La photographie multimédia, un art pas trop connu au Bénin

Né en 1983 en Côte d’Ivoire de parents originaires du Bénin, Ishola akpo est un artiste vidéaste. Dans cette un interview, le jeune artiste béninois nous amène à la découverte de son art. «La photographie multimédia». Un genre de photographie d’art encore peu connu au Bénin.

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Qu’entend-on par photographe multimédia?

C’est celui là qui se sert des moyens multimédias -ordinateurs, appareil photo, etc.- pour réaliser des œuvres d’art. L’ordinateur représente une toile, le pinceau et une multitude de couleurs dont vous pouvez vous servir. Il vous assiste et vous guide dans vos fantasmes. C’est dommage que la photographie d’art ne soit pas connue au Bénin contrairement à certains pays Africains comme le Congo, le Cameroun… où on compte de nombreux photographes d’art. Dans le cas du Bénin, il sera difficile de compter dix noms. Les quelques noms connus sur le plan international sont Eric Ahounou, Dimitri Fagbohoun, la princesse Tisso. Ma lutte consistera à faire connaitre cet art au Bénin.

Comment êtes-vous devenu artiste photographe multimédia?

Je suis né à un moment où les nouvelles technologies, les ordinateurs, les appareils photos sophistiqués… sont bien en place. Au départ, je n’étais pas trop penché vers les arts multimédias. J’ai fait la vitrerie, les transits et trainé également mes pas dans le domaine du génie civil. Mon sort se balançait entre les choix opposés de mon père et de ma mère. Le premier voudrait que je réalise un de ses rêves, être artisan professionnel et la seconde me destinait au génie civil. Après deux ans d’insuccès en génie civil, sur proposition d’un des cousins à ma mère, j’entrai en formation de graphiste à l’atelier normal Alougbine-Dine en 1999-2000. Là, j’ai côtoyé des gens qui viennent faire des expositions, des gens qui viennent faire des vernissages. C’est ainsi que je suis devenu ce que je suis aujourd’hui.

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La photographie multimédia, que représente-t-elle pour vous?

La photographie multimédia est toute ma vie. Sans quoi je ne saurais existé, je ne peux pas m’empêcher de la pratiquer. C’est un art qui est à cheval sur tous les autres types d’art.

Parlons de vos expositions.

Je n’en ai pas tellement organisé au Bénin. Mais à l’échelle internationale, j’en ai plusieurs à mon actif. J’ai été invité à des expositions collectives, et à des fora où j’étais aux côtés des grands. Les plus récents, une exposition biennale à Port au Prince en Haïti sur les liens cultuelles entre le Bénin et Haïti, le vaudoun, où j’ai présenté une collection sous le thème «bo chio, sauf le Divin». J’ai aussi participé en décembre dernier au Togo à une exposition sur la rencontre des traditions. C’était une exposition collective avec un grand photographe français, Jean-Marie Vieira et avec un photographe et cinéaste togolais Jacques Kokou. Une autre exposition, celle d’octobre 2011 à Paris, précisément dans la ville de Guyancourt. Elle a réuni des participants de 10 pays dont le Bénin, le Cameroun, la côte d’ivoire, la France, le Congo…

Quelles sont vos sources d’inspiration?

En premier lieu, je m’inspire surtout du quotidien, de tout ce qui se passe autour de moi. Je suis un grand observateur attentif et sensible à tout ce qui se passe dans mon environnement. L’environnement est riche en inspiration pour tout artiste quel qu’il soit. Et par la suite je jette un regard sur ce qui se passe ailleurs, à l’étranger.

Parlez nous des thèmes que vous abordez dans vos œuvres d’art?

J’aborde les faits, les problèmes, les plaies de la société et les richesses culturelles et cultuelles d’Afrique.

Votre dernière réalisation

Ma dernière réalisation, je l’ai nommée «les redresseurs». C’est en fait le phénomène social des agresseurs qui arrachent à des gens leurs motos ou autres biens. J’ai réussi à m’introduire dans leur univers afin de photographier et filmer une de leurs séances de préparation physique. «Les redresseurs», c’est aussi, à un niveau plus élevé, des autorités qui usent de leurs pouvoirs pour imposer à des postes donnés, leurs parentés au lieu des plus méritants.

Avez-vous une idole dans votre carrière?

J’admire les œuvres d’autres artistes, mais je n’ai pas d’idole. Je veux rester moi-même, Ishola Akpo, laisser mes propres traces sans être influencé par la technique ou l’idéologie d’un autre artiste quel qu’il soit. Dire qu’on a une idole, c’est se donner des limites. Je ne veux pas avoir de limites dans mes œuvres

Des projets, en avez-vous?

Oui j’en ai. A la fin de mes activités sur les redresseurs, je compte me pencher sur la prolifération des religions au Bénin et en Afrique. Je réfléchis aussi par rapport aux activités des travailleurs du granite, et aussi sur la forge, qui dit-on est une activité réservée à des familles au Bénin. Mais le premier est prioritaire. Les quartiers, les coins et recoins sont peuplés d’églises et il y a lieu de s’intéresser à ce phénomène social. Je me prépare déjà à commencer la fréquentation de ces différentes religions pour réussir mon travail. Le plus pressant c’est de faire circuler «les redresseurs» qui est déjà dans les galeries en France. La vidéo est à cet effet, en compétition dans un festival à Lyon. Il fera également l’objet d’une exposition au Bénin.

Réalisée par Olivier Ribouis

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