Revoilà Benoit XVI avec ses petites histoires. A peine le temps a fini de nous faire oublier le tollé suscité par le discours de Ratisbonne qu’un autre scandale ébranle le pontificat du pape allemand.
Si dans le premier cas c’est le discours- jugé trop acerbe contre l’islam- du souverain pontife qui gène, ici c’est son entourage qui est au cœur de la polémique. En vedette, son majordome, un laïc qui l’assiste dans ses missions apostoliques mais aussi et surtout dans sa vie privée. Profitant de sa connaissance des méandres vaticanes, il est arrivé à soutirer quelques documents confidentiels de la curie romaine avant de les balancer à la presse. Soupçonné, accusé et arrêté, il est embastillé et attend un jugement du tribunal du Vatican. Selon les spécialistes du Vatican, il pourrait écoper de plusieurs années de prison. Mais si l’acte de ce proche du pape est répréhensible et condamnable, le contenu des documents amène à relativiser la faute du majordome. Elle livre à la face du monde les dessous ignobles et pourris d’une église, deux fois millénaires, qui s’est affirmée au fil des ans comme une référence dans la propagation de l’évangile, de la foi chrétienne et dans l’émancipation spirituelle des millions de personnes. En deux millénaires, l’église fondée par St Pierre a montré un exemple inouï de l’organisation parfaitement réussie d’une congrégation religieuse. Jamais elle n’a été ébranlée par une crise. Même aux vieux temps des croisades, l’église a fait amende honorable. Jamais on ne pouvait imaginer que sous les rituels policés d’ecclésiastes aux airs sérieux, sous les liturgies fortement marquées de piété, sous ses soutanes immaculées et religieusement taillées, il y avait bien la place pour les coups bas, le népotisme, la corruption tels que relevés dans les documents confidentiels volés par le majordome. Selon plusieurs spécialistes du Vatican, l’accusé serait manipulé par des dignitaires de la curie qui luttent déjà pour la succession du pape âgé de 86 ans et de plus en plus fatigué. Ce scandale de vol de documents confidentiels n’est donc que le premier épisode de cette guerre de succession déclenchée de bonne heure par des clans soutenant des cardinaux candidats à la papauté. Comme dans les arcanes du pouvoir d’Etat, nos prélats sont affichent un grand penchant pour la conquête du pouvoir, pour la recherche de la gloire et des honneurs. Toute chose qui heurte forcement la foi du chrétien catholique lambda à qui les hommes en soutane ont enseigné pendant des lustres le dédain pour le matériel et les honneurs, toutes ces vanités du monde citées allègrement dans les péchés capitaux et ressassés par les catéchumènes à longueur de journée.
En sept de pontificat, l’image du pape, le personnage le plus influent du monde, aura été écornée trois fois. Après le discours de Ratisbonne où il a été taxé par des millions de musulmans comme un pape qui prône l’anti-islamisme, il y a eu l’éclatement des scandales de pédophile dans lesquels l’église mais aussi le pape a été accusés. Un laïc a même eu le culot d’ester le pape en justice pour avoir protégé un prête pratiquant la pédophilie alors qu’il était évêque de Munich. Enfin, il a eu le scandale de la fuite des documents confidentiels du Vatican. Tout cela au temps du pape Benoit XVI, énorme théologien, affable et austère souverain pontife très attaché à la foi. Et c’est là tout le paradoxe. Est-ce la malédiction du nom? Le pape Benoît XV, son idole avait connu lui aussi un problème similaire au cours de son pontificat. L’église, elle, perd petit à petit son superbe et ne compte plus dans la tête de maints fidèles comme une référence. Le dernier rempart contre la crise de l’immoralité que connaît le monde n’est-il pas en train de tomber?
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