sur la révision de la Constitution de notre pays occupe le forum, le but de mon article est d’attirer l’attention des Béninoises et Béninois sur le rôle que le Chef de l’Etat joue dans le déclin du Bénin, lui qui prétend faire des réformes pour l’émergence de notre pays.

1. Le populisme comme mode de gouvernance et de conservation du pouvoir

On se souvient d’un Président élu en Avril 2006 sur un agenda du changement et qui a promis faire changer la vie des Béninoises et des Béninois. Parce qu’il n’a eu un programme autre que le slogan du changement par lequel il a berne les béninoises et les béninois, en divorce a l’époque avec la classe politique, il s’est mis en permanence dans la rue. Ses thuriféraires on dit qu’il était proche de son peuple. Certains de ceux la sont aujourd’hui en exil force. Tout y est passe depuis la marche verte contre la corruption à l’issue de laquelle des milliers de conducteurs de taxi moto ont pu visiter le palais de la Présidence jusqu’à la préparation des galettes au bord de la rue chez les bonnes dames. A rappeler aussi, les repas avec les dockers qui sont bien entendu des hommes mais dont la préoccupation est bien loin d’un déjeuner, fut-il avec le Chef de l’Etat, la distribution de billets de banque aux tètes couronnées, les mesures de l’augmentation du capital du programme de microcrédits prises devant les femmes sans aucune préparation et sans consultation préalable avec le Ministre des Finances. Faut-il encore rappeler les dons de dizaines de millions de francs faits aux joueurs de football de l’équipe nationale même si ceux-ci sont n’ont pas atteint une performance qui justifie un tel geste. Dans tous les pays du monde ou un tel acte a été pose, c’est une performance des joueurs en phase finale d’une compétition qui est récompensée. Doit-on aussi rappeler les différentes initiatives consistant a prendre zémidjan pour aller au palais, a rendre visite aux conducteurs de taxi moto a leur base devant la morgue du CNHU. Souvenez-vous également des séances de balayage au marché Dantokpa alors que ce marche dispose d’une Société de Gestion dont la Directrice Générale de l’époque avait tous les pouvoirs pour s’occuper de la propreté du marche. La liste est très longue de ces faits et gestes qui faisaient croire au commun des Béninois que le Président était l’homme du peuple. Mais un Président qui s’occupe réellement des préoccupations de son peuple et des priorités de son pays se promènent-ils ainsi ? Ne se donne-t-il pas les moyens humains d’accomplir sa vision si elle est réellement de s’occuper des préoccupations de son peuple ? Le dernier spectacle est celui du Port Autonome de Cotonou ou le Président a du lui-même travailler pour faire dégager des camions.

On sait aujourd’hui de quoi cela retourne et le KO de Mars 2011 est une illustration parfaite de la volonté de s’accrocher malgré un bilan catastrophique sur tous les plans, bilan qui se détérioré d’ailleurs au grand dam de ceux qui continuent de soutenir le contraire.

2. Un Président sans émoluments salariaux à notre siècle: comble du populisme ou poudre aux yeux?

Les récentes déclarations du Ministre de l’Economie et des Finances selon lesquelles le Chef de l’Etat a renoncé à ses émoluments et autres avantages qui lui reviennent de droit, jettent le discrédit sur la fonction et la manière dont elle est exercée chez nous. Contraste saisissant, le Président Boni Yayi est loin d’avoir la modestie qu’on a connue au Général-Président Mathieu Kérékou pendant qu’il était aux affaires. Qui peut aujourd’hui doigter des réalisations physiques privées de l’homme du 26 Octobre 1972 ? Au jour d’aujourd’hui, il est difficile de lui attribuer des immeubles et autres biens comme on en parle a propos de l’actuel locataire de la Marina. Vraies ou fausses, les publications du blogueur Benoit Illassa sur des appartements que détiendrait le Président Béninois en France et qui ont fait d’ailleurs l’objet de procès en diffamation sont l’illustration de ce que l’attitude face aux biens de l’Etat est sujette à caution dans le système actuel. Mais le Président Kérékou n’avait jamais renoncé à ses traitements salariaux, du moins, cela n’a jamais été dit. Si l’actuel Président l’a fait et s’est rendu propriétaires d’immeubles ou de résidences somptueuses dans certains départements du Bénin, alors cela est curieux. La déclaration du Ministre de l’Economie et des Finances confirmée par un communiqué serait-elle un canular ? Si elle est fondée, elle appelle beaucoup de réflexion sur la fonction présidentielle dont il faut revoir le statut, le profil, les droits et obligations dans notre pays. Et le fait qu’un silence assourdissant a suivi les nombreuses réactions enregistrées sur cette importante question pose le problème de l’indépendance et de l’efficacité de nos Institutions Républicaines. Qu’attend l’Assemblée Nationale pour se saisir de ce dossier et ouvrir une enquête parlementaire sur la question et éclairer la lanterne des béninois ? Devons-nous continuer à être gérés comme dans un village ou le Roi dispose du grenier, en use et abuse des sujets ? Ou sommes-nous dans un Etat moderne ou la règle de droit gouverne le fonctionnement des institutions, quel que soit le niveau auquel elles se trouvent ? C’est une piste de réflexion ouverte pour la révision de la Constitution, au moment où les clameurs se seront tues et où la sérénité sera de mise dans le pays. Ce n’est pas urgent !

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3. Du populisme à l’escalade verbale

L’une des incohérences dans le comportement du Président de la République, c’est son passage brutal a l’escalade verbale, une violence verbale jamais enregistrée depuis l’indépendance de notre pays. L’échantillon est riche et varie des propos du Président de la République qui donnent la chair de poule. On se souvient des déclarations de l’Honorable Rosine Soglo au sein de l’hémicycle, selon lesquelles le Chef de l’Etat aurait menace de mettre le pays a feu et a sang. Une telle déclaration est effroyable, venant d’un Président qui a prêté serment et qui a jure de protéger l’intégrité territoriale et de servir ses concitoyens. Au jour d’aujourd’hui, le Chef de l’Etat n’a jamais donne sa version devant aucune juridiction, alors que l’Honorable Rosine Soglo a cité d’illustres témoins de cette scène inédite. De même aucun démenti formel n’a été apporte aux déclarations de l’Honorable Sacca Lafia a la tête d’une importante délégation de cadres du Nord du Benin a Bassila, déclaration selon laquelle un candidat du Sud s’apprêterait a prendre le pouvoir et va le passer ensuite a d’autres fils du Sud, privant ainsi le nord d’un pouvoir qui leur revient (naturellement?). Ce document qui a circulé en boule sur internet dans sa version sonore, n’a suscite aucune réaction de la part de celui qui parle d’unité nationale comme une incantation. Le Chef de l’Etat, garant de l’Unité Nationale n’a pas daigne rejeter pou démentir de telles affirmations dont l’auteur a bien précisé qu’ils étaient en mission en son nom. Les preuves existent. Encore une fois, aucune institution n’a condamne ces déclarations, ni demande des comptes a leurs auteurs. Un pays bizarre non ?

4. La violence appelle la violence

Dans les fonctions qui sont les siennes aujourd’hui, il est difficile de comprendre pourquoi le Chef de l’Etat fait l’apologie de la violence, Au cours de plusieurs séances de travail ou il avait des catégories socioprofessionnelles de notre pays représentes devant lui, notamment a la salle du peuple, le Chef de l’Etat n’a pas hésité a recourir a la violence verbale contre ses concitoyens. Ce fut le cas lors de la rencontre avec les douaniers retraites qu’il a invites au Palais pour leur demander de se préparer a remplacer leurs anciens collègues grévistes. Parlant précisément de l’opposition qu’il accusait d’instrumentaliser les grévistes, le Chef de l’Etat a indiqué que qui veut la violence aura la violence. S’exprimant ainsi qu’il l’a fait en qualité de Chef de l’Etat, Monsieur Boni Yayi donne l’impression qu’il ne sait pas ce qu’implique la fonction de Président de la République en termes de devoir et de retenue et même de sacrifice. Devoir de retenue, maitrise de soi, réserve contre des propos guerriers sont les exigences non négociables de cette fonction à laquelle n’importe quel citoyen ne peut aspirer s’il n’a pas bien évalué ses propres capacités.

5. Gare a ceux qui osent douter de mon élection

Tout le monde sait comment l’élection présidentielle de Mars 2011 s’est déroulée avec en épilogue, le KO de toutes les frustrations qui a plombé la marche du pays vers le progrès, tenez-vous bien, pour tout le quinquennat. Nul ne peut se vanter d’une telle situation, mais je ne vois pas les choses se présenter autrement pour notre pays. C’est une vérité universelle que bien mal acquis ne profite jamais. Et puis, interdire aux béninois de dire qu’il a été mal élu, c’est vraiment une vaste blague. Car, on peut confisquer le pouvoir par des artifices de toute sorte, mais refuser aux béninois de décrire, de répéter ce qu’ils ont vu et vécu et le rejeter relève d’une violence gratuite exercée contre eux. Personne ne peut effacer de la tête des Béninois, notamment ceux de Porto-Novo, que pour la première fois dans l’histoire de notre démocratie reconnue pour être paisible et qui a déjà connu plusieurs alternances, qu’on a placé des chars sur leur chemin et que des gens ont été traques pour avoir fait le choix de rejeter une parodie d’élection. Pour se donner une légitimé, le Chef de l’Etat déclaré qu’il a été élu par les Béninois, de Godomey jusqu’au nord. N’est-ce pas curieux une telle déclaration ? A-t-on vraiment besoin de rappeler qu’une partie des citoyens ont porté leur voix sur soi pour se faire accepter ? Que devient le pays après ce KO, avec des crises incessantes au cœur desquelles se retrouve l’école ?

6. Le mépris de l’Ecole et de ses usagers

Le Chef de l’Etat du Benin qui a prête serment de servir ses concitoyens a déclaré aux syndicalistes au cours d’une séance en pleine crise marquée par la grève des enseignants qu’il n’est candidat a rien et que les enseignants pouvaient fermer les écoles et blanchir l’année scolaire. On se souvient encore du choc qu’une telle déclaration a fait a Raouf Affagnon, leader de l’Inter-Syndical des enseignants des trois ordres. Quelle valeur peut-on accorder a une telle déclaration, venant d’un Président de la République, premier éducateur et référence incontournable dans la formation civique des citoyens? L’éducation étant le socle du développement de tout pays et l’école le lieu par excellence ou se forgent les ressorts pour l’avenir de tout pays, comment comprendre de telles déclarations ? Le Président connait-il vraiment son rôle dans l’éducation des générations actuelles de notre pays et l’importance de sa fonction dans le dispositif institutionnel de notre pays ? Ne faut-il pas conclure en fin de compte que des structures comme le Conseil National de l’Education sont du même ordre que les autres structures créées pour donner des strapontins a des personnalités et non pour améliorer l’accès des populations au savoir ? On se contente de dire que le Président a beaucoup fait pour les enseignants, comme si la performance d’un système éducatif se mesure a l’aune du niveau de salaires payes aux enseignants. Evidemment c’est cette façon de faire qui cristallise le mépris pour l’école comme pour dire : je vous ai donne assez, donc taisez-vous ! C’est triste que ceux qui nous gouvernent montrent une telle inculture et donnent l’impression que l’argent peut tout faire.

Quelqu’un a-t-il jamais vu le rapport de cette structure avec des propositions concrètes pour faire avancer par exemple le débat sur le maintien ou non de l’approche par compétence ou des Nouveaux Programmes d’Enseignement (NPE) ?

7. Democratie Nescafé

Si ce n’est pas un mépris pour la democratie béninoise chèrement acquise, c’est un aveu d’échec. Pourquoi taxer la democratie de son pays de Nescafé alors qu’on a été élu pour raffermir les bases et le fonctionnement de cette democratie ? Cette attitude n’est pas surprenante de la part du Chef de l’Etat, coutumier des formules maladroites. Souvenons-nous de l’allégorie de la jarre trouée qui a suscite une vague d’indignation de la part des filles et fils du plateau d’Abomey. Un Chef d’Etat qui connait bien son pays devrait savoir que la democratie béninoise accouchée a l’issue de la Conférence Nationale de Février 1990 est le fruit des sacrifices du peuple béninois qui a vécu longtemps sous le joug de la dictature Marxiste, prive de liberté et maintenu dans le flot des idéologies. Taxer cette democratie pour laquelle des citoyens béninois ont perdu la vie relève du mépris pour l’histoire récente de notre pays. C’est la même logique qui commande que l’enseignant syndicaliste Paul Esse Iko doit retourner a Ségbana. De telles blagues sonnent faux et ternissent l’image de notre pays, reconnu comme l’un des pionniers du processus démocratiques en Afrique. Qui amène les institutions de la République a se saborder, perdant du coup leur autonomie ? qui travaille chaque jour pour abêtir les populations au lieu de les tirer vers le haut et vers un mieux etre afin qu’ils puissent mieux participer a la vie politique nationale ? Qui prive l’opposition de participer aux débats contradictoires sur l’ORTB devenu la cellule de communication de la Présidence de la République ? Qui a empêché plus d’un million de citoyens de prendre part aux dernières consultations générales dans notre pays ? Questions a qui de droit.

8. L’image du Bénin à l’extérieur sérieusement écorchée

Contrairement au regain d’intérêt que le Bénin a suscité juste après la Conférence Nationale des Forces vives de Février 1990, des personnes bien averties sur le continent et dans le monde ne reconnaissent plus le Benin sous le régime actuel. Deux raisons majeures parmi tant d’autres expliquent ce phénomène. D’abord, la santé de notre démocratie. Unanimement reconnue comme le laboratoire de la démocratie sur le continent après la chute du mur de Berlin et la vague de démocratisation qui s’est emparée de la plupart des pays, notamment en Afrique de l’Ouest, la démocratie Béninoise a connu un énorme déclin depuis 2006. Si l’on en doute, il suffit de consulter les indicateurs de liberté de la presse et de l’environnement des Affaires. La pression exercée sur les institutions de l’Etat par tous les moyens pour réussir à les assujettir a considérablement terni l’image de notre démocratie et de notre pays. Plus grave, la démarche unilatérale de confection de la LEPI et le contexte de déroulement des élections présidentielle et législative de 2011 ont achevé d’administrer la preuve patente qu’un complot a été ourdi contre la démocratie béninoise dont les fondements ont été secoués avec une violence rare, le KO etant l’illustration la plus patente.

Ensuite, l’image du gouvernant lui-même n’est pas bien perçue à l’extérieur et ce n’est pas exagérer que de le dire. Les différentes déclarations, les faits et gestes des responsables béninois ne font pas honneur au pays et donnent l’impression de brouillon. A titre d’exemple, la double crise actuellement en cours au Mali avec la rébellion touareg et le Coup d’Etat militaire perpétré par des mutins pour déposer le Président Amadou Toumani Touré. La voix du Bénin, Président en exercice de l’Union Africaine, au sein de la CEDEAO a sonné faux. Sinon, comment comprendre que sur Radio France Internationale (RFI), le Chef de l’Etat du Bénin, restituant les décisions de l’organisation sous-régionale indique que les mutins doivent quitter le pouvoir, sinon tous les moyens seront utilisés contre eux, y compris par la force. Une telle déclaration a été mal accueillie dans plusieurs capitales, du Mali (toutes tendances politiques confondues) à la Guinée en passant par la Côte d’Ivoire et le Sénégal ou beaucoup d’intellectuels et des jeunes se sont interroges sur l’opportunité de ces propos. En effet, venant d’un Ministre des Affaires Etrangères, ou d’un Chef d’Etat-Major d’Armées, la chose peut se concevoir. Mais un Chef d’Etat est avant tout un homme de retenu et de responsabilité qui doit travailler pour la paix en toute circonstance. A-t-on jamais mesuré la gravité d’une intervention militaire dans un pays frère ? Quid des populations ? Ce n’est rien de simple pour qu’on en parle en tant que Président d’un autre pays sur une chaine aussi mondialement écoutée que RFI. Notre pays mérite une meilleure représentation dans le concert des Nations et ses interventions devraient susciter admiration et enthousiasme et non rejet et dégout. Nous en avons les moyens et les hommes de qualité. On peut multiplier les exemples. Le tour de passe-passe qui a permis à notre pays de présider l’Union Africaine pour quelques mois, au détriment d’un poste de Président de la Commission de la CEDEAO pour au moins quatre années n’offre guère une meilleure image de notre pays. A la tête de cette Commission, le Bénin aurait marqué de son empreinte, la gestion politique et stratégique de cette organisation et les noms des cadres de notre pays aurait porte plus loin l’étendard du pays dans la sous-région et sur le continent.

Malgré les énormes défis de développement qui continuent de se dresser devant notre peuple, tel un mur massif infranchissable, nos gouvernants ne manquent aucune occasion pour être présents partout, donnant l’impression d’être des abonnés aux conférences alors que leur image et celle du pays ne s’en trouvent guère améliorées. Au moment où des leaders des pays de la sous-région comme le Togo, travaillent méthodiquement pour renouer les fils de la réconciliation nationale, posant ainsi les bases et créant les conditions de la reconstruction de ce pays qui a connu bien sur sa période de dictature, mais qui n’a jamais connu la guerre, le Bénin est préoccupé par sa présence à l’extérieur en même temps que ses dirigeants allument et attisent les crises de tout genre a l’intérieur du pays..

Au Bénin, c’est un chantier analogue à celui du Togo qui attend tout le peuple et ses dirigeants qui font semblant d’ignorer la réalité alors que nous vivons une véritable guerre froide qui ne dit pas son nom, sur fond d’un repli identitaire et d’un régionalisme de plus en plus prononcés. Il suffit d’analyser les nominations qui sont prononcées chaque fois en Conseil des Ministres pour se rendre compte qu’une guerre larvée est livrée aux ressources humaines de qualité, avec en toile de fond, le mépris de l’intelligence humaine. On y reviendra.

9. Les attaques contre la Constitution comme échappatoire

Pour noyer toutes ses insuffisances qui crèvent les yeux, l’échappatoire de la révision précipitée de la Constitution a été trouvée. Le KO ayant dégagé le terrain pour une prétendue refondation, le chemin est libre pour tenter d’entuber le peuple pour se payer sa tête pour les années à venir. Je considère le projet de révision de notre Loi Fondamentale comme une attaque frontale contre le pilier principal de notre démocratie et un viol contre une belle dame qui ne cherche qu’à être respectée et abordée de la manière la plus « tendre et la plus consensuelle ». Toute la démarche qui est mise en route ne ressemble en rien à celle d’un Chef d’Etat préoccupé par l’avenir de son peuple. Elle traduit plutôt la ruse, la précipitation, la suffisance et l’égoïsme d’un certain nombre de personnalités de notre pays qui pensent qu’ils détiennent le titre foncier du Bénin et que tout leur est permis, pourvu qu’elles soient au service de ceux qui sont au pouvoir. Quand un Ministre du Gouvernement déclare sans honte que le Chef de l’Etat veut un débat national sur la révision de la Constitution, il semble ne pas savoir de quoi il parle. Heureusement, ce qui reste de l’élite intellectuelle qui pense au pays, de la partie saine de la société civile et de jour en jour les partis politiques qui sont réveillés de leur sommeil ainsi que d’éminentes personnalités commencent par se dresser contre ce qu’on peut considérer comme l’attaque de trop contre l’édifice démocratique et institutionnel de notre pays. Ils doivent être encouragés et remercies. Hommage doit être également rendu à tous eux qui se sont engagés dans ce combat pour la dignité du peuple, un peuple maintenu dans l’obscurité et qui se nourrit de slogan creux sur la prétendue refondation.

Le peuple Sénégalais a démontré son engagement sans faille pour la sauvegarde de sa démocratie et les valeurs qui fondent la République. A sa suite et dans un sursaut patriotique, le peuple béninois, du moins ceux qui ont reçu l’éducation qu’il faut pour défendre les sans voix, doivent rester debout et vigilants pour barrer la route à une nouvelle imposture. Le Bénin n’est pas encore tombé et ne tombera jamais sous la ruse et la manipulation d’une médiocratie avide de sensations et de pouvoir. Quand le moment viendra, les Béninois feront le débat national sur la Constitution pour l’enrichir et non la violenter. On sait désormais qu’il sera impérieux de réfléchir sur la qualité des hommes qui aspirent à gouverner l’Etat. La fonction présidentielle est si prestigieuse, si exigeante en rigueur, en tolérance, en dignité, si noble et empreinte de grande solennité que la Constitution doit trouver les moyens d’un casting qui avance la cause du pays et des citoyens plutôt que des arrangements visant à utiliser le pays et asservir ses filles et fils.

Les diatribes contre différents corps de l’Etat, enseignants et douaniers, ne sont pas des exemples à suivre….dans un pays qui aspire légitimement au progrès social et à la paix!

Coffi Adandozan
Lille, France.

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