Un compte bancaire du Bénin gelé en Belgique

(Près de 100 millions de F CFA de dette par découvert bancaire) Des complications passagères –déjà résorbées- de paiement de la scolarité d’enfants de diplomates du Bénin en poste à Bruxelles font apparaitre des effets nuisibles sur les finances publiques de l’État, d’un compte bancaire depuis peu en difficulté.

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Courant Mai 2011, sur les instructions de la Direction des Bourses, Secours scolaires et universitaires (DBSU) et à la demande du ministère béninois des affaires étrangères au profit d’enfants de diplomates, étudiants boursiers en formation en Belgique, le Trésor public du Bénin effectue, au titre de leur bourse de 2010-2011, un virement en direction de leur ambassade à Bruxelles. Montant de l’opération: 8.686, 51 Euro soit 5.698.350,56 F CFA. La transaction normalement effectuée, les fonds tombent dans un compte en sursis et sont siphonnés. En réalité, le compte N°310-0226379-67 domicilié à la banque belge ING-BBL n’était plus mouvementé, depuis un moment, à en croire une correspondance au secrétaire général du ministère à Cotonou, de son excellence Charles Borromée Todjinou, l’actuel ambassadeur du Bénin au Benelux. Ce dernier écrit que ce compte «a été isolé et abandonné sur les instructions du Département, du fait de la dette historique de l’ambassade envers cette banque». Brandissant comme preuve pour se faire comprendre, il fait noter que «pour l’année académique 2009-2010, ladite bourse avait été bel et bien virée sur le nouveau compte de l’ambassade communiqué au Département et qui est ouvert dans les livres de la banque BNP-Paribas-Fortis N° 0016004570-55 – BIC: GEBABEBB», avant de poursuivre en précisant que «Ladite dette avec les intérêts cumulés s’élevaient à la somme de 140.809,83 euros avant de recevoir le virement de la bourse des étudiants… d’un montant 8.686,51 euros».

Découvert consécutif aux factures impayées

Ainsi, à la date du 13 Mai 2011, moment du virement raté, l’ambassade du Bénin à Bruxelles entretient une dette d’un montant de 91.371.248,48 F CFA vis-à-vis de la banque belge. De sorte que tout virement de fonds opéré au bénéfice et dans le compte en cause est synonyme de remboursement direct même si le montant de l’opération est destiné à d’autres fins. La banque belge désormais aux aguets, ne laisse plus aucune chance à son client d’y effectuer des retraits. Finalement, pour régler la question de la scolarité des «étudiants béninois malchanceux», Charles Todjinou reçoit pour instruction du secrétaire général du ministère, M. Pamphile Goutondji, son supérieur hiérarchique, d’envisager «La solution alternative qui s’offre pour l’instant, à défaut d’éponger les dettes de votre poste envers la Banque ING-BBL de Bruxelles, [Ndla: laquelle] est d’examiner la possibilité de faire payer les étudiants susnommés sur vos recettes consulaires et de me faire parvenir les pièces justificatives».

Ce faisant, le citoyen béninois admettrait difficilement qu’on ait pu permettre de faire chuter des fonds à destination d’objectifs et besoins bien précis, dans un compte dont la situation de gel et d’isolement est devenue légendaire. Donc, connu de tous au ministère des Affaires étrangères. Comme semble l’attester un extrait du procès-verbal de passation de service entre Mrs Richard Sounou, chef de chancellerie sortant et Thomas d’Aquin Ahohuendo, chef de chancellerie ad intérim entrant à l’ambassade du Bénin à Bruxelles, le 13 janvier 2006. Dans ce document dont nous avons pu avoir copie, il est indiqué que: « Depuis plusieurs années, le compte de fonctionnement est mouvementé au découvert bancaire. Le Département n’a pas encore résorbé le montant du découvert consécutif aux factures impayées en dépassement des crédits ouvert au titre des années 1998 à ce jour. Par lettre n°127/ABB/02/CM/MC/AFA du 07 février 2002 le point du découvert a été fait au MAEIA. La remise à niveau du compte de fonctionnement est toujours attendue». Et le procès-verbal d’«attirer l’attention du chef de chancellerie entrant sur le montant au-delà duquel aucune opération de dépenses ne pourra être exécutée à la banque ING», ce montant étant de «123.946,76 EUROS, plafond de disponibilité maximum de découvert accordé par ING».

Pourtant dans une réponse datée du 04 août 2011, à l’ambassadeur sur l’attitude à tenir face à la situation du compte et de la bourse des étudiants visés, Pamphile Goutondji fait remarquer et continue de soutenir qu’«il ressort que la Direction des Bourses et Secours Universitaires na, à aucun moment, été officiellement informée de la fermeture du compte sur lequel elle a eu à effectuer le transfert des .fonds destinés au paiement des allocations au profit des quatre étudiants bénéficiaires de bourses».

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A la lumière de tout ce qui précède et, de quel que côté que puisse se pencher le poids de la responsabilité d’une telle mauvaise gestion caractérisée, on devrait être d’accord pour reconnaitre qu’il y a eu et qu’il y a encore jusque-là, de part et d’autre, ici à Cotonou comme là-bas à Bruxelles et, depuis si bien longtemps, un laxisme entretenu autour de ce fameux compte bancaire. Tous les ambassadeurs qui ont eu à le manipuler y ont contribué et l’état dans lequel il se trouve continue d’occasionner pour le budget général de l’Etat du Bénin des manques à gagner qui s’accumulent. Du simple fait des agios qu’il produits chaque jour qui passe et dont le remboursement est à la charge du contribuable qui vit avec moins d’un dollar (450 F CFA) par jour.

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