Siafato, enfin ?

Le temps a fini par faire son œuvre. Depuis le samedi dernier, le projet de protection des côtes à l’est de Cotonou plus connu sous le nom de l’épi de Siafato a été officiellement lancé. C’est le Chef de l’Etat, le président Boni Yayi qui a lancé officiellement les travaux à Akpakpa Donatin en présence du maire de Cotonou Lehady Soglo et du ministre de l’environnement Blaise Ahanhanzo Glèlè.

 Symbole  de la déception populaire contre une politique-spectacle qui a pendant tout un quinquennat utilisé la misère des populations côtières dont les maisons étaient engloutis une à une par la furie érosive de la mer, Akpakpa Dodomè semble retrouver un brin d’espoir. Les populations, désormais habituées aux kermesses du gouvernement qui organisait ce samedi là la troisième cérémonie marquant le démarrage des travaux de construction des épis, sont venues une fois pour voir si le gouvernement va tenir enfin parole après des années de promesses non tenues. La part de scepticisme a fini par inhiber leur joie face à un projet fait pour les sauver des affres d’une mer qui les a ruinées. Depuis des années, leurs souffrances ne se sont pas arrêtées et ceci malgré la prise d’une ordonnance pour mettre en exécution ce projet contre lequel les députés de l’opposition ont voté. On était en 2008. Boni Yayi a pris cette ordonnance. Quelques jours après, des marches de soutien essaimaient les rues. Les marcheurs voulaient, disaient-ils, témoigner leur gratitude au Chef de l’Etat qui a pris cette ordonnance pour sauver les habitations et les vies des milliers de béninois qui assistent impuissants à la disparition de leurs maisons dans la mer. Les députés de l’opposition d’alors qui avaient voté contre ce projet étaient taxés de bloquer les intérêts du peuple qu’ils représentent. Une haute trahison, disait-on. On épiloguait aussi sur les milliards mobilisés et qui devraient partir si on votait contre le projet. 35 milliards. Le 26 février 2008, le Chef de l’Etat est venu sur les lieux pour poser la première pierre. Mais depuis, silence radio. Commence à nouveau une longue nuit de désespoir pour ces populations qui croyaient être sauvées avec cette ordonnance du « docteur ». Mais hélas. 2009, 2010, 2011 passèrent sans que rien n’ait changé. Leurs maisons sont toujours laissées à la merci des vagues et des écumes de l’océan. L’épi de Siafato ne venait toujours pas. Les populations ont fini par comprendre que rien n’était prêt et qu’on a voulu utiliser leur misère pour se taper quelques miliards. C’est finalement à l’atelier de Décembre 2011 que l’espoir renaît. Les bailleurs de fond reviennent à la table de négociation et mettent encore la main à la poche. 40 milliards sont ainsi mobilisés pour le démarrage effectif du projet. Enfin l’épi de Siafato et là, quatre ans après. La promesse est tenue mais  l’exemple méritait de figurer dans le Guinness des records de la gouvernance approximative et de la précipitation.