Yayi, Nago ou Béninois ?

Les images reflétées avant-hier et hier par la télévision nationale montrent un fois encore le peu de considération qu’on accorde ici à la notion d’Etat, à la grandeur républicaine et à la fierté nationale. On y voit le Chef de l’Etat, qui en marge du festival « Odjiré Ekaro », des cultures Yoruba et Nago,  affirme son attachement à la culture Nago. Le Chef de l’Etat ne s’arrêtera pas là. On le voit aussi en audience avec le roi d’Ilé Ifè, bourgade de l’Etat d’Oyo au Nigéria reconnu comme le berceau des Yoruba et Nago. Il proclame urbi et orbi son allégeance à cet immense souverain qui, dit-il, « n’est pas n’importe qui » et qui est, dépositaire du riche patrimoine culturel de ces peuples répandus aujourd’hui au Nigéria, au Bénin et au Togo.

Publicité

 Il en fait dorénavant le maître spirituel et lui demande de l’aider pour consolider les relations fraternelles entre le Bénin et le Nigéria. Rien de mal à ce qu’un citoyen admire ses origines, voue grande admiration à sa culture. Seulement, la casquette de « président de la république » que porte depuis 2006 le président Boni Yayi devrait l’amener à avoir un peu de retenue quand il s’agit d’exhiber sa fierté ethnique. En 2008 déjà, il avait fait un voyage à Ilé Ifè au Nigéria pour affirmer et reconnaître ses origines nigérianes. Cela heurte la fierté nationale. Imaginez le président Nicolas Sarkozy, rentrer en Hongrie le pays de son père pour reconnaître ses origines hongroises et sa fierté juive. Imaginez Barack Obama aller au Kenya pour faire allégeance au roi des Luo, l’ethnie de son père. Imaginez le aussi faire venir ce dernier au pays de l’oncle Sam et proclamer la grande richesse culturelle des peuples Luo. Ils ne le feront jamais, de peur de frustrer les américains et les français qui ne digéreront pas de voir des « étrangers » à la tête de leurs pays. Ayant évolué dans des institutions, des structures et des partis politiques où ils ont appris à appréhender à juste titre la notion de Chef de l’Etat, garant de l’intégrité du territoire, du respect de la constitution et de l’unité nationale. Oui, l’unité nationale devrait être une quête éternelle pour la cwonsolidation de notre république. Et ça, le président Kérékou l’avait si bien compris qu’il n’a jamais brandi sa culture Wama et rechercher ses origines au nord Togo. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité