Au nom de la liberté de la presse

Elle revient chaque année. La Journée internationale de la liberté de la presse, c’est, aujourd’hui, jeudi 3 mai 2012. Le Bénin, notre pays, à l’instar de tous les pays démocratiques du monde, s’incline, en manière d’hommage respectueux, devant une valeur cardinale, la liberté. Une valeur transversale aussi. Parce que la liberté est au cœur de toutes les entités, groupes et catégories  d’une société.  

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La liberté est vitale. Elle nous est aussi précieuse que l’air que nous respirons. Elle nous est aussi essentielle que l’eau que nous buvons.
Le créneau qu’occupent les médias, tous les 3 mai, à travers la journée internationale de la liberté de la presse, doit être saisi et compris comme un carré d’hommage. Hommage à ceux et à celles qui engagent leur liberté, au prix de leur vie, pour informer les autres. Hommage à ceux et à celles qui illustrent et honorent, chaque jour, par l’exemple, la vérité selon laquelle la liberté est et doit rester le bon terreau sur lequel pousse et prospère une bonne presse.

Rappelons-nous, dans l’Evangile, la parabole des talents, du nom de cette monnaie de l’antiquité. Le maître, de retour d’un long voyage, s’enquit auprès de ses  serviteurs de l’état de gestion de ses biens. « Qu’avez-vous fait, leur demanda-t-il, des talents que je vous ai confiés ? ». Même interpellation à l’adresse de tous les animateurs de la presse nationale, gestionnaires et comptables du quatrième pouvoir.   « Qu’avez fait et que faites-vous de votre liberté d’expression, de votre liberté d’initiative et d’action ? ».  

La liberté de publier une centaine de titres de quotidiens, dans un pays analphabète à 70%, avec un marché publicitaire très étroit. Un marché non régulé. Autant le dire : un grand bazar ouvert à tous les abus, une vraie foire d’empoigne. Nous entendons, d’ici, la mise en garde de notre vieux professeur : « Ne confondez jamais, disait-il, liberté et licence ». Comme il avait raison. La liberté, selon Montesquieu, c’est le droit de faire tout ce que les lois permettent. La licence, par contre, est synonyme de désordre, d’anarchie, toutes choses qu’entraîne l’absence de contraintes et de règles. 
La liberté d’ouvrir le métier au tout venant. La cour des miracles ou la cour du roi Pétaud. Voilà le mammouth que nous avons tout le mal du monde à dégraisser et à moraliser : manque de professionnalisme, comportements déviants, bal masqué des maîtres chanteurs, des francs-tireurs embusqués, frères jumeaux des coupeurs de routes. Vous avez dit « Code  de déontologie et d’éthique de la presse béninoise » ? Il en existe un. Sauriez-vous où le trouver ?
La liberté de confondre information et communication, médias de service public et médias d’Etat, journaliste et marchand de tout et de rien. Trouvez la frontière entre l’argent de la publicité qui récompense l’effort de faire connaître un produit et d’inciter à l’acquérir  et le salaire de l’information qui rétribue l’effort d’élaboration, dans les règles de l’art,  d’une nourriture  destinée  à faire savoir et à faire comprendre.
La liberté de pousser la presse à épouser les querelles qui ne pas les siennes. Avec le risque de la voir emportée, corps et biens, par les vagues d’une politisation à outrance. Celle-ci déforme, vicie et défigure tout. La presse sert de prétexte pour animer une campagne électorale permanente qui ne dit pas son nom. La presse sert de paravent pour masquer des pratiques les plus ignobles et les plus contestables. La presse s’invite à la table du diable, armée de la cuillère  appropriée pour un dîner royal et en tête à tête.
Revenons à notre question de départ : hommes et femmes de médias béninois, qu’avez-vous fait et que faites-vous de votre liberté d’expression, d’initiative et d’action ? Question majeure. Elle devrait dominer cette journée du jeudi 3 mai 2012. Nos réponses seraient ainsi la part contributive de chacun de nous pour remettre la presse à la place qui n’aurait dû jamais cesser d’être la sienne dans la construction de notre pays.
Un proverbe de la Côte d’Ivoire nous enseigne ceci (Citation) : « La biche qui ne suit pas sa mère finit toujours en peau de tambour ». (Fin de citation). Nous y ajoutons que la presse qui triche avec la liberté, en s’éloignant des exigences professionnelles, morales et éthiques, finit par être le dindon de la farce. Expression qui signifie : être la victime, la dupe dans une affaire. Vive, malgré tout, la liberté.

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