(Elles déclarent s’en prendre désormais aux producteurs pour payer à la place de l’Etat) Mardi passé, lors de son conseil des ministres, le gouvernement a relevé de ses fonctions le Directeur général du Trésor public. Par cette décision, le gouvernement a ainsi payé en monnaie de singe l’homme qui a remboursé 12 milliards F Cfa à la Cspr (Centrale de sécurisation des paiements et des recouvrements) et à l’Aic (l’Association interprofessionnelle de coton) sur un prêt contracté auprès de la Banque Of Africa (Boa). Vingt quatre heures plus tard, les deux structures montent au créneau et dénoncent une intoxication du gouvernement qui remet ainsi en cause la décision qu’il a lui-même prise de subventionner les intrants de coton. C’était hier au Novotel Orisha de Cotonou.
La filière coton au Bénin est dans les limbes. Alors que la campagne cotonnière semble hypothéquée, faute d’intrants, une nouvelle polémique vient gâter les choses. Elle est alimentée par le gouvernement qui, lors de son dernier conseil des ministres a relevé de ses fonctions le Dg du Trésor public, Alexis Houéha, pour «légèreté dans la gestion des fonds publics».
En fait, il lui a est reproché le fait de payer 12 milliards de F Cfa au profit de la Cspr et l’opérateur Talon, en contrepartie d’un prêt contracté auprès de la Boa pour le compte du Trésor public, sans l’autorisation du conseil des ministres. Cette décision a fait sortir l’Aic et la Centrale de sécurisation des paiements et des recouvrements du mutisme qu’elles entretenaient jusque-là. Hier, Narcisse Djègui, Victor Djikpessé, Bruno Roger Lokossou et Etienne Ayéni ont tour à tour expliqué l’organisation de la filière et ont montré la mauvaise foi du gouvernement. Selon Victor Djikpessé, l’argent querellé est le montant de la subvention que le gouvernement a promis d’accorder aux producteurs du coton. Il est le produit de la subvention accordée sur un kilogramme d’intrants de coton par la quantité utilisée pour couvrir l’ensemble des superficies emblavées.
Lors de la dernière élection présidentielle, le gouvernement, dans un souci de contenter tous les corps constitués de la nation, a promis de subventionner les intrants de coton à hauteur de 220 F Cfa contre les 280 F Cfa qu’ils devaient payer normalement. Lors de son conseil des ministres du 29 janvier 2011, le gouvernement, dans sa communication N° 91 a reconnu qu’il doit ces subventions. Dans cette communication, il reconnaît aussi la subvention des intrants accordée aux vivriers. D’ailleurs, il a déjà payé les 5 millions d’intrants de vivriers. C’est pour rester en odeur de sainteté avec les producteurs que la Cspr a négocié auprès de la Boa afin que cette dernière lui accorde un prêt, quitte à ce que l’Etat le rembourser. C’est d’ailleurs la pratique en la matière. C’est ce qu’a fait encore le Cspr, bras armé de l’Aic. Mais à l’heure du paiement, en décembre 2011, le gouvernement ne réagit pas. Ce que le Dg du Trésor public a fini par faire, en versant l’argent à la Cspr. Mais contre toute attente, le gouvernement s’en prend au cadre qui décide de mettre en œuvre la décision qu’elle-même a prise. «Il s’agit d’un non respect de l’engagement pris», se désole Mr Narcisse Djègui, secrétaire permanent de l’Aic. «On va se retourner contre les producteurs pour qu’ils paient le juste prix de ce qu’ils ont consommé», fulmine Mr Ayéni. Ils invitent le gouvernement à respecter les textes de la République quant à l’accord-cadre qui fait de l’Aic l’interlocuteur unique du gouvernement dans la gestion de ce dossier.
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