Débuté depuis le 4 Juin 2007, le procès de Charles Taylor a connu son épilogue hier. Après analyse des différentes preuves présentées par l’accusation contre lui, la Cour pénale internationale (Cpi) a déclaré l’ancien président libérien coupable et l’a condamné à 50 ans de prison ferme hier.
Cinq Crimes contre l’humanité, cinq crimes de guerre, manquement au droit international, au total, l’ancien président libérien, Charles GhankayTaylor croupit sous onze chefs – d’accusation et est désormais fixé sur son sort. Après l’appel de la défense qui fait suite au procès du 25 avril dernier au cours duquel Charles Taylor écopait de 80 ans de prison, la Cour pénale internationale (Cpi) a rendu son verdict hier. En prenant en compte certains paramètres, la Cpi condamne l’ancienne figure centrale des guerres civiles qui ont ravagé le Liberia et la Sierra Leone entre 1989 et 2003 à 50 ans de prison ferme.C’est sous la présidence de Richard Lussick, président de la deuxième Chambre du Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) délocalisée de Freetown à La Haye dans les bâtiments de la Cour pénale internationale (CPI)que le procès s’est déroulé. Le verdict final a été rendu par la chambre de première instance du même tribunal. En effet, il est précisément reproché à Taylor qui dirigeait au moment des faits, le Front national patriotique du Liberia (National Patriotic Front of Liberia, NPFL), d’avoir occasionné la guerre civile dans un pays voisin, la Sierra Leone. Cela, pour avoir parrainé le Front révolutionnaire uni (RUF) sierra-léonais de Foday Sankoh et le Conseil des forces armées révolutionnaires (AFRC), deux mouvements rebelles qui ont fait preuve d’une violence inouïe. À ce titre,Il est selon l’accusation, la pièce maitresse des carnages qui ont fait près de 400 000 morts entre 1989 et 2003 en SierraLeone. Le conflit a été largement financé par le trafic des «diamants du sang» («Blood diamonds»). Arrêté le 29 mars 2006 au Nigéria et extradé à la Sierra Leone pour être transféré le 07 avril 2006 à Haye pour des raisons de sécurité et sur autorisation de l’Onu, Charles Taylor entre dans l’histoire pour comme le premier président jugé par la Cpi. Par ailleurs, sa sentence sonne comme un avertissement aux autres tyrans du continent Africain.
50 ans de prison ferme pour Taylor, un avertissement aux Tyrans africains
Le verdict rendu par la Cour pénale internationale hier à l’égard de Charles Taylor, l’ancien président libérien doit donner de l’insomnie aux dirigeants africains. Cette peine de 50 ans de prison pour un homme qui a 64 ans, peut paraître à première vue trop sévère.Autant parler de perpétuité. Mais en revisitant le passé, on se rend compte que justice a été faite.La liste des crimes est longue : le phénomène de «manche courte ou manche longue» qui consistait à couper les bras, les pieds aux populations, les viols, les crimes crapuleux, «les diamants du sang» orchestré sans être inquiété par cet ancien tyran sans oublier le nombre d’enfants enrôlés et drogués dans le carnage sierra léonais de 1989 et 2003. Tout cela est encore vivace dans les mémoires. Les nombreux morts au cours de cette période ne reviendront pas à la vie et les nombreux handicapés encore vivants ne peuvent que se réjouir sans pour autant retrouver leurs membres coupés. Le jugement du méchant n’est pas une affaire de couleur. Le débat selon lequel la cour pénale internationale est créée que pour juger les chefs d’Etats Africains est dépassé. Cette sentence sonne alors comme un avertissement aux tyrans africains et pour quoi pas ceux du monde. Les regards sont désormais tournés vers l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo le soudanais Omar el-Béchir et les autres non encore épinglés.
Camille A.Segnigbindé
Un arrière goût d’inachevé
Le procès Charles Taylor nous laisse sur notre faim. On épiloguera pendant longtemps sur le verdict. Il y a quelque chose de pathétique dans le plaidoyer final de l’accusé, lorsqu’il a évoqué son âge et sa nombreuse progéniture. A 64 ans en effet, Charles Gankay Taylor n’est plus tout à fait jeune et la Cpi aurait pu tenir compte de cela pour le condamner à une peine moins lourde. Car, condamner un vieillard de 64 ans à 10 ou 20 ans, lui donne quand même un espoir de retrouver les siens et d’espérer jouir des plaisirs de la vie. Charles Taylor est un épicurien qui connaît les délices de la vie humaine .Aussi la condamnation à 50 ans de peine privative de liberté équivaut-elle à la mort pour un bon vivant comme Taylor .Qui s’en plaindra en dehors de lui-même et de sa famille ?Encore que les nombreux biens amassés tout au long du mandat de leur parent, leur donnent largement de quoi vivre jusqu’à la fin de leur jour. Restent les victimes des nombreuses tueries et surtout les survivants mutilés à jamais suivant les deux types de sections du bras (manches courtes quand le bras est sectionné à moitié et manches longues entièrement). On a de la peine à croire que ces crimes qui égalent en horreur ceux des camps nazis de la 2ème guerre mondiale ont eu lieu sous nos yeux au 20ème siècle.
Cependant, le procès de Charles Taylor laisse un arrière goût d’inachevé pour deux raisons. D’abord, les crimes pour lesquels Charles Taylor a été condamné ont eu lieu en Sierra Léone. Pas au Libéria qu’il dirigeait pourtant d’une main de fer. On n’a pas vu les bourreaux présumés que sont les leaders du Ruf dont le sinistre Foday Sankoh tous sierra léonais et les autres dirigeants que Taylor était censé avoir manipulés …. pour une poignée de diamants .Ils sont tous décédés ou assassinés. L’autre raison qui fait que le procès laisse un arrière goût d’inachevé est le silence maintenu sur les crimes de Charles Taylor commis au Libéria en tant que président du Libéria. Il paraît tout de même curieux que la gouvernance de Taylor dans son propre pays le Libéria n’ait pas été mise en parallèle avec ses crimes en Sierra Léone. Est-il possible qu’il ait commis tous ces crimes dans un pays étranger même frontalier, sans en avoir commis d’aussi horribles dans le Libéria qu’il dirigeait? Vivement un tribunal spécial sur le Libéria depuis la prise du pouvoir par le master sergent Samuel Doe jusqu’au pouvoir actuel de Madame Johnson Sirleaf, en passant par les turpitudes d’un certain Prince Johnson aujourd’hui honorable membre du parlement libérien!
Vincent FOLY
Laisser un commentaire